On passe notre vie entière à s’inquiéter de l’avenir, à faire des projets pour l’avenir, à essayer de prédire l’avenir... Comme si savoir à l’avance pouvait amortir le choc. Mais l’avenir change constamment. L’avenir est le lieu de nos plus grandes peurs, et de nos espoirs les plus fous. Mais une chose est sûre : quand finalement, il se dévoile... l’avenir, n’est jamais comme on l’avait imaginé

Canadienne d’origine, Joyce est fière de ses origines et de son accent qui est assez particulier. Les blagues sur les Canadiens ? Elle les supporte, sachant très bien que si les Américains se font un malin plaisir de se moquer d’eux, c’est tout simplement parce qu’ils sont jaloux.

Joyce grandit dans une famille d’une classe assez aisée, toutes les personnes de son entourage font partie du même cercle privé qu’est l’élite de Toronto. Ecole privée, évènement mondain, soirée de charité, c’est à quoi se résume sa vie. C’est à quoi ressemblera sa vie, et elle l’a accepté depuis très longtemps. « Quand tu seras grande, adulte, tu reprendras l’affaire familial. » Et quelle affaire familiale ! Si Joyce vit dans le luxe, ce n’est pas pour rien, en effet, son père est le fondateur et PDG d’une entreprise qui construit des technologies de pointes, la première au classement mondial. Mais Joyce ne s’intéresse pas à cet univers, encore moins à l’univers du commerce. Au contraire, au fil des années, où elle grandit dans ce monde sans pitié, elle développe un sang-froid impressionnant et s’intéresse de près aux enfants, nouveaux nés en particulier. Tout le monde l’incite à choisir la voie de la médecine, oui pourquoi pas ne pas devenir docteur, c’est un beau métier. Mais ce qui l’attire réellement, ce n’est pas être docteur, devenir docteur pour seulement être riche, ce n’est pas ce qu’elle veut, puisqu’elle l’est déjà, elle possède un héritage énorme et ne se fait pas de souci pour l’avenir. Non, elle ce qu’elle veut vraiment c’est travailler auprès des enfants.

Après le lycée, elle s’inscrit donc à l’école d’infirmière, passe avec succès le concours et devient, trois ans plus tard, officiellement infirmière. Avant de pouvoir passer son diplôme de puéricultrice, elle travaille cinq ans en tant qu’infirmière général.

C’est au boulot qu’elle fait la connaissance de cet homme, chirurgien titulaire de presque dix ans son aîné. Un peu trop arrogant à son goût, et totalement épouvantable avec l’équipe infirmière de son service, Joyce ne supporte pas travailler avec lui. Pourtant, elle fait preuve de professionnalisme, n’ayant qu’un seul but, atteindre son objectif.
« Vous êtes de garde ce soir ? » Avait-elle entendu alors qu’elle rangeait les dossiers des différents patients qui étaient affectés à son service. Joyce avait levé la tête pour découvrir qu’il s’agissait du Docteur McMillan. A cet instant précis, elle ne se doutait pas du tout qu’elle deviendrait, cinq ans plus tard, madame docteur McMillan.

Entre les préparatifs du mariage, le mariage et la lune de miel, Joyce avait à peine eu le temps de préparer son concours d’entrée dans le programme de puériculture. C’est anxieuse qu’elle arrive dans le bureau du docteur McMillan, qui lui servait, de temps à autre, de mari. « J’ai foiré mon examen chéri. » Au lieu du réconfort qu’elle était venue chercher, tout ce qu’elle avait obtenu de son cher mari était un rire assez moqueur et cette phrase : « Ne soit pas ridicule. Toi et moi on sait tous les deux que tu es la meilleure. » Un baiser pour le remercier de son soutien, Joyce disparu dans le couloir afin de retourner à ses occupations d’infirmière. Deux semaines plus tard, elle recevait la bonne nouvelle de sa réussite. Elle était sur le point de devenir puéricultrice. Elle avait tout pour elle : un mari parfait et le métier qu’elle rêvait de faire.

Le chagrin peut être une chose qu'on a tous en commun mais il est différent chez tout le monde. Il n'y a pas que la mort qui nous cause de la peine, il y a la vie, la perte de quelque chose, le changement. Et quand on se demande pourquoi c'est aussi nul parfois, pourquoi ça fait aussi mal, la chose à ne pas oublier c'est que ça peut changer en un clin d'œil. C'est comme ça qu'on reste en vie, quand ça fait si mal qu'on ne peut plus respirer, c'est comme ça qu'on survit. En se rappelant qu'un jour, de toute façon, quoi qu'il arrive, on ne ressentira plus ça, ça ne fera plus aussi mal. Le chagrin vient, pour chacun de nous, en son temps et à sa manière. Alors le mieux que l'on puisse faire, le mieux que chacun puisse faire, c'est d'essayer d'être honnête. Le truc vraiment nul, ce qu'il y a de terrible dans le chagrin, c'est qu'on ne peut pas le contrôler. Le mieux qu'on puisse faire, c'est d'essayer de ressentir le chagrin quand il vient. Et de le laisser partir quand on peut. Le pire, c'est qu'à la minute où vous pensez l'avoir surmonté, ça revient vous submerger. Et toujours, à chaque fois, ça vous empêche de respirer.

« Tu es de garde ce soir ? » Joyce releva la tête, un sourire pouvait déjà se faire voir sur son visage, elle avait bien entendu reconnu la voix de son mari. Un acquiescement de la tête, elle lui adressait un tendre sourire. « Oui, on se rate encore je suppose ? » L’inconvénient de travailler tous les deux dans un hôpital, mais Joyce et son mari s’étaient fait à cette idée depuis le temps qu’ils étaient ensemble. « On se voit demain alors. Je t’aime. » Ils échangèrent un baiser rapide avant de se quitter. Pour de bon, car même s’ils ne le savaient pas encore, c’était les derniers mots qu’ils s’adresseraient.
Quelques heures plus tard, Joyce fut appelée aux urgences, ce qui, au départ, lui avait paru bizarre puisque ça n’était jamais arrivé, mais ses réflexions à ce sujet s’arrêtèrent là. Arrivée aux urgences, elle tomba directement sur un collègue de son mari, un très bon ami à eux, qui sans qu’elle ne s’y attende, lui annonça une terrible nouvelle, une nouvelle qui brisera son monde. « Joyce, tu es là ? Ca va ? » Mais Joyce ne répondait rien, elle n’avait rien à dire, tout ce qu’elle fit, c’est s’effondrer, au beau milieu des urgences. Elle venait de perdre ce qui lui était le plus cher au monde, son mari.

C’est deux ans plus tard et à des milliers de kilomètres de Toronto que Joyce refait sa vie. Elle a accepté le décès soudain de son mari. Joyce occupe toujours le poste de puéricultrice mais travaille cette fois-ci à l’hôpital de San Francisco. Elle est ici depuis peu, quelques mois seulement, et essaie de se reconstruire une nouvelle vie. Pour le moment, elle est en colocation avec Rose, qui s’avère être, aujourd’hui, une très bonne amie à elle.

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