Dans les photos de famille des personnes normales, on voit des jolis enfants aux joues adorables jouer avec un chien endormi. Dans celles des Reddington, on voit un jeune garçon roux gonflé par la maladie. Les premières photos d'un joli nouveau-né dans un berceau jaune deviennent rapidement celles qui illustreraient un dictionnaire médicale à la voix ''Méningite'', si quelqu'un y mettait les mains dessus. Taylor & Coleen. La jumelle du sourd relève le niveau avec ses quelques cheveux roux sur le crâne, mais c'est impossible d'ignorer les conséquences de la maladie de Taylor. On voit une femmes pliée par l'âge s'occuper des deux jumeaux, sans personne à côté. La fille a abandonné ses enfants, et elle ne pouvait pas les laisser dans un orphelinat. Son mari a été kidnappé par la faucheuse peu après, en la laissant seule, avec deux petits-enfants à garder et une fille trop concentrée sur sa carrière pour l'aider. Elle pensait de toucher le fond. Elle pensait que sa vie ne pouvait que s'améliorer. Elle pensait de savoir ce qui allait se passer, que la vie avait déjà déversé tout le mal possible sur elle. Mais elle se trompait.

Les larmes coulaient à flots sur les joues de l'enfant alors que ses mains déformaient l'habit violet de sa grand-mère. Son cœur était brisé. Le voir dans cet état lui donnait envie de le prendre dans ces bras et le ramener chez elle pour lui faire manger un peu de confiture aux fraises. Cependant, l'expression fermée du médecin la forçait à convaincre Taylor de s'asseoir sans essayer de sortir. De plus, c'était pour son bien. Depuis sa naissance, les docteurs savaient qu'il y avait quelque chose qui clochait avec les oreilles du jeune enfant. Elle espérait que tout s'améliore, mais apparemment ça n'avait fait qu'empirer. Et puis, il y avait eu cette foutue méningite... La fièvre brûlante, les cris déchirants, les vomissements, les tâches rouges sur la peau. Le quotidien de la Reddington était composé par ça. Elle a fini par emmener Taylor à l'hôpital, en ramenant Coleen par la même occasion. La jeune fillette ne comprenait rien à ce qui se passait. Elle partageait son temps entre le sommeil dans une petite chaise offerte par les médecins et les moments où elle s'amusait avec les infirmiers et les enfants qui se trouvaient dans l'hôpital. Son quotidien était beaucoup plus joyeux que celle de son frère et de sa grand-mère. Le premier était la cible de nombreux traitement et analyses, la deuxième des discours fort décourageants de la part des hommes et des femmes aux tenues blanches. L'orthophoniste qui se trouvait dans la salle pensait d'être rassurante, mais elle ne faisait qu’accroître l'angoisse de la femme. Elle sentait la sueur couler dans son dos, pendant que les docteurs appuyaient sur les touches destinées à produire du son dans l’exiguë pièce où se trouvait Taylor. Elle avait envie de débrancher la machine pour sauver le jeune roux en larmes et le consoler, mais elle ne pouvait rien faire. Elle se sentait inutile. Useless. Un pli se formait entre les deux sourcils de l'aîné des spécialistes, alors qu'il augmentait la puissance du son. Vingt décibels. Quarante. Soixante. Cent. Cent-et-onze. Ashley Reddington arrêta de regarder l'écran qui affichait le son. Elle ferma les yeux. Et elle commença à compter. Un. Deux. Trois. Quatre. Une main se posa sur son épaule. Elle se força à ouvrir les yeux pour regarder les prunelles bleues de la femme qui se trouvait devant elle. En la regardant, elle commença à comprendre. Elle refusait d'entendre ça. Elle ne voulait pas que ça se passe ainsi. La vie lui avait déjà arraché son mari et sa fille. Pourquoi s'acharner sur ce pauvre enfant? « Madame... Votre petit-fils est sourd. »

Briseur de couples. Se pavaner sur une moto aux sièges plus confortables que le trône des rois. Regarder les duos amoureux se briser à cause de son ennui, filles et garçons à ses pieds. L'amour aurait été un outil pour s'amuser dans ses mains. Il aurait joué avec les sentiments des personnes se déclarant amoureuses de quelqu'un jusqu'à la mort et au-delà. The homewrecker in his fullness. Héros. Vénéré par ses pairs, aimé par les autres. Il aurait pu marcher entouré par une foule de personnes ne désirant qu'une chose: le connaître, vérifier son existence. Il aurait été gâté par ses exploits, inscrit dans les mémoires des adolescents, qui raconteraient son histoire au futur. Il aurait pu profiter de la vie donnée par l'amour de ses semblables et par ses prouesses. Père de famille. En quête de quelqu'un avec qui partager une vie de souffrances et de douleurs à subir pour le bonheur d'un paire d'enfants à chérir et accompagner dans la dure épreuve qu'est la vie. Vieillir à côté d'une femme aimante et pliée par l'âge, mourir aimé. Amant. Répondre à chaque heure du jour et de la nuit, en espérant de revoir son amour le lendemain. Acheter des fleurs et des boîtes de chocolat pour une personne spéciale, à laquelle offrir son âme et son futur. Vivre dans la conviction de pouvoir compter sur l'amour jusqu'à la fin. Le tyran. Celui qui n'hésite pas à écraser les sentiments et les joies des autres pour ses profits. Celui qui change d'amis à chaque aurore, sans se soucier des conséquences, prêt à tout pour gravir les échelons de la hiérarchie sociale, à coups de trahisons et de méchancetés. The wallflower. Regarder les autres s'amuser sur la piste de danse, un verre de jus d'orange à la main. Il aurait été une épaule sur laquelle pleurer, une oreille attentive, quelqu'un digne de confiance. Un peu bizarre, mais attachant. Celui dont on connaît à peine l'existence, jusqu'à qu'on soit obligé de le côtoyer. Il aurait pu être tout ça et bien d'autres choses. Mais la vie avait en décidé autrement, apparemment.

Il voulait serrer la main pâle qui ressemblait à la sienne. Il espérait que la main de sa sœur puisse accueillir la sienne sans broncher. Il savait qu'elle l'aurait fait, qu'elle était prête à l'aider sans pleurer. Elle l'avais toujours fait, et elle n'allait pas le lâcher aussitôt. Cependant, ses bras restaient collés à ses côtés. Il ne voulait pas que les autres gamins puissent se moquer d'elle en disant qu'elle n'était qu'une pauvre idiote qui s'occupait d'un pauvre garçon malchanceux. Il n'avait pas envie qu'elle souffre à cause de lui, même s'il avait besoin d'elle. Il commençait à apprendre à lire sur les lèvres des autres personnes, mais si les sons sortaient d'un ordinateur ou de quelqu'un qui ne le regardait pas directement, avec une diction particulière, il était ne pouvait pas comprendre. Elle était vitale pour sa survie. Sans elle, les autres enfants entendants l'auraient bouffé comme des coyotes. À l'époque, il n'avait pas encore intégré une école réservée aux enfants sourds. C'était une école identique aux autres, où il était le garçon étrange, qui ne savait pas entendre, celui auquel il fallait faire attention. Les enseignants essayaient de séparer Taylor et Coleen pour qu'ils puissent s'intégrer et se faire des amis, mais l'enfant aux cheveux flamboyants fondait en larmes beaucoup trop souvent pour qu'il puisse être ignoré. Rapidement, Taylor était devenu quelqu'un sur lequel faire des blagues idiotes et puériles. Ils n'étaient que des enfants. Dans une trentaine d'années, ils seront des directeurs, des maris, des oncles. Ils regarderont la photo de classe, en se demandant pourquoi ils martyrisaient le pauvre sourd sans essayer de le comprendre. Ils seront submergés de regrets et de nostalgie et se demanderont pourquoi ils étaient si méchants. Mais tout ça ne va pas rendre la douleur de Taylor moins forte. Le passé va devenir son présent et son futur. Il va toujours penser à sa sœur en train de le défendre, le sang monté aux joues, la colère dessinée sur ses traits. IL va toujours se demander si c'était de sa faute, s'il était celui qu'on aurait dû changer et supprimer. Son fessier ne va jamais quitter le béton dur et irrégulier de la cour de l'école. Il va toujours être le petit enfant affaibli par les insultes qu'il ne comprenait pas et sans défenses contre le monde. Quand ses pieds vont l'emmener devant cette petite école en briques, il ne verra que sa sœur qui le protège avec sa force contre des gamins qui n'étaient pas conscients de ce qu'ils faisaient. Sa grand-mère sera toujours la femme forte qui console ses petits-fils sans broncher, en vivant pour eux. Les mains de Taylor et Coleen vont rester attachées, en attendant le repos éternel. « Hein, tête de teub, t'entends ? »

Finalement, Ashley Reddington réussit à inscrire Taylor à la California School for the Deaf. Le jeune roux pouvait enfin laisser derrière lui les moqueries et les insultes de ses camardes entendants. Il allait enfin découvrir qu'il n'était pas seul, qu'il y avait des personnes comme lui. Cependant, il y avait quelque chose qui lui faisait du souci. Coleen. Elle allait se retrouver seule dans son école. Ils allaient devoir être séparés, Coleen ne pouvant pas fréquenter l'institution réservée aux sourds. Il ne voulait pas la laisser seule contre cette bande d'hypocrites qui avaient pourri son enfance, mais il était obligé. Il en avait marre de devoir exploiter sa sœur pour comprendre les cours et il voulait... peut-être qu'il voulait tout simplement se sentir à sa place, sans devoir faire des efforts pour survivre dans une jungle de méchants. Il avait envie de voir l'autre côté du miroir. L'été glissa lentement mais inexorablement, et les deux jumeaux étaient prêts (façon de parler) à être séparés pour la première fois. L'angoisse qui occupait le ventre de Taylor ne faisait que grandir, jusqu'à que pour la première fois, un garçon de son âge lui parla en langage des signes. « Comment tu t'appelles? » Le jeune roux ne parlait en ASL qu'avec son interprète, sa grand-mère et Coleen. Et pour la première fois, il avait trouvé quelqu'un de son âge, quelqu'un comme lui avec qui parler.  « T-a-y-l-o-r. » Un sourire illumina les lèvres du garçonnet, qui attendait ce moment depuis des siècles. « Je suis Jake. » Le bras du dit Jake se posa sur les épaules de Taylor, alors qu'ils rentraient dans le bâtiment de cément. Et pour une des premières fois, il se sentait heureux.

Te voilà désormais (presque) validé !
   Avant toute chose, nous te demandons juste de passer recenser ton avatar. N'oublie pas non plus de recenser ton métier.
   Une fois que ce sera fait, précise-le et nous te rajouterons enfin à ton groupe et nous te mettrons ton rang, ce qui te permettra de passer à la suite

   Après ça, tu peux aller créer ta fiche de liens puis ta fiche de sujets. Ne te reste plus qu'à faire un petit tour dans la partie parrainage si tu ne veux pas te sentir perdu sur le forum ! La partie rp et la partie hors-rp te sont maintenant ouvertes
   Enjoy