« Un jour tu seras un homme mon fils. Tu seras un grand homme et tout le monde t'admireras parce que tu es un Theodokis. Et qu'un Theodokis réussit toujours. »

Des phrases dans le genre Eugène en entendait à longueur de journée. Il était le premier garçon de la famille après tout. Mais une question revenait souvent dans son esprit encore immature à l'époque. Il s'était toujours dit que ce n'était pas juste envers sa sœur jumelle, elle était venue en même temps que lui après tout et pourtant ne semblait pas bénéficier du même traitement que lui. Ses parents l'aimaient aussi, mais c'était différent, surtout pour le père Théodokis, il n'avait pas le même regard. Sûrement une histoire de fierté masculine. C'était un peu lui qui devait reprendre le flambeau, ou plutôt, le scalpel de monsieur.
M et Mme Theodokis étaient des médecins de renommés mondial. Demandés aux quatre coins du monde pour diverses opérations, mais rarement à la maison pour soigner les maux de leurs propres enfants. C'était triste mais, Eugène ne le vivait pas si mal que ça. Il aimait retrouver ces parents après une longue période d'absence. Il aimait le sourire de ces parents quant Madame Hawkins, leur nourrice (une brave femme), soulignait à quel point Eugène avait été sage et obéissant. Le plus sage de tous comme d'habitude. C'était comme si, à force de lui répéter qu'il serait intelligent et qu'il serait le meilleur il s'était crée une personnalité collant parfaitement aux exigences qu'on lui avait imposé. Comme si il n'existait que par ça, que pour ça, plaire et rendre fière ses parents. Mais il n'en souffrait pas, bien au contraire, il y arrivait parfaitement et était fière de lui même. C'était ça qu'il voulait : faire comme papa, rendre fière papa, être comme papa...
Eugène étant petit passait souvent inaperçu, surtout quant il volait certains livres de la « bibliothèque des grands » pour les lire en secret sous la table. Il adorait ça les livres de grands , pas parce que c'était interdit. Non. Simplement parce que c'était beaucoup plus intéressant que ce qu'on lui donnait à lui. Il se délectait le mardi soir avant de dormir à l'idée que le lendemain, dans l'après midi, pendant que sa grande sœur avait sa leçon de Français,il pourrait aller discrètement chiper un livre et le lire sous la table de son bureau dans sa chambre. Au départ seule sa sœur Eurydice le savait. C'était leur secret.Puis madame Hawkins l'apprit, elle n'en fut qu'a moitié surprit. Elle avait toujours vu en Eugène un enfant malicieux et plus futé que les autres. Comme si il comprenait plus facilement certaines choses. La preuve, il n'avait que sept ans lors de cette affaires la, et les livres dont il s'emparait était des livres de médecine ! Il avait en lui une certaine sagesse et une intelligence qui lui faisait parfois tenir des propos d'adulte ou, avoir des conversations plus mature que son age.
Eugène était épanoui dans ce petit cercle familiale bien que discret il s'était fait sa place, celle du petit chouchou qu'on bichonnait. Il avait pour sa grande sœur une profonde admiration, elle apprenait si bien ! Et, il ne le disait pas mais, il prenait souvent exemple sur elle. Eurydice c'était comme son soleil, sa lumière qui le guidait quant il était perdu. Déjà petit elle s'occupait de lui et de sa jumelle comme une maman alors qu'elle n'avait que quatre ans de plus qu'eux.Tout au contraire,  la relation qu'il entretenait avec sa jumelle était quant à elle, plus compliquée, un peu conflictuelle, ils se battaient parfois, mais jamais longtemps. Madame Hawkins les reprenait toujours : « Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez de vous avoir l'un et l'autre. Vous ne serez jamais seul » .


Jamais seul . C'était peut-être ça le problème.  A l'adolescence Eugène devint un peu plus renfermé  et un peu distant. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas être prêt des autres. Non. C'était juste que parfois il étouffait dans une si grande famille. Et elle s'était agrandit la petite famille Théodokis, sept au total. Eugène passait déjà inaperçu parmi trois enfants ,la, c'était comme si il n'existait plus. Le problème d'Eugène c'était qu'il ne vivait que pour et par les autres. Il se mettait souvent à l'écart. Mais attention, il ne se fermait pas, il était l'oreille attentive, l’œil affûté , l'épaule sur laquelle on pouvait pleurer. Cette isolement il servait aussi à mettre en avant les autres. Il savait que les plus petits avaient plus besoin de leur père et de leur mère que lui, lui il était grand, il n'avait plus besoin de l'approbation parental. Du moins c'est ce qu'il tentait de se faire croire. Il aidait comme il pouvait sa sœur à réunir tout ce beau monde et créer une solidarité entre eux. Ce noyaux familiale c'était tout ce qu'ils avait. Même si il passait souvent pour le sans cœur, celui qui ne montrait jamais rien de ses émotions, celui qui passait tout son temps dans sa chambre à bosser . Dans le fond, sans sa famille il n'était rien. Unir sa famille c'était la plus belle chose qu'il n'avait jamais accomplit, c'était sa fierté. Et parmi tout ses frères et sœurs, Héléna était l'une de celle qui le comprenait le mieux. Elle savait quel était le fond de sa pensée et la couleur de son cœur. Elle savait qu'il avait plus d'amour pour eux tous que pour sa propre vie. Elle savait aussi qu'elle pouvait tout lui dire. La preuve, lorsqu'elle lui avoua son homosexualité il avait accueillit la nouvelle positivement. « Ce n'est pas ta sexualité qui va changer le sang que tu as dans tes veines n'es pas ? » - « Non » - « Alors il ne changera en rien mon amour pour toi »


C'est en homme bien trop mature pour son age qu'Eugène rentra en faculté de médecine. La même que celle de sa grande sœur qui à travers le temps et l'espace était rester sa lumière dans le noir. Tout ce qui touchait à la science et la biologie avait toujours fasciné le jeune homme. Et en plus, cela rendait papa Théodokis fière, alors c'était encore mieux. Eugène était de ce genre d'élève qui avait une facilitée déconcertante à retenir toute sorte de formules et les appliquer presque dans l'immédiat. Ce qui était paradoxale parce qu'a la plupart des cours il était placé tout derrière et que peu de professeurs retenaient son nom et son visage. Il ne se faisait pas vraiment d'amis, juste de vagues connaissances. Parfois, on venait le voir et on lui demandait si il était vraiment le fils de ces deux célèbres médecins. Il était assez fière de répondre que oui, il avait même parfois envie de rajouter qu'un jour il serait aussi doué qu'eux, mais il se retenait. Sans trop forcer, il obtenait de bonne note mais en élève scrupuleux et passionné qu'il était il faisait toujours de son mieux et excellait dans presque toutes les matières. La consécration absolu fut pour lui, le jour ou, en seconde année, son professeur de biologie expérimental, une connaissance de son père, alla parler de lui à ce dernier, lui dépeignant un portrait élogieux de son fils qui obtenait de très bon résultats. Eugène n'avait jamais ressentit autant de fierté. Il n'avait jamais vu autant d'amour dans les yeux de son père que lorsqu'il vain lui rapporter l'anecdote quelques jours après que le professeur soit venu lui parler. C'est comme si son projet avait été confirmé : il voulait devenir chirurgien.


C'est lors d'un stage durant son d'internat qu'il l'a rencontra : Jasmine. C'était une patiente. Elle était atteinte de la mucovidose et était en attente d'une greffe en urgence. Elle avait dix sept ans et lui à l'époque en avait vingt cinq .Au début, il la voyait souvent sortir la tête de sa chambre timidement, parfois, elle se baladait dans les couloirs de l'hôpital pour échapper aux infirmières. Ça se voyait dans ces yeux qu'elle rêvait de liberté, que c'était une fleur qui fanait peu à peu dans cet hôpital affreusement fade. Il l'a couvrait souvent, quant on lui demandait si il l'avait vu, il ne disait rien.Lui même ignorait pourquoi il faisait ça. Comme si il avait vu trop de peine dans les yeux de cette fille, et qu'il ne voulait pas en ajouter. D'ailleurs c'était comme ça qu'il s'était parlé la première fois. Il l'avait couvert, elle l'avait vu et elle l'avait remerciée. Puis ils devinrent vite inséparables. Passant de longues soirées et pauses déjeuners à discuter de tout et de rien ensemble. Déjà qu'Eugène était heureux quant il était au travail ! Alors, depuis qu'elle était rentrée dans sa vie c'était le bonheur absolu. Il lui donna son premier baiser & sa première fois dans cette hôpital. Eugène était fasciné par ces yeux bleus dans lesquels on pouvait lire toutes les épreuves qu'elle avait du endurer qui contrastait avec son jolie sourire qui semblait si spontané et naturelle. C'était comme si rien ne l’atteignait. Elle se réjouissait des petites choses du quotidien. Comme le temps qu'elle passait avec lui : « son docteur attitré », comme elle aimait l'appeler. Malheureusement cette proximité ne fut pas appréciée par tout le monde et le père de Jasmine signala bien vite que l'un des médecins était bien trop proche de sa petite fille à son goût. Le chef du service réprimanda fortement Eugène pour ça. Bien sur, au début il obéi, comme il l'avait toujours fait. C'était ça qu'on attendait de lui, qu'il s'éloigne de Jasmine. Il le fit donc, pour ne décevoir personne. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'au final il décevait quant même une personne qu'il affectionnait : Jasmine. Elle se demandait pourquoi il ne voulait pas la voir, pourquoi il avait arrêter de lui parler si brusquement. Ça lui faisait mal à Eugène, il en souffrait profondément de cette éloignement, il eu une période de renfermement sur lui même assez subite et violente. Jusqu'au jour ou . Le jour précis ou il ouvrit les yeux...Ou du moins son cœur.
Eugène était dans les couloirs de l'hôpital, il était deux heure du matin. Le jeune homme était en train de parler avec une des internes, Alicia. Cette dernière, appelée pour aller s'occuper d'un patient, s'en alla, laissant seul Eugène dans le couloir qui était vide. Enfin, presque vide. Jasmine était au bout et fixait Eugène. Le beau brun ne l'avait pas vu depuis au moins deux semaines, son cœur battait la chamade. Il se tourna, ne voulant pas se torturer, il s'apprêtait à prendre l'ascenseur. Mais la jeune fille le rattrapa bien avant. « Il veulent me mettre ailleurs Eugène. » ; sa voix qui n'était déjà pas très forte d'habitude, était presque un souffle maintenant. Eugène était de dos à Jasmine mais il sentait son regard, il sentait même l'étreinte qu'il aurait voulu lui faire.« Eugène pitié » Elle suppliait à présent. Le jeune homme ne pue résister plus longtemps et se retourna vers elle pour la prendre dans ses bras. Elle le serra de toutes ces petites forces et éclata en sanglot avant que ces jambes ne la lâche et qu'elle ne manque de tomber. Eugène l'a rattrapa de justesse. Il avait été tellement obnubilé par sa présence qu'il n'avait même pas remarquer qu'elle n'était pas dans son fauteuil.(Elle était très affaiblis) Il l'emmena dans un bureau vide ou était entreposé des cartons plein de vieux dossiers médicaux et il l'a déposa en position assise sur la table délicatement. Il l'a regarda dans les yeux et l'embrassa langoureusement. « Je t'aime Jasmine tu es la femme de ma vie » lui dit il au creux de l'oreille. Le jeune fille pleura de plus belle tellement ces paroles la touchait, et elle le prit dans ses bras à nouveau ."Je t'aime aussi Eugène" Eugène n'avait jamais dit ces mots à personne, mais il les pensait. Il n'avait jamais désobéi à un ordre, surtout qu'il risquait gros sur ce coup la. Eugène n'avait jamais exister que par l’obéissance et la bienséance. Mais dans les bras de Jasmine il avait l'impression d'exister autrement, il avait l'impression que tout prenait un autre sens, plus beau et plus grand.
Après ce jour la il continuèrent de se voir en cachette pendant prêt de six mois. Jusqu'au jour ou le père de Jasmine découvrit leur idylle cachée et qu'il ne la fasse changer d'hôpital. « Je veux savoir ou elle est ! » Avait hurlé Eugène dans le bureau du chef de service quant il avait apprit qu'elle était partie. Le chef, monsieur Conrad, un vieux russe qui ressemblait au père noël n'avait jamais vu Eugène dans une telle fureur. Il était choqué mais en même temps il comprenait, il avait aimé lui aussi dans sa jeunesse. « Je suis désolé mon petit, je ne peux rien te communiquer » ; lui avait il dit en posant une main qui se voulait amical sur son épaule. Il partit en claquant la porte. Elle n'était plus la, elle était partie du jour au lendemain. On avait du la forcer, c'était sur.
Après cette séparation subite et douloureuse il eut du mal à se remettre d'aplombs. Mais grâce au soutient de ses frères et sœurs, il s'en était remit. Se replongeant à fond dans le travail et se perfectionnant au maximum. C'était normal qu'il ait eu du mal à s'en remettre, après tout, c'était son première amour. Après Jasmine, il eut quelques idylles assez fades, rien de vraiment intéressant, c'était pour passer le temps... Une question trottait toujours dans sa tête : Et si elle était resté ? Son amour, la femme de sa vie … Il était resté convaincue que c'était elle et pas une autre . Oh , il avait tenté de la retrouver, mais en vint. Il était passé à côté de l'amour. Au fil du temps il s'y était fait. Tout l'amour qu'il avait allait à sa famille et c'est donc naturellement que lorqu'Héléna décida de muter, il décida de la suivre comme le reste de la troupe à vrais dire. Dans ce nouvelle hôpital pour sa dernière année avant sa titularisation, avec ce nouveau personnelle il passerait inaperçu comme à son habitude. Il pensait continuer sa vie paisiblement. Mais il se trompait lourdement. A peine arrivé à San-Fransisco sa grande sœur ayant eu un malaise durant une opération, leur avoua être atteinte d'une leucémie. Se fut un grand déchirement pour Eugène. Son étoile était malade ? C'était une tragédie pour lui, et même si comme à son habitude il ne laissait rien transparaître cela le touchait. La vie mouvementé qu'il s'attendait à avoir ici était mal partit, surtout que certains fantômes sont susceptible de réapparaître à tout moment.