« Viens là, espèce de crétin ! » « MAMAAAAAAN ! » Hurlais-je en courant dans la maison pendant que mon frère aîné me poursuivait alors que je l'avais découvert en position compromettante avec sa copine. J'avais 9 ans, il en avait 15. Et je venais de les surprendre en train de s'embrasser sur son lit à travers la porte qui était resté entrouverte.
« Du calme, les garçons. Et laisses ton frère tranquille, Jake. » Je lui lançais un regard victorieux.
« Mais maman ! » « Il n'y a pas de "mais" et d'abord pourquoi te mettre dans cet état-là ? Vous faisiez quoi dans ta chambre ? » J'émis un gloussement, m'attardant sur le visage décomposé de mon aîné. Sautillant, car connaissant la réponse, je me précipitais pour avouer son petit secret.
« Ils se faisaient des bisous sur la bouche ! » « Tais-toi, gamin ! » « Trop tard ! » Je lui tirais la langue, lui faisais une grimace et m'éclipsais rapidement pour retourner dans ma chambre. Je jouais avec mes peluches lorsque Jake entra et ferma la porte derrière lui. Assis sur mon lit, je l'observais faire, ne comprenant pas ce qu'il cherchait.
« Tu n'aurais jamais dû le dire à maman. » Je faisais la moue, le voyant s'approcher de moi avec ce regard noir de colère.
« Bah pourquoi ? Moi je trouve ça drôle... » Je ne savais pas pourquoi il était si en colère, ni pourquoi il était là. Tout ce que je savais c'était qu'il avait embrassé sa copine et que je trouvais ça vraiment dégoûtant. L'échange de salive entre deux personnes était même répugnant.
« J'ai plus d'intimité, Johan. Tu me suis tout le temps et ça commence à m'énerver ! Alors laisses-moi faire ma vie et fais la tienne, bordel ! Tu comprends ?! J'ai pas envie d'avoir un morveux de 9 ans à mes basques. Fou-moi la paix, compris ?! » J’acquiesçais d'un signe de tête, au bord des larmes. Je ne répondis rien et le laissais s'en aller. Je jetais mes peluches par terre, m'isolant contre mon oreiller.
Je me balançais dans le hamac que j'avais installé quelques jours plutôt un pétard à la main. Je le fumais tranquillement, regardant le coucher de soleil qui me faisait face. J'étais paisiblement installé et le calme des alentours venait me bercer.
« Putain Johan, caches ça ! » Je tournais mon visage vers mon aîné qui était toujours aussi moralisateur et lui soufflais un halo de fumer au visage pour simple réponse. Je passais un bras derrière ma tête et continuais de fumer sans prendre en considération la remarque de Jake.
« Allez, c'est bon. Donnes-moi ça. » J'arquais un sourcil en le fixant et repris une bouffée de mon pétard. Il me le confisqua des mains, l'écrasant au sol sous son pied. Quel connard !
« Tu te prends pour qui pour faire ça comme ça, toi ? » Je me redressais dans le hamac, m'apprêtant à sortir.
« Je suis ton frère aîné, Johan ! » « Mon cul, oui ! » Je me relevais, lui faisant désormais face. Je n'étais plus ce gamin de 9 ans. J'avais aujourd'hui 17 ans et mon frère ne me faisait plus peur. Je ne l'avais plus suivi depuis ce fameux jour ensoleillé à Washington. Aujourd'hui, j'étais du même gabarit que lui et je faisais sa taille. Il n'était plus aussi impressionnant qu'auparavant.
« Ne sois pas si con... » « C'est moi le con alors que c'est toi qui vient m'emmerder ? » Je soupirais. Il m'énervait. Il déposa une main sur mon épaule.
« Me touches pas, ok ? » Jake ne la retira pas. Je l'obligeais violemment à me lâcher. Il se défendait en plus. Je le poussais. Il répliqua. Je lui sautais dessus et le mettais alors à terre. Tantôt dessus, tantôt dessous, nous étions de véritables gamins, deux garçons se bastonnant pour des raisons puériles.
« Les garçons, stop ! » D'un coup, nous nous arrêtions subitement et lancions en même temps un regard vers notre mère que venait d'arriver dans le jardin. Elle semblait souffrante.
« Tu vas bien, maman ? » S'empressa de demander Jake tandis que je me dégageais de son emprise.
« Oui, ça va aller, mon chéri. Merci. Mais arrêtez de vous battre continuellement. C'est usant... » Je regardais ma mère, m'approcher d'elle et déposais un baiser sur sa joue.
« D'accord. »« La responsabilité est l’idée d’avoir la perception des conséquences des actes et d’être capable de les assumer. En droit civil, le terme responsabilité a un sens particulier. La responsabilité civile délictuelle est gouvernée par le principe de la réparation intégrale du préjudice. Lorsqu’un dommage est subi par autrui, le responsable va devoir le réparer. En droit la responsabilité est calquée sur le préjudice. Ce cours vous présente dans un premier temps les conditions de la responsabilité civile délictuelle, c'est-à-dire le fait générateur, le fait d'autrui, et le lien de causalité ; puis, dans un deuxième temps, ses conséquences, avec un point sur les garanties spéciales de réparation. » Les cours reprenaient après plus de deux mois de vacances. J'entrais en deuxième année de droit après avoir réussi la première année avec élégance. J'avais 19 ans et je me voyais déjà avocat, juriste ou autre. Le droit me passionnait et la politique également. Je voulais faire une grande carrière, avoir les plus grands dossiers et être reconnu dans le métier. Mais tout ne pouvait pas être aussi rose que dans mes pensées. Mon téléphone vibra, me sortant de ma prise de note. Je le laissais faire. Il recommença une deuxième fois, puis une troisième et enfin une quatrième. Je décidais alors de le regarder en me demandant qui était l'abruti qui m’insupportait en plein cours. Jake et quatre messages vocaux.
« Johan, c'est moi. Viens vite à l'hôpital. C'est maman. Elle n'en a plus pour longtemps et les médecins m'ont dit d'appeler tout le monde pur lui faire nos adieux. Alors dépêch... » Je me levais d'un bond, me précipitant vers la sortie de l'amphithéâtre et courant jusqu'à ma moto que je démarrais d'un coup sec. Rapidement, je me retrouvais à l'étage du service d'oncologie et dans la chambre de ma mère agonisante. Ma peur, sur le coup, était d'arriver trop tard mais, par chance, elle était encore parmi nous, entourée de son fils ainé, de son mari et du médecin. Je m'incrustais dans la chambre tandis qu'elle seule remarqua mon arrivée. Elle tendit sa main vers moi. Je l'attrapais délicatement et penchais mon oreille pour l'écouter.
« Promets-moi de ne jamais les abandonner, de ne jamais les oublier. Fais-le pour moi, Johan. Ils t'aiment autant que moi. » Un long
bip sans suivi dans un silence pesant. Je jetais un œil au moniteur pendant que l'oncologue l'éteignait. Larmes aux yeux, je serrais d'autant plus fort la main de ma mère en m'agenouillant devant elle. La mort venait de l'emporter.
Dansant sur la piste au rythme de
Little Bad Girl de David Guetta, j'observais les clients de la discothèque. Je jetais alors mon dévolu sur cet homme au loin qui me fixait. Sourire aux lèvres, je m'approchais de lui, posais une main sur sa hanche et bougeais avec lui en rythme de façon explicite. Je me collais de plus en plus à lui, profitant de la foule de danseur pour y parvenir. La chaleur de l'établissement et les deux mojitos que j'avais bu me montaient légèrement à la tête. Mais je continuais car il était tout ce dont j'avais envie ce soir. Il avait ce visage d'ange, ce corps d’apollon et des fesses divinement belles. Ses mains baladeuses caressaient mon torse et descendaient rapidement vers mon bas-ventre. Sans attendre plus longtemps, je le plaquais contre le poteau derrière lui et l'embrassais, mêlant ma langue à la sienne dans un baiser fougueux. Il m'attrapa par la main et m'emmena vers la sortie du club pendant je reluquais son postérieur. Marchant dans les rues de San Francisco, nous rejoignions son appartement en discutant de tout et de rien mais surtout en nous désirant l'un l'autre. Une fois la porte franchie, nos vêtements volèrent rapidement et une nuit endiablée s'en suivit. Sur le canapé, sur sa table basse, dans son lit. Le lendemain matin fut difficile lorsque mon téléphone sonna. Je me réveillais en douceur, cherchant mes vêtements dans tout son appartement en toute discrétion.
« Johan ? Tu fais quoi ? » Il fallait qu'il se réveille lui aussi. J'enfilais mon boxer et lui répondis.
« Rien, je vais bosser. » Je me dépêchais de m'habiller avant qu'il ne soit complètement lucide et fuyais de son logement en claquant la porte. Dehors, le soleil se levait à peine sur la ville. Et tandis que je marchais pour rejoindre le boulot et mon ambulance, je repensais sans raison à mon déménagement de la capital pour venir ici, en Californie, à des kilomètres de ma famille ainsi qu'à mon fameux triskèle que je m'étais fais tatoué dans le dos à mon arrivée ici pour signifier ma totale indépendance. M'arrêtant au premier Starbuck que je croisais, j'achetais mon café matinal avec un donut et repris ma route. Je n'avais pas eu le temps de promettre à ma mère que je n'abandonnerais pas mon père ni mon frère. Je me raccrochais à cette idée pour me déculpabiliser d'avoir fui à l'autre bout du pays pour ne plus avoir affaire à eux. En effet, depuis son décès la vie de famille avait été un véritable fiasco. Je ne demandais que mon indépendance et je l'avais finalement eu en m'installant à San Francisco et en débutant la formation de secouriste. Ici, je vivais la vie que javais toujours eu envie d'avoir. Je lisais le journal quasiment tous les matins et appréciais de vivre dans une ville aussi attractive, mouvementée et politique. Je n'avais pu finir mes études de droit mais je retrouvais sur la côté est tout ce dont j'avais envie : une bataille politique et un enjeu qui en valait la peine. J'avais en plus ce job qui me plaisait et le droit était bien loin de mes pensées. La santé était ma vocation. Sauver des vies était un besoin qui m'animait. Je ne pouvais vivre sans et je ne pouvais supporter d'en perdre une.