✄ i just want to know you're okay

Trois jours exactement. 72 heures que j'étais revenu travaillé à l'hôpital. Le début fut difficile. Entre les regards indiscrets, les commentaires inappropriés et la pitié des employés, j'avais appris à rester calme, à ne pas m'emporter, à ne pas répliquer à chaque fois que je croisais un soignant qui me dévisageait. D'accord, j'avais encore les marques de mon agression sur le visage mais je détestais qu'on me regarde comme une bête de foire et qu'on discute de mon cas derrière moi. Ces instants se produisaient à chaque fois que je bougeais. Le personnel s'arrêtait et un silence pesant m'accompagnait de service en service. Heureusement que les patients ignoraient tout de ma situation sinon j'aurais déjà pété un câble et je m'en serais probablement déjà pris à quelqu'un. Cependant, je ne regrettais en rien mon choix de reprendre le travail. Rester en congé, ce n'était pas pour moi. Ne rien faire, c'était tuant. Soigner par contre, c'était vivifiant et beaucoup plus utile. Je me sentais moi-même à l'hôpital. Et même si le Docteur York m'avait donné un arrêt maladie de plusieurs semaines, je n'aurais pu le tenir. Alors j'étais revenu en me doutant que mon retour précipité ferait parler les commères de service.

Ça ne manquait pas... Alors que j'arrivais dans les couloirs des urgences, je sentais tous les regards tournés vers moi. Je n'y faisais pas attention, m'avançant discrètement vers le bureau des infirmières. Je voulais éviter ma sœur, histoire de ne pas m'engueuler avec elle aujourd'hui. Je ne l'avais pas revu depuis mon retour au travail et je savais que mon choix ne lui plaisait pas. Il ne plaisait à personne de toute manière. Une autre soignante me donna alors le dossier pour lequel j'avais été appelé. Elle me dévisagea avant de le lâcher quand je commençais à tirer dessus pour le récupérer. « Merci. » Lançais-je froidement avec un regard assez dur. Je n'étais pas le plus sympathique des résidents. C'était même pire depuis mon agression. Je me dirigeais alors vers mon patient. « Bonjour, monsieur Crawford. Je suis le Dr. Valentine et je vais m'occuper de votre fracture. » Je commençais mon travail, déposant le dossier au pied du lit. J'attrapais le bras du patient et regardais sa blessure quand mon titulaire m'interrompit. Je me redressais, surpris. « C'est bon, je m'en occupe, Dr. Valentine. » Je ne comprenais pas pourquoi il était là ni même pourquoi il me stoppait dans ma démarche de soin. « Puis-je vous parler, docteur ? » Nous nous reculions tous les deux et je débutais ma tirade. « Je pourrais savoir pourquoi vous m'interrompait ? Ca fait bientôt deux ans que je travaille ici et c'est la première fois qu'on e rabaisse comme ça devant un patient ! » Son regard était fuyant. Il fixait même le bureau des infirmières derrière moi. Je me retournais et observais la situation. « Oh, très bien... » Lançais-je brutalement. « Vous me croyez tous incapable de travailler ?! Et vous préférez vous concentrer sur mon cas derrière mon dos ! Allez tous vous faire foutre ! »

En colère, je m'éclipsais et entendais certaines personne répondre face à mon impulsivité. "pourquoi réagit-il comme ça ?", "mais quel idiot !" ou encore "il aurait du rester en arrêt."... C'est dans cet état que je quittais les urgences pour me réfugier dans la salle de garde. « Qui que ce soit, j'espère que c'est une 'vraie' urgence, et pas une plaie min...ime. » Je refermais derrière moi, m'apprêtant à reprendre mes esprits quand mon regard tomba sur lui. Je restais collé contre la porte, ne sachant quoi dire, ni quoi faire. J'avais grand besoin de solitude mais la réalité était tout autre. Blake me faisait face. Ou plutôt le Dr. Saint-Clair, mon supérieur et titulaire aux urgences. Je soupirais légèrement. « Solveig je... Je suis content de te revoir. » Je le suivais des yeux et le fixer lorsqu'il se leva pour s'avancer vers moi. Il était content de me revoir... Ce n'était pas réellement réciproque. Pour le coup, j'aurais préféré être seul car Blake devait aussi être au courant de cette histoire. Qui ne l'était pas ? Je ne voulais pas être assaillis de questions de sa part. Je ne pouvais plus répondre à rien. Je voulais oublier, passer à autre chose pour tenter de revivre après cette agression. Et ce n'est pas avec ces regards et ces questions à répétition que j'y parviendrais. « Je suis en train de remplir des dossiers mais j'aurais bien besoin d'une pause...ça te dirait de boire un café ? » Je plissais légèrement les yeux, contournant le titulaire pour jeter un regard à ces dossiers. « Avec plaisir, docteur Saint-Clair. » Lui répondis-je, presque indifférent. Il avait voulu qu'on mette des limites dans notre relation, je respectais son choix. Chose que lui ne faisait pas. Je m'approchais de la cafetière et nous servais deux cafés. J'en posais un sur la table et gardais l'autre entre mes mains. J'en bus une gorgée. « Vous avez beaucoup de travail aujourd'hui ? Parce qu'apparemment mes services ne sont pas utiles aux urgences... » Autant être franc et puis je ne savais comment agir avec lui. Il avait voulu une mise à distance, je la lui avais donné. Et soudainement, il me tutoyait à nouveau. Que me voulait-il franchement ? Était-il comme tous ses autres vautours ? Ou cherchait-il à se faire pardonner ? Était-il véritablement inquiet ? Ou n'était-ce que par politesse ?