« Mademoiselle Théodokis, je vous pris d'arrêter de courir dans tous les sens, il est tant de prendre votre leçon d'histoire. Ne voulez-vous pas devenir une dame distinguée comme votre mère ou un grand médecin comme votre père ? » Dit la gouvernante. Heléna était âgée à cette époque de tout juste neuf ans. Elle vivait dans une magnifique maison, une maison qui était dans la famille depuis des siècles et qui serait certainement la sienne plus tard. La petite fille avait toujours aimé vivre ici, elle ne se voyait pas vivre ailleurs et ne pouvait envisager de l'abandonner. Elle était née dans cette maison, un vingt-cinq décembre tellement froid et rude, que sa mère n'avait pu se déplacer jusqu'à l'hôpital et avait dû accoucher chez elle, aidé par des domestiques. De ce fait, Heléna n'avait jamais quitté cette maison bien longtemps.
« Je tiens à vous rappeler Madame Hawkins qui je fais ce que je veux chez moi. » lui répondit la petite fille avec une moue boudeuse. Madame Hawkins était la nourrice de Heléna depuis toujours et elles avaient toutes les deux une grande complicité. Bien évidemment, Madame Hawkins ne remplaçait pas sa mère mais elle était beaucoup plus présence que cette dernière. Madame Théodokis était un médecin comme son mari, de renommée mondiale et de ce fait, elle était rarement à la maison et revenait tard le soir. Mais Heléna n'a jamais souffert de cela, pour elle, c'était tout à fait normal que sa mère ne soit pas là et que Madame Hawkins s'occupe d'elle. Et puis, elle n'était pas seule, elle avait ses frères et soeurs. Elle en avait six pour être exacte ce qui lui permet de ne pas être seule
« Heléna, vous n'avez en aucun droit le droit d'être isolante envers moi. » La petite fille avait toujours eu un caractère fort, ce qui pouvait poser un problème futur pour son statu de femme. Elle était une petite fille bornée, contre-disant toujours les autres et n'ayant pas sa langue dans sa poche. Elle n'arrivait pas à se contrôler, elle avait besoin de montrer qu'elle aussi pouvait avoir de l'autorité et que elle aussi avait un avis sur tout. Déjà à cet âge là, elle aimait la confrontation et parfois elle contre-disait les autres juste pour cela, juste pour avoir le plaisir de défier l'autre et de savoir qui aurait le dernier mot.
« Je pense, Madame Hawkins, qu'en tant que jeune fille de votre employeur, je peux vous parler comme je le veux.» La nourrice poussa un soupire et ne cherchait pas à répondre, elle savait que Heléna ne démordrait pas parce qu'elle avait décidé d'être méchante. Heléna avait cela au fond d'elle et bien qu'elle essayait tout le temps de se contrôler, parfois, elle avait besoin de le laisser sortir, elle aimait être méchante et blessait les autres. On ne pouvait pas dire pour autant que c'était une personne cruelle mais elle avait simplement cette part d'ombre en elle, cette envie irrésistible.
« Le professeur est là » Heléna se décida finalement à monter à l'étage pour étudier, comme elle le faisait plusieurs fois par semaine.
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« Louve, tu ne vas pas déjà repartir ? Tu n’es resté qu’une semaine… » La jeune femme sourit tendrement et caressa la joue de Heléna.
« Mais tu sais bien mon chou que j’ai pleins de choses à faire, et puis je reviendrais vite. » Elle marqua une pause et continua avec un regard malicieux.
« Tu sais que je ne peux pas me passer de toi. » Malgré sa bonne figure, Louve était triste de quitter Heléna. Elles se connaissaient depuis la maternelle, avaient grandis ensemble, devenant des meilleures amies mais depuis ses quinze ans, Louve avait compris qu’elle ressentait beaucoup plus pour Heléna. Elle avait compris qu’elle était amoureuse d’elle. Seulement, elle n’avait jamais osé faire la moindre tentative, elle avait passé son temps à tuer ses sentiments qu’elle ressentait si fortement pour cette petite brune. Bien évidemment, elle avait espéré qu’un jour, Heléna la regarde elle aussi différemment, elle avait espéré qu’elle tombe amoureuse… Mais cela n’était jamais arrivé. Maintenant, elles étaient âgées de vingt-deux ans et Louve passait le plus clair de son temps à la fuir, pour ne pas souffrir mais elle n’arrivait pas à rester longtemps loin de Heléna, elle se sentait vide sans elle.
« Louve.. Ne t’en vas pas, s’il te plait… reste. » Lui dit Heléna entre deux larmes.
« Tu vas voir, dans deux mois tu m’auras oublié ! » Louve lui fit encore une fois ses adieux, en sachant qu’elle finirait par revenir tôt ou tard. Et encore une fois, elle était revenue et cette fois, elle lui avait avouer ses sentiments. Heléna l'avait tout d'abord repoussait, sans savoir comment réagir et puis finalement, au fil des années, elle était elle aussi tombée amoureuse de la jeune femme. A vingt-deux ans, elles étaient officiellement ensemble. Elles ont vécut trois belles années, jusqu'à ce que Heléna découvre Louve dans les bras d'une autre. Sans explication, elle fit ses affaires et quitta la Grèce sans explication, faire sa première année de résidence à San Francisco.
***
A l’abri des regards indiscrets, Heléna se faufila dans la salle de repos. Avant de pouvoir fermer la porte, elle sentit des bras l’enlacer.
« Qu’est-ce que tu fais encore là ? Tu n’es pas encore parti ? » lui murmura Adriel en déposant un baiser sur le cou de la jeune femme.
« Je viens de finir mon service et au moment où j’allais partir j’ai entendu des internes dire que tu es étais là alors… j’ai décidé de te rejoindre… » Dit-elle en se retournant et en fermant la porte à clef. Adriel était son « enseignant » en pédiatrie. Elle travaillait avec lui depuis quelques mois et au début, cela ne passait pas du tout entre eux. Heléna avait toujours eu un fort caractère et elle n’aime pas sa façon de lui parler, de la traiter. Adriel, lui, ne supportait pas l’insolence de la jeune femme et son manque de respect. Mais tout avait changé il y avait déjà six mois. Alors qu’ils venaient d’effectuer une opération de plus de dix heures, Heléna s’était effondrée après la mort du patient. Adriel l’avait donc invité à aller boire un verre afin de lui changer les idées et de faire un peu plus connaissance avec la jeune femme. Et de fil en aiguille et après quelques verres d’alcool, ils avaient fini par s’embrasser dans l’appartement de la jeune femme. Depuis ce jour, ils n’avaient pu arrêter leur relation. Heléna était tombée amoureuse de Adriel. Elle était follement amoureuse de lui mais cela, elle ne lui aurait jamais ouvertement dit. Elle était comme ça Heléna, elle avait toujours peur de dévoiler ses sentiments et d’être déçu par la suite. Et puis au fond, elle pensait encore à Louve, son ex petite-amie avec qui elle avait vécu une histoire de trois ans. Cependant elle ne pouvait se mentir, bien que personnes n’étaient au courant de leur relation, à cause de leur différence d’âge, elle ne pouvait plus se passer de lui.
« Tu m’as manqué aujourd’hui.. . » Lui dit-elle en lui caressant la joue.
« Toi aussi… Épouse-moi ».