« Ne pleure pas ma chérie, tu es en sécurité, tu es dans ton lit près de moi. D’ailleurs tu entends battre mon cœur pour toi ? » Ces paroles, je ne pourrais jamais les oublier, il était mon père, il était mon protecteur. Je le vois dans les fleurs blanches poussant devant ma maison et je le vois surtout dans mes rêves. Il sera toujours celui qui m’a fait vivre, celui qui a fait battre mon cœur et celui qui m’a donné toute cette force pour me battre. Il me montrait l’exemple, il m’a tout appris de A jusqu’à Z. C’est grâce à lui que je suis devenue une femme, que j’ai autant grandie dans ma tête. C’est à lui que je dois tout, c’est lui qui m’a donné l’envie de devenir une grande chirurgienne. C’est grâce à ses passages dans ma tête que je ne baisse plus les bras. Car de le voir mourir petit à petit dans son lit d’hôpital m’a donné envie de tout faire pour aider les autres personnes. J’ai souffert comme lui il a souffert, j’ai ressenti sa douleur, j’ai senti sa tristesse. Pendant des années je l’ai vu diminuer un peu plus, il ne faisait plus rien, il ne pouvait plus rien faire. Son visage se creusait de plus en plus, des cheveux blancs commençaient à apparaitre. Il mourrait petit à petit et personne ne levait le doigt. Personne ne faisait quelque chose pour atténuer ses douleurs. Il était là sur son lit d’hôpital à me regarder quand je lui dictais une histoire ou quand je lui racontais ma journée. Des fois, il m’arrivait que je m’endorme le long de son lit car celui-ci faisait une sieste. Jusqu’au jour où j’allais lui rendre visite comme chaque jour, j’arrivais devant sa chambre et des infirmières courrais partout. Je m’approchais un peu plus pour voir ce qui se passait et là, je voyais mon père inconscient, s’enfonçant un peu plus dans le néant. Ils faisaient tout pour le ramener, les larmes coulaient à flots et je devais assister à cette scène derrière les fenêtres. Je ne pouvais pas lui dire au revoir, je ne pouvais lui dire à Dieu. Je savais que je n’allais plus jamais le revoir, je n’allais plus pouvoir le prendre dans mes bras et dormir près de lui. Il allait enfin partir rejoindre le ciel et me surveiller là-haut. Sa douleur allait enfin se calmer, il allait pouvoir me surveiller sans avoir mal. Mais pourtant même si j’étais triste, je ressentais ce soulagement au fond de moi. J’étais contente qu’il ne souffre plus, il n’attendait que ça depuis des années. Cela faisait quatre ans qu’il souffrait à cause d’une maladie peu connue. Avant j’avais toujours voulu devenir une petite princesse, je voyais le monde en rose. Malheureusement avec ce qui s’était passé, j’avais décidé de changer, grandir et trouver une envie particulière. Cette envie est venue en venant tous les jours à l’hôpital, voir ces personnes courir partout pour sauver et aider des personnes. Cette envie est venue en voyant mon père dans cet endroit et que personne ne pouvait y faire quelque chose. C’est à partir de mes quatorze ans, que j’ai commencé à bosser en cours. Je devenais une élève sérieuse car je savais parfaitement que si je voulais faire ça, je devais être la meilleure. Je devais tout donner ce que j’avais et je n’avais pas le droit de baisser les bras, c’est ainsi que j’ai commencé à étudier la médecine. Je voulais devenir une grande chirurgienne, j’ai donc suivi des longues études. Je n’avais plus le temps pour moi, je devais toujours en permanence réviser et apprendre. Cela m’arrivait de rester dans ma chambre sur un livre jusqu’à minuit. J’annulais des soirées car je n’avais pas le temps pour voir mes amis. Mais il m’arrivait de faire des pauses et de souffler pour profiter tout de même de ma vie. J’ai donc fait plusieurs années dans la méd school avec des amis et je peux vous le dire, ce n’est pas simple. Et les professeurs n’étaient pas là pour nous soutenir, mais pour nous montrer le onde de la médecine. Pas le temps de se faire les ongles ou de penser à se remaquiller. Il ne fallait jamais oublier que des centaines de personnes pouvaient mourir dans un hôpital en peu de temps. Et que si tout le monde pensait à sa propre personne, l’hôpital pouvait très bien fermer. Je travaille maintenant comme interne à l’hôpital, je suis là pour apprendre mais aussi pour aider. Je suis donc une interne pour la chirurgie. J’ai beaucoup de mal à gérer mon temps, mais c’est ce que je veux faire, alors autant se donner à fond non ?