nom : andersen, les racines norvégiennes qui refont surface prénom(s) : félix âge : vingt-deux ans lieu et date de naissance : 24 décembre, london hospital. statut civil : célibataire métier/occupation : a lamentablement échoué en première année de médecine et est devenu conducteur de formule trois nationalité : anglais, en négociation pour le passeport américain orientation sexuelle : bisexuelle caractère : comique, charmeur, provocateur, jaloux, protecteur, attendrissant, joueur, optimiste, indiscipliné, joueur groupe : anesthesia avatar : Sam Way.

✂ l'hôpital t'y vas souvent ? si je pouvais je n'y mettrais pas les pieds. m'enfin bon, entre mon frère, ma sœur et cette chienne de maladie, j'ai pas vraiment le choix. il est pas franchement moche alors ça va mais moins je le vois, mieux je me porte. malheureusement on ne me pose pas la question.
✂ quand t'as un bobo, tu pleures ou t'es du genre à prendre les devants et à te recoudre avec ce que t'as sous le coude en mode mc gyver ? tu sais que t'es entrain de poser la question à un gars dont le grand frère est chirurgien plastique et la sœur infirmière ? non plus sérieusement, le sang me fait pas peur et je suis capable de me soigner tout seul. Le problème c'est que certains trucs, même avec toute la bonne volonté du monde, tu peux pas le faire tout seul. Alors le mac gyver doit se retirer et laisser place aux médecins compétents. Ouais, c'est comme ça, bienvenue sur terre.
✂ quand t'es malade, t'es du genre repas fait de médocs ou médecine douce ? bon, soyons franc, les herbes magiques, c'était au Moyen-Age. maintenant on se soigne avec un bon médoc' qui fait effet en deux heures et pour rien au monde je ne changerais d'avis sur la question. les herbes, j'les mets sur ma salade ou j'les fumes, c'est tout.
✂ tu mets ta santé en danger ? tu fumes, tu bois ? fumer tue et les photos sur les paquets de clopes me donnent suffisamment envie de gerber. ce serait mentir de dire que je ne fume pas autre chose mais ça, c'est une autre histoire. concernant l'alcool, ouais, avec modération. tu connais modération ? c'est une bon pote à moi.
✂ t'as des problèmes de santé connus ?  Maladie de la rétinite pigmentaire. Un truc merdique qui me vole mes yeux un peu plus chaque jour. j'en suis à un stade bénin mais plus le temps va passer plus ma vision va empirer. pour l'instant, je profite.
✂ ta famille t'a transmis des antécédents médicaux pas très glorieux ? paraît que c'est génétique ce truc là. pourtant je suis le seul à avoir été diagnostiqué. vie de merde, ouais, comme on dit.
✂ t'es du genre allergique ? t'attrapes souvent le premier virus qui passe par là ? j'aime pas l'hôpital alors si je pouvais, je ferais en sorte de ne jamais attraper de virus. mais faut pas oublier que je suis un putain d'être humain et qu'on est pas immortels. ouais, désolé de te faire retomber de ton petit nuage. j'ai ni allergie, ni intolérance et quand j'attrape la grippe, mon frère me fait les ordonnances adéquates. ce serait vous mentir de dire que je squatte pas, parfois, l'hôpital pour des broutilles. les infirmières et internes sont clairement canons.

Je me suis toujours demandé si je n’avais pas été l’élément déclencheur de ce qui arriva à ma famille en 2006. Je suis né une année après Riley alors qu’un hiver glacial faisait rage sur la capitale anglaise. Une manière parfaite de reconstituer le froid norvégien d’où je tirais mes racines. Winston avait déjà dix ans et attendait secrètement l’arrivée d’un petit frère pour Noël. Je ne me fis pas prier et le vingt-quatre décembre, je peuplais la terre d’une âme de plus.  Nous étions désormais cinq et rien n’aurait pu ébranler la parfaite famille que nous constituions.  Mes parents avaient acheté une maison dans la campagne londonienne, à l’écart de l’agitation de la ville pour me permettre à moi, ainsi que  Riley de grandir au calme. Le jardin était immense et nous grandissions au rythme des voyages réguliers vers la belle Norvège. De nous trois, j’étais sûrement celui qui avait le moins de caractéristiques nordiques. Les cheveux blonds de Riley et Winston étaient en total désaccord avec mes cheveux bruns et leurs yeux bleus contrastaient avec mon regard brunâtre. Ils ne manquaient d’ailleurs pas de rigoler par vague constante sur une éventuelle adoption.  Nous étions heureux. Et ça, personne n’aurait pu nous l’enlever, ou presque.

J’avais quinze ans et les bancs d’école avaient été remplacés par les chaises longues au fond du jardin.  Walkman dans les oreilles, je rêvais en silence d’une fille rencontrée sur la plage du camping. Une blonde plutôt canon que j’avais laissée derrière moi après ma première partie de jambe en l’air. Autant dire que c’était un sacré été et qu’une fois de plus, rien n’aurait pu ébranler la fierté que je ressentais à ce moment même. L’idée d’y raconter à mes copains dès la rentrée m’excitait et j’attendais en secret un moment privilégié avec Winston pour pouvoir le lui raconter. Les bruits des oiseaux étaient couverts par les décibels qui envahissaient mon cerveau et nous lézardions donc en silence. Ce jour-là, je n’entendis pas le bruit sourd qui fit se relever ma sœur mais lorsque je la vis partir d’un pas rapide, j’arrachais mes écouteurs et la suivit dans la cuisine. Mon père avait les mains lacérées et, reprenant son habituelle assurance, nous regarda « Un problème les enfants ? » Si Winston réussit à balbutier une question, Riley et moi restâmes de marbre devant la situation. C’est en entendant les larmes de ma mère que ma grande sœur se précipita à son tour dans la chambre. Les pleurs, le sang, pas besoin d’être médecin pour savoir que quelque chose n’allait pas rond. Contrairement à mes frères et sœur, je me contentais d’obéir à mon père et retournai sur la terrasse, walkman dans les oreilles. Trente minutes après, Winston s’asseyait a côté de moi et chuchotait en un souffle.  « C'est la merde, Félix. »

C’est à ses dix-huit ans que Riley partit de la maison pour rejoindre Winston à San Francisco, me laissant moisir dans une maison où le silence régnait en maître. Des trois, j’étais sûrement celui qui ressentait le moins de rancune vis-à-vis de mon père.  En grandissant, je m’étais vite rendu compte qu’avoir un mari fidèle pendant vingt-cinq ans était un luxe que peu de femme pouvait s’offrir et si ma mère était assez pitoyable pour rester avec lui, qu’elle le fasse.  C’est à dix-sept ans aussi que je ressentis les premiers symptômes de ce qui allait être la nouvelle la plus dure à avaler de toute mon existence. Comme tous les jeunes de dix-sept ans, j’attendais avec impatience mon anniversaire pour pouvoir enfin apprendre à conduire. Et comme tout jeune qui se respecte, je me devais de faire les examens ophtalmologiques de base.  Ce jour-là, je me rendis vite compte que quelque chose n’allait pas. Vision de nuit totalement nulle, de même que ma vision périphérique. Le jugement fut sans appel, j’étais atteint d’une maladie génétique qui, petit à petit, allait m’enlever la plus belle chose que le monde puisse offrir : un regard. Dix ans, peut-être deux, une épée de Damoclès s’amusait au dessus de ma tête tout en rendant mes parents malades.  Une année après, je rejoignais Winston et Riley à l’hôpital de San Francisco. Je n’étais ni médecin, ni infirmier, non, juste un putain de patient pour qui on ne pouvait rien faire.