nom : Snowhawks. littéralement, faucon des neiges. assez poétique, le nom de la demoiselle parait trop long à certains, et il se trouve souvent raccourci en « snow », tout simplement. prénoms : Darwin, en l'honneur du biologiste ; puis Atlas. des prénoms plutôt originaux, qui suscitent souvent un sourire en coin quand elle les énonce. on se demande bien où ses parents ont pu trouver ça. affectueusement, on l'appelle Winnie, mais elle n'aime pas ça. âge : 27 ans dans peu de temps, on est pas à quelques jours près. elle aime croire qu'elle parait plus jeune. lieu et date de naissance : le dix octobre, à la Nouvelle-Orléans en Louisiane. la capitale des pianos-bars et des alligators par excellence. mais bon, le jazz, c'était pas trop son truc. statut civil : dans le genre mariée avec le célibat, on fait pas mieux. son dernier petit ami c'était, quoi, en primaire ? métier/occupation : elle est ambulancière, accaparée jour et nuit par son métier qu'elle adore. c'est peut-être ça qui l'empêche d'avoir une relation stable, en fait. nationalité : une américaine, une vraie. quoique avec deux-trois gouttes de sang hispanique du côté de sa grand-mère, mais très dilué tout de même. orientation sexuelle : hétérosexuelle, en principe. mais elle préfère ne pas se prononcer sur le sujet, puisque selon elle, l'amour frappe comme la foudre, et ça ne se contrôle pas. enfin de son côté, l'amour ne frappe pas du tout. on dirait plutôt qu'il a prit ses jambes à son cou. caractère : cynique, téméraire, pragmatique, bornée, sarcastique, paresseuse, mature, rêveuse, maligne, indomptable, sociable, calme, doucereuse, subtile, observatrice, autonome, dure, perfectionniste, courageuse, bordélique. groupe : scrubs. avatar : oona chaplin.

✂ l'hôpital t'y vas souvent ? Faire le trajet, yep, carrément, je pourrais le faire les yeux fermés. Pour ce qui y d'y trainer, je m'attarde pas. Avec l'odeur d'antiseptique, les mômes qui chialent et qui vomissent et les infirmières qui courent partout, c'est trop oppressant pour moi.
✂ quand t'as un bobo, tu pleures ou t'es du genre à prendre les devants et à te recoudre avec ce que t'as sous le coude en mode mc gyver ? Quoi, j'ai le bras à moitié coupé ? Don't worry, file moi du scotch, du sopalin, une épingle et c'est réglé, mon gars. Bisous, hein.
✂ quand t'es malade, t'es du genre repas fait de médocs ou médecine douce ? Me bourrer de médocs, pour guérir vite. Médecine douce, tout ça, c'est pas mon truc, c'est trop long et j'ai pas le temps d'attendre que la cure de tisane fasse effet. Alors je m'enfile des antibiotiques en kilos par minutes, pour que ça soit guérit en une dmi-journée.
✂ tu mets ta santé en danger ? tu fumes, tu bois ? Je conduis comme une folle, mais je suis payée pour ça, l'adrénaline, tout ça, mais je sais pas si ça entre en compte. Fumer, boire, j'ai essayé, mais j'ai laissé tomber parce que toutes les interventions sur le cancer, c'était trop chiant.
✂ t'as des problèmes de santé connus ? Bah pas à ma connaissance, donc non. A part si vous considérez le goût du risque comme une maladie.
✂ ta famille t'a transmis des antécédents médicaux pas très glorieux ? A part une forte tendance à la boisson abusive du côté de mon père, il n'y avait pas grand chose à transmettre, que je sache. Et heureusement, j'en ai même pas hérité.
✂ t'es du genre allergique ? t'attrapes souvent le premier virus qui passe par là ? Allergique aux mémés qui appellent parce qu'elles se sentent seule, ch'uis presque médecin, pas assistante sociale ! Sinon, 'faut croire que je repousse les virus autant que l'amour. Je suis pas tombée malade depuis à peu près autant de temps que j'ai pas eu une relation stable, tu vois.

La nuit avait été atroce. Une fièvre incroyable. Une migraine à vous liquéfier le cerveau. L'impression qu'on avait coulé du plomb dans vos entrailles. Enfin, la grippe, quoi. Pour un résultat optimal de deux heures de sommeil, félicitation. Malgré ça, le réveil ne s'était pas fait attendre. Et pour ceux qui rêvent d'une petite tisane, d'un regard apitoyé et d'un câlin, désolée de heurter votre sensibilité. Lève-toi demi-portion, la cuisine est dégueulasse, rends-toi utile. J'veux qu'ça brille, qu'on puisse lécher le sol ! J'avais simplement répondu par une quinte de toux, mais de peur qu'il se sente d'humeur violente ce matin, je m'étais levée sans protester. Mon père, comment dire... ça n'a jamais été l'amour fou entre nous. Comme vous pouvez le voir, il a toujours semblé préférer la compagnie d'une bonne bouteille de vodka. Je me demandais même s'il connaissait mon prénom, à une époque. J'ai descendu les escaliers en trainant des pieds, mais sans râler trop ostensiblement, parce que ça avait le don de le mettre dans une colère noire, allez savoir pourquoi. Et j'ai fait ce que j'avais à faire, parce que de toutes façons, je ne pouvais rien faire d'autre. Avec un père alcoolique, c'est assez difficile de faire valoir ses droits sans finir à moitié éclaté sur le parquet, vous voyez. Putain, mais il faut pas dix heures, nan ?! La claque avait été cinglante, comme un plongeon dans de l'eau glacée. Et comme une poupée de chiffon, je m'étais étalée sur le sol, en me tenant la joue. Mais le plus douloureux, ç'avait été le regard apitoyé de ma mère, qui s'était rapidement retournée à la préparation du repas. Elle est faible. Trop faible. Elle a toujours tout laissé passé, en trouvant toujours des excuses à mon père. Elle n'a jamais prit ma défense, et pour ça, je ne lui pardonnerais pas. Jamais. J'avais treize ans, j'étais la fille, alors elle aurait du me protéger. Mais non, elle s'est contentée de se casser du jour au lendemain, sans moi. Allez, hop, bye bye, je te laisse avec ton père, cet homme aimant. Conneries.


Un ronflement sonore s'élève dans la salle, suivi d'un petit gloussement. Je termine en un coup de crayon la caricature hideuse dessinée sur la table, puis je donne un petit coup de coude à Sawyer, qui se réveille en sursaut, ses yeux noisette interrogateurs devant mon visage rouge à force de me retenir de rire. Puis le prof se retourne. Miss Snow, vous vous pensez trop intelligente pour suivre mon cours ? Mon sourire s'efface un instant devant les sourcils froncés, et c'est au tour de Sawyer de ricaner. Pourtant, fièrement, je lève la tête, un sourire narquois plaqué sur le visage. Disons, monsieur, que je trouve votre manière d'enseigner particulièrement... captivante. Et d'un air détaché, je recommence à dessiner sur la table. Que j'étais conne. Mais en même temps, avec le magnifique contexte familial dans lequel je vivais, comment voulez-vous que je sois stable ? Et puis les professeurs du lycée dans lequel j'étudiais (plus ou moins) étaient habitués, à notre petit duo. Sawyer, c'était mon premier et mon vrai meilleur ami. On avait seize ans, on était stupides et on n'aimait pas l'école. Alors on faisait n'importe quoi. Peut-être que si j'avais vraiment bossé, à seize ans, plutôt que de me teindre les cheveux en rouge, j'aurais pu être médecin. Peut-être. Eh bien puisque vous êtes si intelligente, vous resterez après les cours pour décoller les chewing-gum sous les tables. La plupart vous appartiennent, miss Snow, ça ne devrait pas vous poser de problème. C'est clair ? Soupir exaspéré. Encore une heure de colle. Il ne pouvait pas comprendre que ça ne changerait pas mon comportement ? J'allais répliquer vivement. Mais Sawyer m'a coupée avec un regard qui aurait clairement fichu la trouille à Hannibal Lecter. Limpide. Son regard me hurlait de me taire, alors par égard pour lui, je me suis contentée de croiser les bras, de me tasser sur ma chaise, et de dessiner sur mon cours plutôt que sur la table. Voilà, en clair, comment se sont passées mes années de lycée. Et de collège. Pour quelqu'un qui bossait seulement les jours impairs des années bissextiles (autant dire pas souvent), je m'en sortais pas trop mal, avec juste la moyenne. Enfin, j'aurais pu avoir plus, si j'avais voulu. Quoique en dehors des langues vivantes et de l'art, je ne m'illustrais pas par mon absolu génie ; désolée pour mon homologue biologiste.


Baillant ostensiblement, installée d'une manière on ne peut plus irrespectueuse sur le fauteuil (à savoir, les jambes sur l'accoudoir), je fixais depuis une bonne demi-heure la psychologue de mon lycée. Enfin, la conseillère d'orientation. Ou quelque chose comme ça. Trouvant un soudain intérêt à mon vernis, j'ai baissé les yeux, et elle n'a même pas fait l'effort de réprimer son soupir désespéré. Elle haussa tout de même les sourcils, comme pour me poser une nouvelle fois la question. La prenant en pitié, dans son monologue, je me suis assise de manière à la regarder, en croisant les bras. Ch'ais pas. P'têt un truc comme médecin. Elle soupira une nouvelle fois, et commença à farfouiller dans ses papiers, m'ignorant totalement. Non, je ne savais pas ce que je voulais faire plus tard. Et je n'avais pas envie de savoir. Alors pourquoi elle m'emmerdait toujours autant à ce sujet ? A vrai dire, j'étais un peu naïve, à l'époque. Autant dire conne, en fait. Mais bon, on est tous stupides, quand on a dix-huit ans. La conseillère fit non de la tête, puis me regarda par dessus ses lunettes. Vous savez qu'il faut compter plus d'une dizaine d'années d'études ? Une nouvelle fois, j'ai admiré mes ongles. J'avais tellement hâte d'en finir. Et puis avec vos résultats, ce n'est même pas la peine d'y penser. Vous ne réussiriez même pas la première année. Elle eu un sourire condescendant qui me donna envie de lui arracher la tête. Ou comment dire joyeusement que je suis stupide.  Elle recommença à chercher je-ne-sais-pas-quoi dans ses papiers avec une lenteur religieuse, alors que moi, je sacrifiait ma pause pour être là avec elle. Je peux partir maintenant ? demandais-je avec un ton faussement respectueux (300% hypocrisie, s'il vous plait.), et un sourire visiblement forcé. Elle a fait non de la tête, et moi, j'ai serré les poings. Puis elle sortit un papier d'une pile, qu'elle me tendit. Avec le sourire commercial, toujours. De mauvaise grâce, j'ai tendu la main, et survolé le texte des yeux. Vos camarades disent que vous avez eu votre permis de conduire en un sans-faute. Vous avez déjà pensé au métier d'ambulancière ? Non.


Ma valise dégringolait allègrement dans les escaliers, créant un boucan infernal dans la petite maison. Il allait forcément réagir. Lever ses fesses du canapé pour venir m'en coller une ou deux. Alors avec mon sac sur le dos, quand je l'ai vu m'attendre dans le couloir, j'ai quand même tiqué, un moment, mais je me suis vite reprise. Sourire narquois sur les lèvres, regard haut et fier, j'ai ramassé ma valise, et j'ai marché jusqu'à la porte d'un pas assuré. Ou que je voulais assuré, en tout cas. Mon père/loque/connard/maltraiteur d'enfants (rayer la mention inutile) a lâché un rire gras. Tu crois qu'tu vas où comme ça ? J'ai presque déchanté, à ce moment, voyant mes peurs infantiles revenir au galop, mais j'ai serré les poings, et ouvert la porte. La majorité, l'âge de la libération. Depuis le temps que je l'attendais, lui. J'ai plaqué sur mon visage un sourire rayonnant, j'ai soulevé ma valise, et je l'ai honoré de mon majeur. Je sais pas. Loin. Et j'ai claqué la porte derrière moi. Bon, j'avais pas de voiture, pas thune (enfin, un peu, mais j'étais pas Crésus quand même, quoi.) alors j'ai marché. Pas jusqu'à San Francisco,  hein, non. J'ai juste traversé le pâté de maison pour aller sonner chez Sawyer. Mais bon, mon Dr Waston, mon Ron Weasley, mon Clyde, il m'avait un peu laissé en plan, pour le coup. Mais vraiment en beauté. Quoi ? Mais il est parti pour New York, tu n'étais pas au courant ? (dit-elle en toute innocence.) En fait, je me suis sentie vraiment stupide, sur le moment. Tellement que je suis restée plantée là, que j'ai rigolé, incrédule. Puis j'ai fait demi-tour. Mais après mon départ en fanfare, je pouvais pas retourner chez moi. Le prochain vol pour lequel il reste une place, n'importe lequel. San Francisco ? Ok. Bon, voilà, vous savez où est passé mon peu de richesse. (Bon, nan, je plaisante, je suis pas partie vraiment à l'improviste comme ça, j'avais déjà cherché une colloc', un job chez KFC et un endroit pour finir ma formation, en fait.)


Un corps recroquevillé sur le bitume. Du sang. Ce jour-là, c'est le jour où j'ai pris la décision la moins honorable de toute ma vie. Fuir. Simplement. C'est tellement plus simple de fuir plutôt que d'assumer la responsabilité d'un crime en face. J'ai paniqué, c'est tout. Pourtant, d'habitude, je gère bien le stress, je sais faire face à des imprévus, je sais improviser. Mais là, à ce moment-là, je crois bien que mon instinct d'initiative avait pris des vacances. L'heure tardive, peut-être. Un verre de trop, sûrement. Trois putain de secondes d'éblouissement avaient suffit à faire basculer la vie de quelqu'un. Le choc avait été sec, et malgré mon esprit embrumé par l'alcool, j'avais réussi à me lever, à tituber jusqu'au jeune homme, et à décrocher mon téléphone. Il y a un homme, sur la route. J'crois qu'il a perdu beaucoup de sang de la tête. J'sais pas si il est mort. La brume dans mon cerveau me faisait dire n'importe quoi. Ironie du sort, je venais d'obtenir mon diplôme d'ambulancière dans la journée, youpi ! cette pensée m'avait fait ricaner amèrement. J'ai vu les lumières de l'ambulance - ahah ! - au loin, alors je suis montée dans ma voiture, et je suis partie. Où ça ? rentrer chez moi, continuer ma misérable vie alors que celle d'un homme était sur la balance par ma faute. Mais moi, moi, j'étais rentrée chez moi, comme tous les soirs. J'avais allumé la télé, comme tous les soirs. J'avais foutu un plat à réchauffer dans le micro-onde, sortit une canette de coca, prit ma douche, alors qu'il était à moitié mort. Et je crois que le moment où j'ai vraiment compris, où j'ai vraiment réalisé, c'est quand je me suis recroquevillée dans mon canapé. Je suis une ambulancière misérable. Et cette déclaration avait été accueillie par un silence glacial. Puis finalement par un éclat de rire de ma colocataire. J'vais pas nier, hein ! J'ai gloussé, un peu. Mais j'avais quand même un poids sur le cœur.