Elle pleurait, silencieusement, toutes les larmes de son corps. Elle suffoquait à l'idée d'enterrer son trésor. Le sentiment que le monde oppressait son univers anéantissait ridiculement le désir de lutter de la jeune brune. Elle vivait à travers cette perle, depuis plusieurs mois déjà. Pourtant, aujourd'hui, elle était forcée à enterrer ses espoirs aux côtés de son fils. La jeune brune cherchait désespérément la raison du pourquoi du comment. Elle cherchait à justifier, cette tragédie. Elle détournait, rapidement, son regard du cercueil de son fils avant de planter son regard dans les prunelles dévastées de son mari. La jeune mère cherchait vainement une raison de continuer de lutter dans les prunelles de son mari. En vain. Ezraël de nature heureux et optimiste affichait, désormais, un visage empreint de tristesse et de douleur. Pourtant, il essayait vainement de rester droit et fier afin de soutenir la jeune brune à travers cette perte. Or, il semblait intolérable pour un coeur meurtri par les circonstances de la vie d'éviter de défaillir face à cette situation. Enterrer son fils. C'était douloureux. Presque trop. Il était mort dans un bête accident de voiture. Mère et fils, en voiture, furent percutés par un chauffard imprudent. La mère ressortit de cet accident avec quelques hématomes tandis que le nourrisson succombait à ses blessures, alors qu'il venait d'entamer son quatrième mois d'existence. Le traumatisme était terrible pour la mère, mais également pour le père. La jeune brune cherchait indéniablement à rejeter la faute du départ de son fils sur elle. Elle prétextait, continuellement, qu'elle était responsable de cet enfer. Quant à Ezraël, il lamentait son incapacité à sauver son fils, de cette mort. Lorsque, mère et fils furent transportés à l'hôpital, Ezraël travaillait aux urgences, à ce moment précis. Le choc était destructeur lorsqu'il réalisait que la vie du poupon reposait sur ses épaules. Il est mort, devant le regard ravager de son paternel, alors qu'il tentait l'impossible afin de réanimer cet enfant innocent. Son enfant. Depuis, Ezraël n'était qu'une ombre. Il cessait d'exister lorsque son fils expirait, ultimement. Kaylah, quant à elle, n'était guère mieux. Son visage de nature expressif semblait anéanti par le regret. Le coeur de Kaylah et Ezraël s'affaissait littéralement, pourtant, lorsqu'ils réalisèrent qu'il était parti rejoindre le paradis. Il restèrent durant plusieurs heures dans le cimetière après la fin des funérailles. Le coeur meurtri. L'enfer semblait dorénavant sur terre, sans lui.

Ezraël retournait travailler, quelques jours après l'enterrement. Il refusait, catégoriquement, de rester à la maison. Il désirait, fortement, occuper son esprit. Kaylah, quant à elle, restait à la maison en compagnie de sa mère versant, toujours et encore, des larmes sans but. Lorsqu'il revient au travail, Ezraël était méconnaissable. Les traits tirés de son visage trahissait l'ampleur du chagrin qu'il tentait, vainement, d'encaisser. Par-dessus cette apparence dévastée, la colère trahissait également le chagrin du jeune homme. Le monde entier goûtait, malheureusement, au mal du jeune père. Il crachait cette fureur sur la terre entière. Les internes, plus particulièrement, subissaient l'emportement de l'urgentiste. Les internes devaient assurer la perfection si ils désiraient éviter de contrarier Ezraël. Il suffisait, souvent, d'un regard de travers, une lamentation injustifiée, un lapsus afin d'attiser la colère du titulaire. Il était inflexible. Peut-être trop. Le personnel prétendait qu'il agissait ainsi à cause du chagrin, Que tôt ou tard, il redeviendrait l'urgentiste agréable et indulgent. Que tôt ou tard, il retrouverait le goût à la vie. Que tôt ou tard, il tournerait la page et qu'il passerait à un nouveau chapitre. Mais, ce n'était pas le cas. Malgré tout, malgré le tenaillement et la douleur, la jeune mère cicatrisait mieux que Ezraël. Elle pensait pourtant, qu'il tolérait mieux le départ du nourrisson, mais elle découvrit rapidement que ce n'était pas le cas. Certes, témoin du changement de son mari, elle croyait pourtant que ce n'était qu'une phase. Qu'il cherchait un moyen de cicatriser. Mais, elle découvrit, finalement, l'ampleur des ruines que représentait, désormais, son mari.

Kaylah retrouvait également son poste, trois mois après le départ du petit. Elle retrouvait, finalement, le goût de lutter. Elle comprit, finalement, que désormais, elle devait vivre pour elle, mais également pour son fils. Car, il n'avait point obtenu cette chance d'exister, de vivre ne serait-ce que quelques années. Optimiste, elle tentait de mettre son chagrin de côté, sans toutefois, oublier ce dernier. Elle avançait, trébuchait, tombait, mais elle finissait par reprendre pied. Toutefois, il semblerait que ce n'était pas le cas d'Ezraël. Lorsqu'elle revient, elle comprit rapidement que l'urgentiste était devenu le cauchemar des internes. D'ailleurs, très rapidement, la jeune femme trouvait l'attitude de son mari contrariant. Le lendemain, elle faisait part à son mari de son opinion sur cette attitude déplacée. Une querelle éclatait alors, au sein, du couple. Il intériorisait, depuis tellement longtemps, qu'il éclatait violemment. Au point, d'effrayer excessivement la jeune brune. Elle comprit alors l'ampleur du chagrin d'Ezraël et cherchait un moyen d’apaiser son coeur meurtri. En vain, il refusait de parler. Depuis, qu'elle tentait d'aider son mari à avancer, les querelles fusaient dans le couple. Ezraël devenait, de plus en plus, violent. Toutefois, jamais il levait la main sur Kaylah, mais elle évitait de dénombrer la quantité de fois où il avait détruit une pièce de l'appartement. Il était mal, mais il refusait d'avouer qu'il était plus bas que terre. Enfin, c'est qu'elle croyait.

Pourtant, cette attitude inflexible envers les internes était justifiée. Lorsqu'une interne soulignait la dureté de l'urgentiste, lorsqu'elle demandait au titulaire pour quelle raison il agissait, ainsi. Lorsqu'elle questionnait ce dernier sur les motivations du père déchu. Lorsqu'elle mettait, finalement, la vérité sur la table. Je sais pour quelle raison, vous êtes tellement inflexible. Pourquoi, selon toi? Un bref sourire arrogant au bout des lèvres, il avait réellement hâte d'entendre les conneries qu'elle sortirait, probablement. Perdre un enfant doit être un drame pénible. Dans votre cas, la difficulté est d'accepter qu'il est mort alors que vous étiez chargé de sauver sa vie. Vous avez eu un lapsus, durant quelques secondes, lorsque vous avez réaliser qu'il s'agissait de votre fils. Aujourd'hui, vous êtes certain que le dénouement aurait pu être différent si vous n'aviez pas perdu quelques secondes à perdre votre sang froid. Désormais, vous cherchez la perfection chez le personnel parce que l'espace de quelques secondes, vous étiez imparfait. C'est ça, n'est-ce-pas?  Le sourire empreint sur le visage du jeune père s'envolait presque immédiatement aux paroles de la jeune demoiselle. Elle venait de comprendre la raison du mal d'Ezraël. EN COURS.