boulevard of broken dreams.Tout d’abord, voici quelques extraits de ma fiche qui parlent de Jamie :
« Christensen, dites-moi ce que vous voyez là ? », première année d’internat, et première année d’ennui. La règle, dans cet hôpital et partout ailleurs, était que les internes ne se spécialisaient pas. Or, je savais depuis très longtemps dans quelle direction je voulais aller.
« Je vois un infarctus du myocarde aigu Docteur Hamlet. Au niveau de l’intervention, étant donné que la partie du cœur concernée ne semble pas trop étendue, je pense qu’une pose de stent sous technique radiologique est la meilleure option. »,
« Parfait Christensen. Vous m’assisterez. Pierce, vous serez sur ce cas aussi, mais il faudra vous battre pour dépasser votre collègue. », j’étais douée, c’était bien connu dans l’hôpital. Mais ce n’était pas pour autant que j’étais respectée, loin de là. J’étais interne, et les internes restaient au bas de l’échelle, comme des moins que rien.
« Putain, j’y comprends rien. Charlene, tu m’expliques ? », je me tournais vers mon collègue, Jamie, l’autre interne qui allait observer et soigner ce cas. Il me faisait le coup à chaque fois, et je commençais à avoir des doutes sur la véracité de ses propos.
« Si tu veux. Mais c’est loin d’être l’opération la plus complexe. », nous descendions, comme toujours, au sous-sol de l’hôpital pour potasser l’opération ensemble. Comme à chaque fois, je lui réexpliquais le tout en détail à l’aide de schémas et d’image. Mais je devais l’avouer… j’étais loin d’être insensible à son charme de gars un peu caïd mais surtout super sexy.
Nous terminions les révisions, et je refermais mon bouquin d’un coup sec, totalement sous le charme de mon collègue. Ces yeux, ces cheveux, cette odeur… son corps. Tout m’attirait chez lui, mise à part son attitude je-m’en-foutiste de bad boy. À se demander comment il était entré dans le programme. Je me levais et attrapais les déchets de ce que j’avais mangé avant de m’avancer vers la sortie de la pièce.
« Hey, Christensen ! Attends. », je me tournais vers Jamie qui était bien trop proche de moi pour mon propre bien maintenant.
« Jamie, c’est vraiment pas une bonne idée. », je reculais d’un pas mais il se rapprochait de moi tout aussi vite. Avant que je n’aie le temps de dire ouf, il avait plaqué ses lèvres contre les miennes. Je me retrouvais collée contre le mur de cette pièce, répondant finalement à son baiser qui se voulait passionné et incroyablement agréable. Moi, Charlene Frida Christensen, petite enfant sage et interne totalement dans les règles, j’étais dans le sous-sol avec l’interne le plus bad boy de tous les temps en train de me retirer mon uniforme pour probablement le faire sur la table qui se trouvait dans le coin de la pièce. Et le pire là-dedans… c’est que c’était loin de me déplaire.
(+)« Je crois que j’pourrais rester là encore des heures. », je riais doucement.
« Si tu veux, fais-le, mais moi, j’ai une intervention dans moins d’une heure… va falloir que j’y aille. »,
« Non… attends encore un peu… », Jamie et moi vivions une relation cachée aux yeux de tous depuis maintenant plus de cinq mois. Si, en public, nous passions notre temps à nous chamailler parce qu’il était toujours aussi insupportable, en privé, c’était la passion, et probablement même l’amour. Nous passions tout notre temps libre ensemble, y compris à l’hôpital, dans la salle de repos comme maintenant.
« Allez, Jam’… je vais encore être à la bourre, ils commencent tous à avoir des doutes… »,
« Allez… cinq minutes, juste cinq petites minutes. », je riais doucement et lui rendais finalement son baiser volontiers.
C’est à ce moment-là que la porte s’ouvrit à la volée sur une femme furieuse.
« Jamie, tu es ENCORE en retard pour notre… », elle se coupa net alors que nous tournions tous les deux notre regards vers elle. C’était une belle femme, mais probablement quelques bonnes années plus vieilles que nous. Son regard semblait perdu alors qu’elle nous regardait.
« Eileen, c’est pas ce que tu crois. », je tournais mon regard vers l’homme qui m’avait longtemps cherchée pour me trouver, et dont j’étais probablement finalement tombée amoureuse. C’est pas ce que tu crois ? Qui était cette femme ? Jamie se leva et remit son pantalon avant d’attraper sa blouse, mais la femme tournait déjà les talons pour s’en aller.
« Attends-moi ici, je reviens, faut que je règle ça. », mais enfin, mon cerveau se remit en fonction, et je comprenais qu’elle avait un lien amoureux avec celui que je voyais en cachette depuis des mois… et dire que je n’avais rien su ! Je me levais à mon tour et me rhabillait avant de quitter précipitamment la salle de repos. Je parcourais les couloirs sans faire attention à ce qui m’entourait, et encore moins aux personnes qui m’appelaient. Finalement, je trouvais mon résident.
« Olah ! Qu’est-ce qu’il se passe Christensen ? »,
« Je… je veux être transférée. Ailleurs. Maintenant. Que ce soit effectif dans les heures qui arrivent. »,
« Mais c’est impossible ! Il va falloir des jours ! »,
« Alors, je prends un congé jusque-là. Je rattraperai mes heures là où je serai transférée. », mon résident me détailla quelques instants et comprit que j’étais sérieuse. Il me prit par le bras.
« Allez, viens. On va voir le chef… », et mon transfert fut effectif dès la semaine suivante.
(+)Dans ce nouvel hôpital de San Francisco, je repartais à zéro, et personne ne pouvait savoir que j’avais vécu une relation passionnelle avec un homme marié. Parce que, oui… Jamie était un homme marié à une femme sublime et relativement plus âgée que lui. Voilà plus d’un mois que j’y étais et je m’y sentais bien. Le boulot était toujours aussi dur, et les titulaires étaient toujours aussi impitoyables, mais au moins, je n’avais pas la tête ailleurs. La seule chose qui changeait était que je couchais régulièrement à droite et à gauche pour me changer les idées… mais cela passerait sûrement.
« Christensen, tu vas en chir’ néonatale aujourd’hui, tu suis le Docteur Bennett. », j’acquiesçais d’un signe de tête. La chirurgie néonatale, c’était bien la première fois que j’entendais qu’on envoyait un interne là-bas.
« Allez, plus vite que ça Christensen, je n’ai pas toute la journée ! », cette voix… je levais les yeux vers la personne qui venait de m’interpeler et me retrouvais face à cette femme magnifique, également épouse de Jamie, et accessoirement titulaire de chirurgie néonatale. Après un bref arrêt, je m’avançais vers elle timidement, attendant la tempête. Elle me toisa quelques instants avant de me tendre un dossier.
« Je veux un rapport des constantes de ce nouveau-né tous les quarts d’heure. S’il meurt, ce sera votre responsabilité, sommes-nous bien claires ? »,
« Oui, Docteur. », elle tourna les talons et me laissa à mon travail. Elle me prit dans son service chaque jour durant les deux mois qui suivirent jusqu’au moment où elle fut rappelée à l’ordre par le chef de la chirurgie. Elle était froide et me donnait les pires boulots à faire. Néanmoins, jamais nous ne parlions de Jamie. Jusqu’à ce soir de décembre, où je buvais un verre avec quelques amis dans un bar voisin à l’hôpital. Elle s’approcha de moi et me lança un regard froid.
« Je n’ai pas pour habitude de mélanger vie privée et travail. Néanmoins, Charlene, vous avez touché à ce qu’il y a de plus cher pour moi, et sachez que tant que nous serons toutes les deux dans votre hôpital, je tenterai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire de votre vie un enfer. Vous avez plutôt intérêt à être bonne. », ayant bu, je tentais une réponse alors qu’elle m’avait déjà tourné le dos.
« Sauf votre respect, Docteur Bennett, signalez à votre mari que la prochaine fois qu’il décidera d’avoir une aventure, il ferait mieux de signaler qu’il est marié. Je ne l’ai jamais su jusqu’au jour où vous nous avez découvert. Quant à vos menaces, je ne me fais pas de soucis. Je suis la meilleure. », elle se glaça sur place avant de reprendre ses pas jusqu’à la sortie du bar. Le lendemain, je regrettais déjà chacun de mes mots…
(+)Et voici quelques points à propos de Jamie :
Jamie était amoureux de Charlene, mais il n’a jamais osé le lui dire, et il n’a jamais non plus osé lui avouer qu’il était marié de peur de la perdre pour de bon.
(-) S’il était un coureur de jupons avant Charlene, il l’est à nouveau devenu après elle pour l’oublier, car il a eu énormément de mal.
(-) Si, aujourd’hui, il dit qu’il en est remis et qu’il est totalement passé à autre chose, il pense toujours à elle régulièrement.
(-) Il ne supportera pas que Charlene ait couché à droite et à gauche, car il la voit comme la fille parfaite, qui est intelligente et ne fait pas de bêtises.
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