nom : lovelace, tout ce qui lui reste de ses parents. prénom(s) : jessalyn diana, simple but effective. âge : dix-sept ans et de magnifiques dents. lieu et date de naissance : un quatorze février - ironie du sort -, à new-york. statut civil : en couple, même si les choses risquent de se compliquer. métier/occupation : en dernière année de lycée. nationalité : américaine. orientation sexuelle : hétérosexuelle. caractère : douce, impulsive, souriante, jalouse, attentive, têtue, indépendante, sensible. groupe : inhabitants. avatar : chloé perfect moretz.

✂ l'hôpital t'y vas souvent ? ma mère était chirurgienne, ma soeur est chirurgienne, alors le seul moyen pour les voir, c'est de m'y rendre. alors oui, je viens souvent et vous risquez de m'y croiser encore plus dans les mois à venir.
✂ quand t'as un bobo, tu pleures ou t'es du genre à prendre les devants et à te recoudre avec ce que t'as sous le coude en mode mc gyver ? un bisous magique et c'est reparti. plus sérieusement, je me plains mais je me débrouille pour me soigner toute seule.
✂ quand t'es malade, t'es du genre repas fait de médocs ou médecine douce ? ma soeur est une adepte des tisanes et m'a souvent soigné à l'homéopathie et aux herbes trouvées je ne sais où, même si j'avoue avoir eu quelques doutes à ce sujet, je ne prends plus que cela, maintenant.
✂ tu mets ta santé en danger ? tu fumes, tu bois ? je fumais et buvais que lors des fêtes mais vu mon état aujourd'hui, je crois que j'en ai fini avec tous ces trucs pour un petit moment.
✂ t'as des problèmes de santé connus ? à part deux-trois allergies, non. même si, plus jeune, j'attrapais un rhume toutes les deux semaines.
✂ ta famille t'a transmis des antécédents médicaux pas très glorieux ? pas à ma connaissance. enfin, j'espère.
✂ t'es du genre allergique ? t'attrapes souvent le premier virus qui passe par là ? je suis allergie au cacao et aux piqûres d'abeilles, à part ça, je crains rien.  

SEPTEMBRE 2002. papa,
aujourd'hui, ça fait un an. un an que les tours jumelles sont tombées, un an que tu es parti. maman n'est pas sortie de sa chambre, depuis ce matin. mamie dit qu'il ne faut pas la déranger, qu'elle a besoin de se reposer et de rester seule. maman, elle pleure beacoup depuis un an. j'essaye de la faire sourire, et de lui faire plaisir avec mes dessins mais c'est difficile. tu lui manques beaucoup, je crois. et puis à emily. à moi, aussi. tes histoires le soir me manquent, même si je sais lire maintenant. je suis au cp, je suis une grande, a dit mamie. pas aussi grande que emily encore, mais presque. ça me fait peur, de devenir grande, tu sais. il paraît que c'est difficile. on a déménagé, d'ailleurs, à san francisco. maman a changé d'hôpital et je vois plus souvent mamie, comme elle habite qu'à une demi-heure. on a une grande maison et même un jardin. maman passe beaucoup de temps à l'hôpital, mais ça ne change pas vraiment de d'habitude. ce qui change, c'est que, quand je rentre, tu ne sois pas là. j'ai des devoirs, maintenant, vu que je suis à la grande école. j'ai de nouveau amis aussi. ils sont marrants, tous. mais pas aussi marrants que toi. j'ai raconté que tu étais un ange, maintenant, parce que la maîtresse m'a demandé ce que mes parents faisaient comme travail. c'est vrai que t'es un ange, parce que mamie m'a dit que tu étais au paradis sur ton nuage et que tu nous surveillais avec papy. j'imagine que c'est bien là-haut. ne m'en veux pas trop mais je vais pas venir tout de suite, parce que j'ai que six ans. mais j'essayerais de te voir, avec le télescope de aaron, notre voisin. ou sinon, t'as qu'à m'envoyer une carte postale, si c'est possible. comme ça, j'aurais une image du paradis. je sais que je l'ai déjà écrit mais tu me manques beaucoup.

je t'aime papa.
ta princesse, diana.

SEPTEMBRE 2007 choses à faire avant mes trente ans (parce qu'après je serais vielle et aurais pleins de cheveux blancs):

1) le tour du monde, sans exception. je veux voir tous les continents, découvrir de nouveaux endroits, de nouveaux gens. tout n'est pas à seattle, après tout.
2) devenir reporter-photo. ou chirurgienne. même si je préfère la première option.
3) tester toutes les recettes de gâteaux possibles, sans garantir le réussite.
4) apprendre le russe et le chinois.
5) épouser leonardo dicaprio on sait très bien que ce n'est pas possible.
5) veiller à ce que maman aille mieux. j'espère que ce sera le cas.
6) payer à mamie et ses copines des vacances à las vegas.
7) fêter mes vingt-et-un là-bas, aussi.
8 ) commencer un élevage de tortues.
9) apprendre à faire du cheval et du ski.
10) être heureuse et vivre, pour papa.

SEPTEMBRE 2011 « em' ? t'es là ? » tu tentes d'ouvrir la porte de la salle de bain, en vain. la poignée ne veut pas céder et des reniflements confirment la présence de ta sœur. « em', je sais que t'es là. ouvre et dit-moi ce qu'il se passe. un instant de silence, puis le clic d'une porte qui se déverrouille. derrière, apparaît emily, le visage baigné de larmes, qui se laisse tomber dans tes bras. « il m'a quitté. » par il, tu comprenais bien évidemment nathan, son dernier copain en date. tu ne l'avais jamais apprécié, ce gars. trop arrogant, trop bavard, trop con. un mec aux allures de mannequin hollister avec le q.i d'une blonde. la classe. pendant un moment, tu ne dis rien, gardant tes pensées pour toi. « je peux te dire que si je recroise ce gars, je lui fais sa fête. mais il te méritait pas, tu sais. t'étais trop bien pour lui, em'. vraiment. il ne savait même pas faire la différence entre son déodorant et le désodorisant, alors que toi, tu vas être la meilleure chirurgienne de tout seattle. » emily te sourit, tu as gagné, elle a compris. « je ne vais pas te dire que je te l'avais dit.. mais je te l'avais dit. »  


papa,
aujourd'hui, ça fait dix ans. j'ai quinze  ans. le président s'appelle obama. je suis au lycée, maintenant. les choses ont encore changé. je vis toujours chez emily et je crois que je vais y rester, tant que je peux. maman ne va toujours pas mieux, les médecins disent que c'est mieux pour elle qu'elle reste au centre. je vais la voir, dès que je peux. parfois avec mamie, parfois avec emily. elle me parle, mais pas beaucoup. en la voyant, je comprends que l'on peut mourir, de tristesse. à petit feu, lentement. c'est ça, le pire. emi est résidente, maintenant. je suis vraiment fière d'elle. toi aussi, non ? je suis en seconde, pour le moment. je ne sais pas vraiment ce que je devrais faire plus tard. tout le monde pense que je vais suivre maman et emily, mais je n'en suis plus vraiment sûre, au final. et puis, j'ai rencontré un garçon, tu sais. il s'appelle noàm. il te plairait beaucoup, je pense. je suis pas amoureuse, non. mais presque. enfin, je sais pas. je suis pas sûre. c'est compliqué, enfait. je ne suis pas vraiment douée avec les sentiments. je tiens ça de toi, pas vrai ?

j'espère que tu es toujours aussi content, là-haut. embrasse bien fort papy, aussi.
je t'aime.
diana.

SEPTEMBRE 2013. docteur macgregor, tu la connais bien. c'est une collègue à ta soeur, qui squattait il y a quelques années de là, votre canapé, lorsque que sa vie amoureuse était tout aussi bordélique que ta chambre. mais ça, c'était il y a plus de cinq ans. à l'époque, la jeune femme ne portait pas encore d'anneau à son annulaire gauche et toi, de soutiens-gorges. aujourd'hui, tu te retrouvais face à elle, la gorgée serrée, le coeur battant. tu attendais qu'elle te rassure, qu'elle te dise que tes doutes étaient infondés, que tu n'avais pas à t'inquiéter. en vain. elle se racle la gorge, t'adresse enfin un regard. son visage ne laisse transparaître aucune expression. impossible de savoir si elle s'apprêtait à t'annoncer une bonne ou une mauvaise nouvelle. tu joues avec tes doigts, ce que tu fais toujours lorsque tu es stressée. tu regrettes finalement d'être venue seule, la main réconfortante ou le regard compatissant d'une amie n'auraient pas été de refus. le tien se balade dans la pièce, en attendant que la médecin ne se décide à annoncer son verdict. elle cherche ses mots, visiblement, ce qui te rend de plus en plus nerveuse. c'est fou ce que trois mots, trois petits mots, peuvent tout changer. il y avait eu le, ils sont morts, de naomi, lorsque vos parents eurent l'accident. le premier je t'aime, de aaron. et ces trois-là, auxquel tu ne t'attendais pas.

« tu es enceinte, diana. »

le peu d'espoir qui te restait s'envole. ton monde s'écroule, en quelques secondes à peine. remuant le couteau un peu plus dans la plaie, docteur macgregor t'annonce que le cap des trois mois avait été franchi, étant donné que tu étais à la moitié du quatrième. elle continue son petit discours de médecin, te tendant plusieurs brochures traitant sur ton cas, mais il y bien longtemps que tu ne l'écoutes plus. le "tu es enceinte" se répéte continuellement dans ton esprit.

devenir maman n'était pas sur ta liste des choses à faire d'ici 2020.
pas à dix-sept ans, en tout cas.


tu détestes pleurer devant les gens. tu as l'impression de n'être qu'une poule mouillée, une faible. et ça, tu ne supportes pas. à cet instant, tu te croyais seule. il y a quelques minutes, tu quittais le docteur macgregor, qui venait de t'annoncer que ta jeunesse était fichue, avec l'arrivée de cette "chose", qui grandissait de jour en jour dans ton ventre. qu'allais-tu dire à ta sœur, emily, qui espérait tellement de voir suivre le même chemin qu'elle ? et à aaron, ton petit-ami, le père du bébé ? il allait te quitter, à coup sûr. tu allais te retrouver seule, avec un gamin sur les bras, à seulement dix-sept ans. cette pensée te brisa le cœur et tu ne pus t'empêcher d'éclater en sanglots. c'est à cet instant, qu'elle est entrée ta vie. elle. cette petite brune, au teint pâle et au regard vide. elle n'a pas l'air triste mais plutôt calme. voir sereine. tout ce que tu n'es pas, à ce moment-là. elle te fixe, avant de lâcher, d'un air monotone, « t'es sur mon banc, là. »  tu ne dis rien, assez surprise. pour qui elle se prend, il n'y pas écrit son nom, après tout. « tu me crois pas ? regarde. » elle pose son doigt sur une partie de la structure de bois, où il y était grossièrement gravé, sûrement à l'aide d'une pierre, joe . « joe, c'est moi. elle te tend sa main,  secoue la tienne. « je m'appelle diana. » elle te sourit, tu tentes de faire de même. « tu pleurais, là, non ? » tu voudrais lui dire que non, mais à quoi bon. il suffisait de voir les traces de mascara et les larmes qui roulaient le long de tes joues pour qu'elle ait sa réponse. « je viens d'apprendre que je suis enceinte. » sa bouche forme un "oh", elle s'assoit et murmure, d'air franc, « je suis désolée. » moi aussi, penses-tu. le silence s'installe, tu observes discrètement joe. tu te demandes d'où elle vient. si son nom est gravé sur le banc, elle doit être là depuis longtemps. tu t'apprêtes à lui poser la question, mais elle te devance. « moi, il y a trois semaines, j'ai appris que mon coeur va me lâcher. bientôt. » cette façon, si nonchalante, de t'annoncer la chose, te cloue sur place. tu te sens stupide, d'un coup. de pleurer. d'être là, sur ce banc. « je.. » « ne t'excuse pas. trop de gens le font, ça me fatigue. c'est pas d'votre faute, après tout. »