15/10/1997. rêve ta vie en couleur, c'est le secret du bonheur. Rêve que tu as des ailes hirondelles ou tourterelles et là haut dans le ciel, tu t'envoles ! les yeux rêveurs, emplis de paillettes et magie, l'enfant resserra contre sa poitrine une peluche à l'effigie d'un ours blanc avec un oeil en moins ce qui, par chance, ne le rendait pas effrayant et d'enlevait rien à son charme de doudou préféré des enfants. pour la quatrième fois de la journée, la fillette était scotchée devant la télévision, regardant encore et encore son walt disney favori qui venait de s'achver, sans jamais s'en lasser. peter pan. et, malgré ce que pouvait affirmer son frère ainé, elle était sure qu'un jour, peter quitterait londres pour venir la chercher, ici, à los angeles, à des milliers de kilomètres de l'angleterre. «
- j'y crois. je crois en toi, peter pan. » telle était la phrase qu'elle répétait chaque soir devant sa fenêtre, le regard rivé sur le ciel étoilé. elle n'en démordais pas ce qui, bien souvent, déclenchait les rires de son frère, bien moins crédule que cette enfant de tout juste six ans. son innocence était touchante mais semblait être risible également. et pourtant, à son âge, elle avait le droit de rêver. encore et encore. si bien qu'elle finissait pas y croire. trop peut-être. tellement que la petite wrènn s'était enfermée dans un monde qu'elle seule connaissait. elle s'isolait de toute mais d'après les médecin, à cet âge là, c'était presque normal. il ne fallait pas faire attention et juste continuer de vivre normalement. elle en sortirait quand elle le voudrait. elle finirait par grandir. mais wrènn n'était en aucun cas décidée à quitter nerverland. elle voulait son peter. elle le voulait dur comme fer. et, une nouvelle fois, elle s'endormie à même le sol, devant sa fenêtre. son visage pâle était éclairé par la lumière douce des étoiles et de la lune. cette nuit là, elle rêva encore d'un garçon orphelin, rouquin, vêtue d'une tenue verte et d'un bonnet avec sa plume qu'il avait sans doute été prendre aux indiens du pays imaginaires. un garçon perdu qui pouvait voler grâce à la poussière de fée. son garçon perdu qui viendrait la chercher pour en faire la première fille perdue. oubliée la petite wendy darling. désormais, ce serait peter et wrènn. un bruit de clochette se fit entendre dans la pièce et, comme réglée sur un timing parfait, l'enfant aux yeux bleus se redressa, légèrement ensommeillée. «
- peter ? » elle regarda de partout autour d'elle et se leva, manquant de trébucher sur sa peluche. elle regarda chaque recoin de sa chambre. sous le lit, derrière les rideaux et même au plafond. mais rien. aucune trace de son cher peter. encore déçue qu'il ne soit pas venu pour elle, elle grimpa dans son lit. la fatigue étant trop importante pour qu'elle puisse lutter, elle s'endormie. pour de bon cette fois ci.
25/08/1998. - t’as toujours eu peur du noir, je parie que tu as toujours ta veilleuse. - c’est pas une veilleuse, c’est une lampe fluorescente batman, c’est vintage. la fillette regarda son bras en sang sans ciller. l'odeur de rouille qui s'en dégageait ne semblait pas la déranger plus que ça. une large entaille la traversait du creux du coude jusqu'à la moitié de son avant bras gauche. elle le regardait et, au lieu de pleurer et de se tordre de douleur comme les autres enfants l'auraient fait, elle sautilla jusqu'à ce qu'elle trouve sa mère dans la cuisine. «
- maman ? » cette dernière soupira et posa son couteau, arrêtant de couper les carottes qu'elle avait prévu pour le dîner. elle essuya ses mains impeccablement manucurées et, tout en se retournant vers sa fille, elle replaça une mèche noire comme le charbon de ses cheveux derrière son oreille. ses yeux s'écarquillèrent lorsque son regard se posa sur wrènn. «
- bébé ! mais... qu'as tu fais ?! » elle posa une main sur le plan de travail pour éviter de tomber. ses jambes flageolantes ne semblaient plus vouloir la soutenir. tout doucement, elle se laissa glisser à terre, se retrouvant à la hauteur de l'enfant qui avait toujours le bras tendu. le sang perlait, gouttant sur le carrelage blanc de la cuisine. elle ne cillait pas mais avait tout de même perdu son petit sourire. «
- j'ai voulu faire comme papa avec les ciseaux géants. » une fois de plus, les yeux de la femme, se firent grands. elle repris ses esprits, se leva et enveloppa le bras de la fillette. «
- logàn ! descends ! maintenant. mets tes chaussures. en vitesse. » ni une ni deux, elle retira son tablier, éteignis le four, enfila ses chaussures ainsi que celles de wrènn qu'elle pris dans ses bras. attrapant son sac à main au passage, elle fit passer son fils ainé devant elle, ferma la maison et sauta d'un bon dans la voiture. arrivés à l'hopital, elle repris sa course folle, sa fille dans ses bras, son fils la suivant au pas. la fillette fut rapidement prise en charge. deux policiers arrivèrent vers la femme en panique. rapidement, les événements s’enchaînèrent. les questions posées par ces flics étaient des plus étranges mais, ayant été appelés par les médecins, elle jugea qu'il valait mieux qu'elle se soumette à leur interrogatoire. «
- attendez, monsieur l'agent. sauf votre respect, vous pensez réellement que j'ai fais ça à ma fille ? elle était dans le jardin et je cuisinais. je pensais que mon époux avait rangé les cisailles mais visiblement, elle les a trouvé et, elle n'a pas pleuré. rien. elle est venue me voir en rigolant. je n'ai pas touché ma fille. je vous le jure ! » sous la pression et le stress, elle craqua, serrant tout contre elle logàn. voilà qu'on l'accusait de maltraitance alors qu'elle était morte d'inquiétude pendant que les médecins avaient emmené son petit bébé.
25/02/2004. - pleures pas je suis là ! - t’es ma sœur j’ai pas su te protéger, j’ai rien vu. tu me pardonnes ? «
- putain ! mais wrènn, t'en as pas marre de faire ta casse couille là. on t'a remarqué. » accrochée à un pied seulement, la tête en bas et les bras ballants, elle regardait logàn avec un drôle d'air. le voir de la sorte à l'envers enlevait toute sa crédibilité au jeune homme de vingt ans. les bras croisés sur son torse, il la toisait, à la fois agacé par ses accidents à répétition et à la fois amusé de la voir dans une telle posture. il n'avait qu'une envie, la balancer et partir, la laissant accrochée simplement par les pieds à ce vieux chêne. «
- s'il te plait, détache moi. » son bras gauche était tout mou. probablement cassé. encore. mais elle n'avait pas mal du tout. au contraire, elle ne sentait rien. bon, elle n'était pas médecin mais voir qu'elle ne pouvait plus rien en faire lui mettait la puce à l'oreille. logàn avança vers elle et, sans ménagement, il libéra sa cheville de la corde. dans un grand fracas, la jeune fille tomba à terre. son bras gauche formait un drôle d'angle. «
- bouge ton cul de babouin, je t'emmène à l'hosto, tu as encore dû te casser un truc... pour pas changer. » il leva les yeux au ciel tandis qu'elle tenta de se redresser. de sa main valide, elle arrangea ses cheveux bruns mais lâcha vite l'affaire en constatant que son carré long gagnait face à elle. elle regarda son bras pendre mollement et, avec un haussement d'épaule, elle monta dans la voiture. wrènn était bien connu des services hospitaliers de los angeles. pendant longtemps, ses parents avaient été accusés de maltraitance envers elle avant que les flics viennent passer quelques jours avec eux pour découvrir qu'elle se faisait ça elle même. ce n'était jamais intentionnel, juste une maladresse bien poussées. les médecins n'avaient pas cherché plus loin. soutenue par logàn, elle franchit le seuil de la grande porte en verre et alla directement aux urgences. l'habitude. une jeune femme d'environ trente ans avança vers elle. intriguée, wrènn pencha la tête sur le coté et observa cette docteure qu'elle n'avait jamais vu, y comprit le mois dernier lorsqu'elle était venue se faire enlever son atèle à la cheville. «
- mademoiselle grey.. suivez moi s'il vous plait. » sans broncher, elle se leva et suivit la femme dans une petite pièce. cette dernière posa enfin son dossier et s'approcha d'elle. «
- dites moi quand je vous fais mal, d'accord ? » wrènn haussa les épaules et lança un regard vers son frère. une moue boudeuse pris place sur son visage. «
- allez y. faites vous plaisir. j'ai pas mal. j'ai jamais mal. » intriguée, la femme la regarda puis, quitta la pièce avant de revenir avec un autre médecin que l'adolescente connaissait. la docteure attrapa une aiguille stérilisée sans aucun produit dedans et la planta dans la jambe de la brune qui ne bougea pas. elle fit plusieurs petites expériences de la sorte. «
- mademoiselle grey, vous ne sentez rien ? vraiment rien ? » grey secoua la tête de gauche à droite. elle n'avait pas mal. jamais même. elle ne se souvenait pas avoir déjà eu mal un jour. «
- vous souffrez d’analgésie congénitale, mademoiselle. vous ne percevez pas la douleur. vos parents sont-ils dans le coin ? je voudrais les voir. » ébahie, wrènn regarda la femme. ce qu'elle avait toujours pris pour une force ou un don était en réalité une maladie. une putain de maladie.
13/08/2006. je sais que c’est dur d’être celui qui s’en va. mais bon sang, c’est pas non plus facile d’être celui qui reste. les larmes dévalaient ses joues. en ce moment, elle n'avait qu'une seule et unique envie : être égoïste. devenir la personne la plus égoïste que la terre n'ait jamais connu. elle voulait le garder. rien que pour elle. il était son frère et même si elle savait que ce jour devait arriver, elle ne pouvait se résoudre à le voir quitter le cocon familial. sans elle. logàn la laissait seule. elle lui en voulait. «
- beauté, t'inquiète pas, je vais revenir. je pars juste un an. » elle le regarda en reniflant. un an. ce n'était rien. d'ici un an, elle serait en terminale et s'apprêterait à quitter le lycée. lui en un an.... sera peut être mort. elle se refusait à penser ça et pourtant, l'image de son frère au front lui revenait sans cesse. «
- arrête ! franchement, t'es qu'un con ! » il posa son sac au sol et prit sa soeur dans ses bras. l’instant était émouvant. trop peut être. avec sa maladie, elle n'aurait pas dû souffrir, elle ne ressentait aucune douleur et pourtant, en voyant son frère s'envoler pour l'armée et l'afganistan, elle avait l'impression qu'on lui arrachait le coeur et que jamais elle ne s'en remettrait. pour la première fois, elle avait mal. «
- bordel d'enfer ! » elle tapa l'homme sur le torse et se sépara de son étreinte à contre coeur alors qu'il quittait le domicile familial. wrènn n'eut pas le courage de rester plus. prenant son portable, elle quitta à son tour la maison en courant. son regard suivit son frère pendant quelques minutes puis, elle repris sa course de l'autre coté. elle s'arrêta face à une maison, escalada le portail et, discrètement, elle fit le tour de la propriété. elle trouva la bonne fenêtre et après s'être assurée que personne ne la verrait, elle commença à grimper pour atteindre la chambre au premier. «
- aid' ? » malgré un reniflement peu sexy, elle avait murmuré. aidhàn était allongé sur le lit, endormi encore. wrènn regarda son portable. il n'était que huit heures. elle vira ses converses et se faufila dans le lit du jeune homme en posant sa tête sur sa poitrine. celui ci sursauta. «
- p'tit wrap.. » sa voix était toute ensommeillée et pâteuse. il se frotta les yeux et regarda sa meilleure amie qui pleurait silencieusement contre lui. «
- logàn, hein ? » elle n'eut pas besoin de répondre. il compris. il la connaissait par coeur. elle n'était pas sa meilleure amie pour rien après tout. le jeune homme passa ses bras autour d'elle et l'attira contre lui, la berçant doucement. «
- t'inquiète pas, mon p'tit wrap. il ira bien. ton frère va tous les avoir. » il embrassa le haut de son crâne et se rendormi tout aussi rapidement qu'il s'était réveillé tout en gardant la jeune femme chamboulée contre lui. «
- j'ai peur. et s'il revenait pas ? » elle sanglota de plus belle et ferma les yeux à son tour bien qu'elle se savait totalement incapable de s'endormir.
13/06/2009. ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. demandez-vous pourquoi ils ne le deviennent pas. devant tout ce qu’on peut perdre en un jour, en un instant... demandez-vous ce qui fait qu’on tienne le coup...la brune ferma les yeux et posa ses mains sur son ventre. sa respiration était calme. trop calme alors qu'un stress immense lui tiraillait les entrailles. cependant, la présence d'aidhàn arrivait à l’apaiser. «
- on va gérer le concours, p'tit wrap. tu verras. on est des big boss de la life ! » amusée par un tel langage qu'elle ne lui connaissait qu'en période de grande flippe, elle releva les yeux vers lui et commença à rire. «
- détend toi du string. c'est san francisco, bébé. au pire des cas, si on loupe la med, on trouvera toujours de quoi faire ici. » sa tête toujours posées sur le ventre de son ami, elle lui attrapa la main et entremêla ses doigts aux siens. ils allaient y arriver. ils le devaient. elle faisait ça pour que logàn soit fier d'elle. elle ne le voyait que peu. en trois ans, elle avait dû le voir quelques heures à peine. il lui manquait affreusement mais maintenant, elle avait aidhàn. il était là pour elle, quoi qu'il arrive. c'était lui qui l'amenait à l'hôpital quand elle faisait sa casse coup. et c'était de pire en pire. elle avait beau jurer prendre son traitement, elle ne supportait pas la vue des petites pilules et les laissait simplement dans leur boite. certes, ce n'était pas du sérieux et pourtant, ne pas ressentir la douleur était tellement mieux. ça avait tellement d'avantages pour elle. elle n'avait connu que ça et ne comptait pas changer les choses maintenant. cependant, la jeune femme fini par sortir de ses pensées lorsqu'elle aperçu les -peut être- futurs étudiants se diriger vers le bâtiments où les résultats étaient affichés. d'un bond, elle se leva, entrainant son meilleur amie avec elle. «
- aidhou, tu regardes pour moi. » «
- et toi pour moi. » elle acquiesça. main dans la main, à l'instar d'un couple, ils avancèrent à leur tour jusqu'au tableau des résultats, le coeur battant. «
- putain d'enfer ! t'es reçu, patate ! » «
- miss grey, bienvenue ! » elle lui sauta dans les bras et, durant quelques secondes elle le regarda avant de capturer ses lèvres. se rendant compte de son acte, elle s'en sépara et fit comme si de rien n'était. l'émotion sûrement.
22/09/2013. à la fac de médecine, on a plus d’une centaine d’heures sur comment lutter contre la mort. mais pas une seule sur comment vivre avec... les yeux bandés. ce qu'elle pouvait détester cette sensation. ne rien voir. ne pas savoir. elle s'accrochait à aidhàn comme à une bouée de sauvetage. accessoirement, elle lui plantait les ongles dans la peau mais celui ci préférait ne rien dire. «
- mais pourquoi tu fais ça ? je veux voir. » il se mit à rire sans pour autant lâcher wrènn et arrêter de marcher. il continua de la sorte pendant quelques minutes puis, arrivés sur la plage, il lui lâcha les bras. «
- attends maintenant. ne retire pas le bandeau de suite. » une moue boudeuse pris place sur son visage puis, la jeune étudiante croisa ses bras sur sa poitrine. sans rien comprendre à ce qui se passait, wrènn sentit le sol se dérober sous ses pieds et des bras l'encercler autour de sa taille de guêpe. elle commença à tournoyer dans les airs sans savoir qui la tenait. aidhàn, bien sur. ils n'étaient que tous les deux et pourtant, elle l'entendait rire. plus loin. elle réussi tout de même à virer le bandeau noir. «
- bon anniversaire, cul de babouin ! » un cri traversa la bouche de la jeune femme qui s'agrippa au cou de son frère comme une malade. des larmes commençaient à perler au coin de ses yeux bleus si rieurs. «
- logàn ! » elle se retourna vers son ami sans jamais lâcher son frère. «
- tu savais ? » aidhàn hausse les épaules et avec un large sourire, répondit. «
- surprise ! »