Le blizzard régnait ce matin de noël, alors que d'habitude il ne neigeait jamais. Un froid encerclé San Francisco et un petit garçon regardait les flocons s'écraser et se fondre dans la masse sur le sol recouvert de blanc. Ce petit être n'avait jamais rien demandé, il vivait dans un petit foyer, une petite famille composé d'un père alcoolique, directeur de chantiers et d'une mère atteinte d'une tumeur maligne au stade avancé. Il avait pris pour habitude de trainer seul dans les rues lorsque son père picolait et ce n'était pas une mauvaise chose, il attendait les coups de deux à trois heures du matin pour rentrer. Son prénom était Arkley, ce dernier naquit à Denver avant de déménager en plein San Francisco à ses cinq ans. D'origine japonaise, il ne connait rien de cette culture mais il ne la renie pas pour autant. Son père ne lui autorisait pas de se rendre à l'hôpital pour voir sa mère et pourtant, il avait besoin de sa présence. C'est à ses dix ans qu'il apprit à regarder la réalité en face, lorsqu'un appel provenant de l'établissement de ''la mort'' annonça le récent décès de sa génitrice. Elle n'avait pas survécu ! Cette menteuse, pensait Arkley. Comment osait-elle me laisser, n'avait-elle pas dit qu'elle battrait cette maudite maladie ? De longues et nombreuses pensées traversa l'esprit du japonais.

Adolescent, Arkley avait du succès auprès des filles. Il ne fumait pas, il ne buvait pas, après tout il n'en avait pas besoin. Cependant, malgré les quelques petites amies que le jeune homme avait eu, il restait renfermé et distant. Il ne voulait pas de la chaleur humaine, il voulait simplement qu'on le laisse tranquille. Son père avait reprit le travail, mais ne cessait pas de boire. Les signes sont trompeurs, se masquer aux autres étaient devenu l'une des choses qu'il réalisait le mieux. On ne se moquait pas de lui, on savait son histoire, il était ''populaire'' pour ça d'ailleurs. Bon, ce n'est pas qu'il ne montrait absolument aucune émotion, c'est juste qu'il n'aimait pas les marques d'affections. Ce qui ne l'empêcha pas d'avoir couché avec quelques filles. Rien de très romantique il faut dire.

Arkley se souviendra de cette période pour le restant de son existence. Il commençait à faire froid, les feuilles mortes tombaient et se baladaient le long des trottoirs. Ce dernier ne se souvint plus de son accident, mais il se serait évanoui violemment en pleins cours d'anglais. Amené à l'hôpital, il ne fallut pas longtemps pour diagnostiquer une tumeur maligne de stade 4, donc avancé. Son ''héritage'' l'avait donc salement rattrapé. Allongé sur le lit, il ne montrait aucune expression transparaître. Son père venait d'arriver et pleurait au seuil du lit priant le ciel qu'on l'épargne. Après de nombreuses tentatives d'escapades, Arkley fut rappelé à l'ordre par des vomissements et des maux de tête affreux. Il avait peur de traverser le couloir, de respirer l'air qui l'en dégageait, il ne pouvait supporter la pensée de voir d'autre personnes. Même son père n'arrivait pas à capter son attention, bien que le suppliant de lui répondre, lui demeurait muet à son égard. On lui annonça son taux de survie, ne dépassant pas les cinq pour-cents. Le lycéen n'en avait rien à faire, il voulait s'en aller. Mais … Son père se leva et lui cria.

« - COMMENT OSE-TU ? Tu fais honte à ta mère ! La vie mérite que tu te battes ! TU CROIS QUE C'EST FACILE DE TE VOIR PARTIR ? AIDE-MOI ! AIDE-TOI ! Je t'emmènerais ailleurs après, en Australie ! Le pays que ta mère et toi avaient toujours voulu visiter ! » Avant de finir en sanglot. « - Je t'en prie … bats-toi .. ! »

Le fils serra la main de son père et acquiesça doucement. Un léger sourire aux lèvres, il accepta l'intervention de non retour, la risquée. Les chemins se répétèrent, sa mère avait décidé de poursuivre et de se battre. Mais allait-il vivre ? L'opération se déroula et dura plus de dix heures. Arkley semblait percevoir une lumière blanche, angélique dans un décor de Denver, leur ancienne maison. Une silhouette aux attraits féminins se démarqua et ce fut sa mère. Elle lui prit la main et lui murmura à l'oreille de respirer une nouvelle fois. Le sept octobre, au matin, il se réveilla du coma. Il avait survécu. Un miracle, personne n'y croyait et pourtant. Après avoir demandé la présence de son père, on lui annonça qu'il était parti sans donner de raison. Il se brisa en deux avant de hurler et d'extérioriser toute sa colère. Déchainé, on lui demanda de se calmer pour ne pas qu'il débranche ses files. Qu'il ne devait pas faire d'effort, qu'il était trop faible. Son père ne croyait pas en ses chances de survies.

Il poursuivit ses études après s'être rétablie, sautant une classe en rattrapant par la même occasion son retard. Après tout ce qu'il venait de dépasser, il ne savait pas pourquoi il voulait devenir médecin. Du moins, pas précisément : Sauver des vies ? Empêcher un père de partir ? Parce qu'il était doué ? Il ne savait pas.  Hiberné à son plus jeune âge selon sa volonté, Arkley eut une bourse pour se rendre à l'université de Standford. Ayant fait ses études là-bas, il revint dans sa ville natale pour rendre hommage à sa mère et effectuer son internat à l'hôpital de San Francisco.

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