nom : keane. prénom(s) : ryann. âge : vingt-six piges. lieu et date de naissance : natif de san fransisco, il y a toujours vécu. statut civil : célibataire, généralement les clodos n'ont pas une vie amoureuse particulièrement florissante. métier/occupation : sdf, squatteur d'hôpitaux. nationalité : américain, il aime dire qu'il a des origines irlandaises même s'il n'en sait foutre rien. orientation sexuelle : bisexuel. caractère : manipulateur - menteur - blessant - débrouillard - sans gêne - intenable - emmerdeur - impatient - moqueur - physionomiste - curieux - facilement distrait. groupe : anesthesia. avatar : tobias sorensen. type de personnage : inventé.

✂ l'hôpital t'y vas souvent ? J'y allais régulièrement pour bénéficier d'un repas, un endroit chaud, un lit avec un peu de chance. Parfois j'inventais des trucs, d'autres fois je me plantais un couteau dans la main, mais les hôpitaux gratuits qui prennent en charge les sans-abris c'est pas non plus le grand luxe. Maintenant j'ai trouvé la combine et c'est ma maison depuis trois semaines. Je suis hospitalisée dans le service psychiatrique pour troubles maniaco-dépressifs suite à une tentative de suicide volontairement mise en scène.
✂ quand t'as un bobo, tu pleures ou t'es du genre à prendre les devants et à te recoudre avec ce que t'as sous le coude en mode mc gyver ? tu pourrais m'arracher un doigt avec un cutter que ça me ferait aucun effet. Mais comme j'aime me plaindre et qu'on s'occupe de moi, je gémis pour un rien. Après tout c'est comme ça que font tous les mecs qui ressentent la douleur, et je simule mieux qu'une actrice porno. Du coup personne ne sait qu'en réalité, je ne ressens rien.
✂ quand t'es malade, t'es du genre repas fait de médocs ou médecine douce ? les médocs j'ai pas pu en prendre beaucoup, étant donné ma situation financière. Mais c'est pas pour autant que je me suis enfilé des tisanes aux fleurs de montagne. Je suis rarement malade de toute façon, et quand je le suis ça passe tout seul.
✂ tu mets ta santé en danger ? tu fumes, tu bois ? parfois j'avale les cachetons de mes p'tits copains pour planer et j'essaie de faire rentrer des bouteilles d'alcool en douce, mais la sécurité de l'hôpital est assez tendue.
✂ t'as des problèmes de santé connus ? l'analgésie congénitale (ICD), c'est mon vrai problème. Une insensibilité à la douleur, ça peut paraître cool au premier abord mais ça n'apporte que des emmerdes. Quand j'étais bébé je me suis payé une lésion de la rétine qui m'a fait perdre la vue de l'oeil droit sans que personne ne s'en rende compte, parce que moi évidemment ça m'a pas ému plus que ça. Je me suis rongé pas mal de doigts et j'ai récolté plusieurs fractures qui ont traînées, du coup je boîte légèrement quand je marche. Y'en a d'autres que j'ai moi-même provoquées pour pouvoir être pris en charge par l'hosto des SDF et avoir un endroit où dormir, mais je le regrette un peu maintenant, parce que j'ai lu quelque part qu'un mec comme moi avait du être amputé du bras à cause de ses fractures à répétition. Je crois que j'ai eu un cul d'enfer de vivre dans la rue et de n'pas encore être mort, vu toutes les précautions que j'aurais dû prendre à cause de cette maladie.
J'ai aussi un faux problème, des troubles maniaco-dépressifs parfaitement simulés sur les conseils d'un psy qui me sert à squatter l'hôpital cinq étoiles de San Fransisco. C'est certainement un peu con sachant que c'est dans les hôpitaux qu'on risque le plus d'attraper des saloperies, et étant donné ma réelle affliction je pourrais bien en crever sans m'en apercevoir, mais c'est toujours mieux que de pioncer entre deux poubelles.
✂ ta famille t'a transmis des antécédents médicaux pas très glorieux ? ce sont mes parents qui m'ont filé l'ICD, mais à part ça j'ai pas d'autres indications. Je connais pas mon père et ma mère est morte d'une overdose avant d'avoir pu développer un éventuel cancer ou partager ses antécédents médicaux avec moi. De toute façon si j'ai une autre merde j'en crèverai, parce que je suis incapable de savoir que j'ai mal et qu'une fois qu'on m'aura viré de l'hôpital, j'aurais pas le fric suffisant pour mon check-up complet annuel.
✂ t'es du genre allergique ? t'attrapes souvent le premier virus qui passe par là ? heureusement non, je me suis même exposé à un tuberculeux une fois pour pouvoir me faire hospitalisé mais j'ai l'impression que ça n'a pas trop fonctionné. A tous les coups je vais l'incuber pendant dix ans ...

« Vas-y attends approche-toi un peu. » T’ordonnes à ton pote Sean –sdf de profession- qui tousse ses poumons, tirant sur sa veste pour le coller à toi. « Mais qu’est-ce que tu fous mec ? » Il t’observe comme si tu t’étais subitement transformé en âne, tournant la tête dans la direction opposée. « Bon ok, crache-moi carrément dessus qu’on en finisse, parce que là on en a pour dix ans. » Tu t’impatientes en attrapant son visage entre tes mains pour le tourner vers toi, fermant les yeux, prêt à recevoir ses postillons sanglants en pleine figure. « T’es complètement débile ou quoi, j’suis contagieux ! » Il s’exclame alors que tu lèves les yeux au ciel. « Tu crois que j’te colle comme ça pour te rouler une pelle ? Si j’suis contagieux moi aussi, ils seront obligés de me garder à l’hosto tu captes ? Lit douillet, repas gratuits, d’ailleurs je comprends pas pourquoi t’es encore là. » C’est ton astuce depuis plusieurs années déjà. Tu t’es pété quelques doigts, un bras, tu t’es enfoncé des objets pointus un peu partout en prétendant t’être fait agressé, t’as foutu un coup d’boule à un supporter de foot pour te faire casser la gueule, tu t’es même jeté dans un escalier une fois. Puisque tu ressens pas la douleur, c’est pas très difficile de te réduire en mille morceaux. Mais on ne te garde jamais longtemps, pas assez longtemps, et pour se remettre de fractures ça met du temps, t’es emmerdé par ton plâtre et ça se ressoude mal parce que tu l’enlèves trop tôt. Alors tu cherches une solution à plus long terme, et la tuberculose te paraît être une bonne idée. Ça se soigne de nos jours, c’est pas comme si t’allais crever. « Je supporte pas les hôpitaux. » T’as envie de le frapper parce qu’il se rend pas compte de la chance qu’il a, qu’il pourrait prétendre à une hospitalisation, à se faire chouchouter, à tous ces gens qui s’affairent autour de lui pour son bien-être. « Quelle chochotte … » Tu grinces des dents, et il finit par te tousser dessus. Ark, c’est dégueulasse. Tu lui files même une tape sur le crâne alors que c’est toi qui lui a demandé. De toute façon seul 10% des personnes infectées développent la maladie, et encore c’est dans toute une vie. T’as de l’espoir que ça se fasse rapidement, mais tu pourrais aussi bien crever avec la bactérie sans qu’elle se soit jamais déclarée. Faut vraiment que tu trouves un truc plus efficace, un truc qui craint vraiment. Limite tu serais prêt à revendre ton rein sur le marché noir pour devenir dépendant aux dialyses, mais si t'as pas de greffe ça vaut peut-être pas non plus le coup de clamser.

« Casse-toi putain, t’as vraiment cru que j’allais m’enticher d’un clodo ? On n’est pas dans un Disney Ryann, c’est la réalité là. » Tu serres les dents en restant stoïque, et tu comprends pas vraiment ce qu’il t’arrive. Pour la première fois de ta putain de vie tu t’es laissé aller comme un con, t’as fait confiance –règle pourtant strictement interdite dans la rue-, tu t’es imaginé que le pays des Bisounours c’était pas une fiction. « Et si j’te montre un truc de fou, tu m’embrasses ? » C’est ce que tu lui avais dit la première fois que t’avais eu envie de te jeter sur lui. T’avais attrapé un cutter et t’avais commencé à te couper le doigt en te marrant devant sa tête d’ahuri. Il avait paniqué et t’avais arraché l’arme des mains pour t’embrasser. Et putain, qu’est-ce que t’y avais cru au prince charmant. Mais cette fois tu sens que ça n’marchera pas, même si tes doigts se referment sur un couteau et que tu l’enfonces dans la chair sous ton œil gauche. « Arrête ça. » Mais tu t’arrêtes pas, tu recommences juste en dessous à tailler ta peau. « ARRÊTE CA BORDEL ! » Il gueule et t’es convaincu qu’il va se mettre à chialer si tu continues, pourtant t’as le sentiment qu’il bougera pas. « J’t’ai pas piqué ce fric. » Tu te contentes de dire en lâchant le couvert qui tombe sur la moquette sans un bruit, et tu lui tournes le dos pour te casser. Puisque c’est ce qu’il veut. Parce qu’il a décidé que les dollars planqués sous ses chaussettes c’est toi qui lui as volés, probablement pour ne pas accepter que son frère camé puisse être responsable. Pourtant toi tu connais les camés, t’avais une mère qui t’avais envoyé bosser au noir à l’âge de dix ans pour pouvoir se payer sa poudre blanche. Alors tu le sais, que c'est son putain de frangin qui est venu le dépouiller. Mais tu sais aussi que s'il veut s'aveugler tu pourras rien y faire, et qu'il te reste plus qu'à retourner dans la rue avec les autres déchets de la société. Ta place. Que t'aurais jamais dû quitter en te prenant pour Cendrillon.

« Oh Mandy. Retiens-le deux secondes avant de monter. » Tu dis à la gamine en mini-jupe et collants résilles qui se dirige vers une Mercredes noire qui vient de tourner au coin de la rue avec la lenteur caractéristique de ses clients. De ceux qui cherchent une relation extra-conjugale sans emmerdes, une partenaire pour combler le vide de leur existence, un frisson d’excitation dans une vie remplie par le boulot. Y’a plusieurs types de clients qui ramassent Mandy, mais il s’avère que ce mec tu l’as déjà vu. T’oublies jamais un visage, et celui-là tu l’as aperçu à l’hôpital la semaine dernière après avoir simulé une tentative de suicide en t’ouvrant les veines au milieu de la rue. T’avais cru qu’ils te garderaient, mais ils t’avaient foutu dehors parce que t’avais pas de quoi payer. Un sandwich, t’avais eu au moins ça pour pas crever d’anémie à cause de la perte de sang. Lui c’est un psychiatre, et Mandy une pute de dix-sept ans. « Vérifie son annulaire. » T’ajoutes simplement avant de t’éloigner vers la cabine téléphonique dans laquelle tu entres, décrochant le téléphone en faisant mine d’être très occupé. Même s’il n’est pas marié t’es à peu près certain que ça plaira pas à sa hiérarchie de savoir qu’il se tape des mineures après le boulot. Et tu te dis que tu tiens ton plan, que t’as trouvé un pauvre con à faire chanter pour obtenir une admission à long terme à l’hôpital. Que sous la menace de la vidéo que t’es en train de prendre avec un portable volé, il va pisser dans son froc. Tu t’en fous de savoir comment, t’es sûr que c’est possible de court-circuiter le système. Même si ça ne dure pas. Même si c’est pour quelques semaines. Ce sera toujours ça de pris, et tu n’penses pas vraiment aux conséquences légales que ça peut entraîner. Si tu t’fais choper suffira de disparaître comme tu l’as toujours fait, parce qu’après tout t’existes pas. T’as jamais été déclaré par ta mère, et quand elle a crevé tu t’es barré avec les enfants de la rue. T’as jamais bossé légalement, t’as aucune assurance, rien. Pas de papiers. T’es un fantôme. Et les fantômes, ça va pas en taule.

« Tu crois que j’arriverais à jouer les barges ? » Tu demandes à Mandy en faisant vriller tes pupilles vers elle, lui tendant le bédo. C'est la solution que t'as proposé le psy, refaire une fausse tentative de suicide et te faire interner pour troubles maniaco-dépressifs. Tu crois que son idée est de te faire passer pour son cousin -en réalité parti en mission humanitaire pendant plusieurs mois-, t'imagines que c'est son numéro de sécurité sociale qu'il va donner. Mais la gamine n’a pas l’air de comprendre pourquoi tu lui poses une question pareille, la réponse pue l’évidence. « Tu t’es planté un couteau dans la main à trois reprises pour être hospitalisé Ryann, t’ES barge. » Un sourire s’esquisse sur tes lèvres et tu hausses les épaules. Elle a raison la gamine, elle a raison et tu l’sais bien qu’au fond t’es sûrement un détraqué toi aussi. Après tout, t'as été élevé par une camée qui est morte d'une overdose et tu vis dans la rue, alors t'as forcément une case en moins. Mais chaque pathologie a ses spécificités, et t’as pas eu le temps de les étudier en détails. Le psy t’a juste dit de te comporter comme un sociopathe, que ça devrait pas être difficile pour toi puisque tu l’es vraiment : tu pisses sur les lois, tu te fous des sentiments des autres, t’es impulsif, t’éprouves aucun remord. Il dit ça parce qu’il est agacé de s’faire baiser par un clodo, parce qu’en vrai t’as de l’égard pour les autres. Parfois. Quand tu l’veux bien, quand ça peut t’être utile. « En plus j’vais avoir des médocs gratos pour planer. » T’ajoutes en lui arrachant le joint des doigts pour aspirer. « T’oublies pas d’en ramener, qu’on s’fasse un peu de blé. » Tu hoches la tête en écartant les lèvres pour libérer la fumée, laissant tes jambes se balancer au-dessus du mur. Les médocs y’a des tas de putes et de sans-abris qui vous les achèteraient, tu te dis qu’en piquer à tes camarades ça devrait pas être difficile, y’a sûrement plein de fous là-dedans qui les planquent pour pas les avaler. « Le jeudi à une heure du mat'. » Tu lui fixes comme rendez-vous hebdomadaire. « Et tu fais gaffe. » T'ordonnes en laissant échapper un brin de sentimentalisme, parce que tu seras plus là pour casser la gueule des connards qui essaient de l’entuber. Elle te colle un baiser sur la joue et se lève pour se diriger vers une Ford gris clair, toi tu suis des yeux sa silhouette en espérant qu’elle s’en sortira mieux que toi. Qu’elle trouvera un putain de client vieux et riche qui tombera fou amoureux d’elle et qui l’épousera. T’as envie de croire aux contes de fée, même si tu sais qu’elle a davantage de chance de s’faire poignarder par un tordu qui jettera son cadavre dans une benne à ordures.

« CHAUUUUD DEVAAAANT ! » Tu gueules en déambulant dans les couloirs avec un fauteuil roulant emprunté à l'étage, heurtant la jambe d’un patient qui t’arrêtes net. « Putain tu pourrais pas faire gaffe sérieux ? » Tu t’exaspères en fixant tes pupilles sur le type qui s'appuie au mur pour éviter de tomber. Tu remarques alors que ce que tu as percuté n’est pas un membre fait de chair et d’os, mais une prothèse. Toi, ça te fait penser au capitaine crochet. « Oh putain mais c’est quoi ce truc, du bois ? » Tu demandes en te penchant pour toucher la jambe artificielle alors que le gars te repousse en grognant. « Pourquoi on t’as amputé, ton chien te l’a bouffé pendant la nuit ? » Le patient se redresse et commence à te dépasser en lançant un « Crétin » auquel t’es habitué maintenant. Mais tu le poursuis sur ton fauteuil, activant les roues avec tes bras. « Ou alors ... t'es le rescapé d’un serial killer qui re-fabriquait son amant décédé avec un membre de toutes ses victimes ? » Tu souris même en suggérant l’idée alors qu’il se retourne choqué, l’air visiblement dégoûté par ce que t’es en train de raconter. « Tu vas fermer ta gueule Christopher Reeve ? » Ouh, c’est méchant ça, de te comparer à un acteur handicapé, mort qui plus est. Il se penche même vers toi en appuyant ses bras sur les accoudoirs de ton fauteuil pour t’impressionner. Mais tu n’recules pas, à la place tu poursuis tes hypothèses. « J’y suis, ancien soldat qui a marché là où il fallait pas … » Tu sens qu’il est sur le point de t’éclater la gueule, tu le vois à ses yeux injectés de sang et aux muscles de son visage qui se crispent, alors tu prends les devants en approchant ton buste pour l’embrasser. Histoire de le déconcentrer et d’en profiter un peu, parce qu’il est canon l'éclopé, mine de rien. Mais bon, faut pas trop t’en demander et tu lui fais une balayette au niveau de sa jambe valide avec ton pied. T’es convaincu qu’il s’y attendait pas à celle-là, il s’imaginait sûrement que tu n’pouvais pas te servir de tes jambes le pauvre garçon. Tu le regardes s’effondrer sur le sol en reculant ton siège pour éviter qu’il s’avachisse sur toi, haussant les épaules alors qu’un infirmier s’approche pour le relever. « Faudrait peut-être essayer une nouvelle prothèse, elle m’a pas l’air très stable celle-là. » Tu lâches avant de faire demi-tour pendant que le type marmonne des menaces de mort que t’ignores superbement, déjà parti pour trouver une nouvelle proie. Le psy a dit que pendant les phases maniaques les patients étaient totalement incontrôlables, toi tu fais que me mettre dans la peau du personnage. En plus il paraît que les malades n'attendent que ça, qu'on les traite comme des personnes normales. Et quoi de plus normal que de se faire étaler au sol par un mec en chaise roulante ?