Je suis née le 14 juillet 1988, à Des Moines, dans l'état de l'Iowa. Peu après ma naissance, ma mère a disparue, en laissant seulement une seule note sur le frigo, un simple « désolé ». Trop petite lors de son départ, je n'ai jamais souffert de son absence. La femme que je considère ma mère est celle que mon père a épousée, deux ans après le départ de ma génitrice. Appelée Joanna, elle sera ma figure maternelle, celle qui m'apprendra tout ce qu'une petite fille doit apprendre de la part de sa mère. Je grandis avec l'envie de devenir chanteuse, comme beaucoup de petite fille, mais je n'aurais jamais le courage de me lancer. Je suis une musicienne qui a rangé sa guitare et qui ne la sort que pour jouer devant la foule que représente son chien. Oui, j'ai un chien au fait. C'est un berger blanc suisse qui s'appelle Haldir. Oui, comme l'elfe dans le Seigneur des Anneaux, je l'aime bien lui. Bref ouais, je voulais être chanteuse, mais le destin en a décidé autrement. J'ai toujours eu des facultés à l'école, mais cela ne m'empêchait pas de bosser, afin d'avoir plus tard le plus de choix possible en matière d'orientation.

C'est sans grande conviction que je décide de faire médecine après le lycée. Ça c'est un peu joué au hasard pour être franche, ne sachant vraiment pas quoi faire pour gagner ma vie. Si j'avais eu les couilles, je me serais produite dans les bars en attendant de trouver une maison de disque, mais que voulez-vous. Grâce à mon travail, j'entre à Harvard, sous le regard fier de mes parents. Pour moi, il ne s'agit là que d'une option afin de ne pas rester chez moi à me tourner les pouces. C'est là-bas que je le rencontre, celui avec qui je passerais plusieurs années de ma vie. Lors de notre rencontre, dans un cours en amphithéâtre, je n'aurais pas imaginé vivre une relation pareille avec un gars comme lui, introverti et peu sûr de lui. L'opposé complet de ma personne et pourtant, il sera celui que j'ai longtemps considéré comme l'homme de ma vie. Les semestres passent et j'avance dans le programme, sans grande conviction. J'ai failli changer d'orientation, pour aller en psychologie, mais mes potes de fac m'ont « kidnappée » et j'ai dû rester en médecine. De toute manière, qu'importe où je vais, je ne saurais quoi faire plus tard.

Mon diplôme en poche, c'est vers San Francisco que je me tourne afin de faire mon internat. J'ai toujours aimé voyager et c'est donc pour cette raison que j'ai préféré aller à l'autre bout du pays afin de continuer dans ma branche. Mon petit-ami m'a suivi, je ne sais pas si j'aurais fait la même chose de mon côté. Oui, j'étais amoureuse de lui, mais j'ai toujours voulu garder une certaine indépendance. Me voilà donc rendue à San Francisco, prête à commencer cette nouvelle étape de ma vie. Beaucoup de personnes m'avaient dit que l'internat, c'était l'horreur. Je ne trouve pas. J'adore avoir à courir partout dans l'hôpital, cela me donne de l'adrénaline. Je vois tous les autres internes autour de moi, faisant tout leur possible afin de se retrouver dans leur service favori, mais de mon côté, j'explore un peu partout, ne sachant toujours pas quoi faire de ma vie. Qu'importe le service où l'on m'affecte, je m'y fais sans problème. Je n'aurais pas imaginé aimer autant bosser à l'hôpital, surtout après avoir choisi médecine sur un coup de tête.

C'est un soir de garde, en cardiologie, que ma vie a pris un nouveau tournant. Un patient avait appuyé sur le bouton d'appel et je m'étais précipité vers sa chambre. Le policier à la porte m'avait fait comprendre que la personne derrière cette porte n'était pas un patient comme les autres. En entrant dans la chambre, je découvris cet homme visiblement plein d'assurance. « J'ai pensé que personne ne viendrait. » Je m’avançai dans la pièce, essayant de deviner pourquoi il avait appelé, alors qu'il semblait bien. « Vous êtes malade et vous avez appelé, je ne vois pas pourquoi personne ne viendrait. » Je devais sûrement afficher un visage surpris à ce moment, alors que je vérifiais ses constantes. « Les gens dans ce service ont peur de moi, mais vous êtes une nouvelle tête. J'aime bien, ça change de ceux qui n'osent pas vous approcher ou qui prennent tout leur temps pour venir vous aider. » Je l'écoutai attentivement, ce dernier égayant ma curiosité comme personne. « Et vous avez fait quoi pour que les gens ne vous approchent jamais et que votre chambre soit gardée par un policier ? » Il afficha un sourire malicieux, visiblement surpris de voir quelqu'un s’intéresser à lui. « Vous me promettez de ne pas quitter cette chambre comme une furie, comme cette infirmière que j'ai eu hier ? » Je laissai s'échapper un léger rire et hochai la tête de haut en bas en signe de oui. Il prit par la suite une grande inspiration. « Si vous insistez... J'ai tué ma fiancée et sa meilleure amie. Avec une pelle. » La seule chose que je répondis vu un « oh ». Ce n'était pas vraiment ce à quoi je m'attendais. Mais je ne bougeai pas. Et une seule phrase me vint en tête. « Et vous les avez enterrées avec cette pelle, non ? Vous n'avez pas dû creuser assez profond alors. » J'éclatai de rire, tout comme lui. Allez savoir pourquoi j'avais rendu la situation amusante. « Je vous aime bien. Faites attention, je vais demander à ce que vous soyez mon médecin. Je souris en baissant la tête, fascinée par ce personnage hors du commun. Je relevai le coup en me rappelant mon devoir. « Oh, pardonnez-moi, j'avais oublié la raison de ma venue. Vous avez besoin de quoique ce soit ? » Il afficha un air surpris, lui aussi ayant aussi visiblement oublié l'appel qui m'avait conduite ici. « Ah oui, ça me revient. Le type qui a fait mes soins en dernier a éteint la télévision au lieu de la mettre en veille. Résultat, je ne peux pas regarder cette série débile qui passe en plein milieu de la nuit. » J'hochai la tête de gauche à droite en posant mon front dans ma main. Quel idiot. Je me dirigeai vers la télé et appuyai sur le bouton marche. Il m'afficha un grand sourire. « Merci bien jolie demoiselle ! » Je m'étais déjà rapprochée de la porte ; je me retournai donc pour le regarder. « Jessamine. Appelez-moi Jessamine. Je suis visiblement la seule personne ici qui montre un peu de sympathie à votre égard, alors autant mieux se connaître, non ? » Il me sourit en faisait un oui de la tête. « Emrys. » Je sortis ensuite de sa chambre, ne sachant pas quoi penser de cette rencontre et surtout, de cette fascination qui m'avait directement envahie. Au fil des jours, j'appris à connaître Emrys, la raison de sa présence à l'hôpital, son futur séjour en psychiatrie... Je décidai de rompre avec mon petit-ami, après près de sept ans de relation, ne me voyant pas rester avec lui. Mais je savais au fond de moi que Emrys n'y était pas pour rien.