tu détestes pleurer devant les gens. tu as l'impression de n'être qu'une poule mouillée, une faible. et ça, tu ne supportes pas. à cet instant, tu te croyais seule. il y a quelques minutes, tu quittais le docteur macgregor, qui venait de t'annoncer que ta jeunesse était fichue, avec l'arrivée de cette "chose", qui grandissait de jour en jour dans ton ventre. qu'allais-tu dire à ta sœur, emily, qui espérait tellement de voir suivre le même chemin qu'elle ? et à aaron, ton petit-ami, le père du bébé ? il allait te quitter, à coup sûr. tu allais te retrouver seule, avec un gamin sur les bras, à seulement dix-sept ans. cette pensée te brisa le cœur et tu ne pus t'empêcher d'éclater en sanglots. c'est à cet instant, qu'elle est entrée ta vie. elle. cette petite brune, au teint pâle et au regard vide. elle n'a pas l'air triste mais plutôt calme. voir sereine. tout ce que tu n'es pas, à ce moment-là. elle te fixe, avant de lâcher, d'un air monotone, « t'es sur mon banc, là. »  tu ne dis rien, assez surprise. pour qui elle se prend, il n'y pas écrit son nom, après tout. « tu me crois pas ? regarde. » elle pose son doigt sur une partie de la structure de bois, où il y était grossièrement gravé, sûrement à l'aide d'une pierre, joe . « joe, c'est moi. elle te tend sa main,  secoue la tienne. « je m'appelle diana. » elle te sourit, tu tentes de faire de même. « tu pleurais, là, non ? » tu voudrais lui dire que non, mais à quoi bon. il suffisait de voir les traces de mascara et les larmes qui roulaient le long de tes joues pour qu'elle ait sa réponse. « je viens d'apprendre que je suis enceinte. » sa bouche forme un "oh", elle s'assoit et murmure, d'air franc, « je suis désolée. » moi aussi, penses-tu. le silence s'installe, tu observes discrètement joe. tu te demandes d'où elle vient. si son nom est gravé sur le banc, elle doit être là depuis longtemps. tu t'apprêtes à lui poser la question, mais elle te devance. « moi, il y a trois semaines, j'ai appris que mon coeur allait me lâcher. bientôt. c'est un compte à rebours, maintenant. » cette façon, si nonchalante, de t'annoncer la chose, te cloue sur place. tu te sens stupide, d'un coup. de pleurer. d'être là, sur ce banc. « je.. » « ne t'excuse pas. trop de gens le font, ça me fatigue. c'est pas d'votre faute, après tout. »