And now I do want you to know I hold you up above everyone.
And now I do want you to know I think you'd be good to me
And I'd be so good to you.
Il est déjà 8h30, merde je vais être en retard et ce n’est pas du tout dans mes habitudes. La première chose que je fais en me levant est d’appeler ma secrétaire pour qu’elle annule mes deux premiers rendez-vous de la journée comme ça je n’aurai pas besoin de courir pour être à l’heure. J’arrive donc à l’hôpital une heure plus tard. En me rendant à mon bureau, je croise Isaac, le neuropsychologue pour qui je craque depuis quelques mois déjà, à qui je n’adresse pourtant rarement la parole. Eh oui, j’ai le béguin pour un homme qui m’ignore complètement. « Cecilia, je pourrais te voir dans mon bureau quand tu auras deux minutes ? » Pourquoi veut-il soudainement me parler alors qu’il me dit à peine bonjour quand on se croise ? « Oui bien sûr, je peux te suivre maintenant, mon premier rendez-vous est dans une demi-heure. » Merde Cece pourquoi est-ce que t’as les jambes toutes molles ? C’est quand même pas comme si il t’avait invité à prendre un verre. Si ça te trouve, il veut juste te référer un patient ou un truc du genre. Un peu nerveuse, je le suis vers son bureau. Il entre et me fait signe de m’asseoir. « Écoutes, ça me gêne un peu de te demander ça, mais je me demandais si tu acceptais le personnel de l’hôpital comme patient ? Je n’entends que du bien sur toi comme psy et je pense que ça me ferais du bien de parler avec quelqu’un qui ne fait pas parti de mon réseau social. » Je suis un peu étonnée par sa demande, il faut l’avouer. Je n’avais pas du tout songé à cela lorsque je suis entrée ici. J’ai vaguement entendu dire qu’il venait de divorcer, mais bon, il y a tellement de potins dans l’hôpital qu’on ne peut être sûr de rien. S’il a besoin d’un psy, c’est sans doute parce que c’est vrai. Je ne vais pas mentir, cette nouvelle me fait quand même plaisir, même si c’est loin d’être bien pour lui. « Oui  bien sûr, j’ai déjà eu des gens qui travaillent ici dans mes patients, ça me ferais plaisir de te recevoir dans mon bureau. Tu veux prendre rendez-vous tout de suite ? » J’ouvre mon sac à la recherche de mon agenda. « Tu pourrais me voir quand ? » N’importe quand, j’ai envie de lui répondre. Je suis peut-être un peu trop heureuse à l’idée de le recevoir en consultation. C’est plutôt mal vu d’avoir une relation avec un patient, je ferais mieux de me calmer un peu. « J’ai des disponibilités mardi prochain en après-midi». Il consulte son agenda à son tour. « Mardi, 15h, ça serait bon pour toi ? » J’acquiesce et je note son nom dans mon agenda. « Merci Cecilia, j’apprécie beaucoup que tu acceptes de me prendre comme patient, je sais que tu as déjà un emploi du temps très chargé. » Il a raison, je ne manque pas de boulot, il n’y a pas dix psychologues à l’hôpital, nous ne sommes pas beaucoup. « Je ne refuse personne, encore moins un collègue. On se voit mardi alors, bonne journée.»

Isaac est mon patient depuis deux semaines déjà et je connais maintenant presque tout sur sa vie. Il a été marié pendant dix ans avec la même femme et il vient tout juste de divorcer. Il réagit plutôt mal puisque c’est elle qui l’a quitté, lui avouant qu’elle partait vivre avec son amant avec qui elle couchait depuis plusieurs années. C’est dommage pour lui parce que plus j’apprends à le connaître, plus je découvre qu’il est un homme bien. Il vit un peu trop pour son travail – tout comme moi d’ailleurs- mais il était plus qu’amoureux de sa femme, ça se voit bien. Mon béguin pour lui s’accentue de jour en jour. Avant, je le trouvais simplement charmant, mais là, alors que je le connais mieux, je commence à penser qu’on se ressemble beaucoup. J’essaie cependant de refouler mes sentiments, parce qu’il ne faudrait surtout pas que ça se voit, je dois rester professionnelle avant tout. Et puis, il vient à peine de divorcer, il lui faudra du temps avant de s’engager à nouveau, inutile de penser que j’ai mes chances avec lui.  Du moins c’est ce que je croyais jusqu’à tout récemment. « Je sais que c’est sans doute contre tes principes, mais j’aimerais beaucoup t’inviter à prendre un verre.  Tu m’as énormément aidé ces derniers jours et j’aimerais qu’on puisse discuter plus. J’en ai marre de te raconter mes problèmes. » Devrais-je refuser parce qu’il est un de mes patients ? Ou au contraire accepter parce que j’ai un œil sur lui ? Je suis déchirée entre ses deux choix. Mais c’est le cœur qui l’emporte sur la raison. « J’adorerais.»  Je n’ai aucune idée de là ou cela nous mènera, je ne dois surtout pas me faire de faux espoirs. C’est une histoire à suivre.