don't forget where you belong

Je ne garde pas beaucoup de souvenirs des premières années de mon enfance bien qu’il n’y a rien de bien étonnant à cela, non pas que j’ai à me plaindre de quoi que ce soit concernant mon enfance, mais certaines personnes possèdent des souvenirs remontant uniquement à partir de leurs quatre ans ce qui est mon cas. Si nous remontons plus loin mon histoire concernera avant tout mes parents, ces deux êtres que rien n’a su séparer pas même la crainte qui ronge ma mère à chaque fois que mon père passe la porte de notre appartement pour un temps indéfini – ou presque. Ma mère, Aleyna, est grecque pour le peu que cela peut vous intéresser. C’est lors d’un voyage à Los Angeles qu’elle fit la rencontre de mon père ; Jason. Je ne me suis jamais spécialement intéressé à leur histoire, probablement parce que le terme « coup d’un soir » m’a immédiatement bloqué, d’autant que je suis né de ce fameux coup et entre nous, la vie sexuelle de mes parents ne m’intéresse que très peu voire pas du tout. Bref, une rencontre et une nuit imprévue qui donnèrent neuf mois plus tard le petit garçon que je suis. Mes grands-parents maternels n’étaient que très peu ravis de cette naissance hors mariage, mais ils m’acceptèrent malgré tout … comme s’ils avaient réellement le choix ! On peut dire que je suis en quelque sorte ce qui lia mes parents à tout jamais pour être ensuite suivi de mes trois petites sœurs – oui, ô joie, je suis le seul garçon de la fratrie. Bref, tout cela pour dire que je n’ai jamais réellement eu à me plaindre de mon enfance. Mes parents m’aimaient, je les aimais et puis j’ai eu des sœurs à quelques années d’écart qui ne tardèrent pas à faire de ma vie un enfer – mais je les aime malgré tout. Enfin voilà le début peu intéressant de ma vie, à vous de voir si vous continuez ou non mais sachez que je n’ai rien d’un garçon à la vie passionnante, croyez-moi. ———————— ͼҨͽ ———————— « Jared Persée Grayson, je peux savoir ce que tu fais debout sur le dos de ton père ? » L’inquiétude fut perceptible au travers de la voix d’Aleyna bien que ce qui me marqua fût son arrivée des plus inattendues qui manqua de me faire tomber à la renverse. Mes iris se posèrent immédiatement sur ma mère qui, les bras croisés contre sa poitrine, nous toisait mon père et moi. C’était l’une des rares fois où mon père restait aussi longtemps à la maison. L’une de ces fois où il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour passer du temps avec moi en allant, par exemple, me chercher à la sortie de l’école tandis que la directrice voulait lui dire un mot – enfin plus, mais ne cherchons pas à comprendre. Jason tourna la tête vers sa femme et lui adressa un faible signe de la main tout en poussant un léger grognement lorsque je me mis à marcher sur le bas de son dos. « Il remet quelques-uns de mes os en place. » Déclara mon père, un petit sourire aux lèvres. Fièrement, je lui adressai le même sourire alors que ma mère roulait des yeux. « Vous trouvez ça malin, peut-être ? » Mon père tourna la tête de sorte à me regarder. Nous échangeâmes un regard puis je relevai la tête vers ma mère, mon sourire toujours aux lèvres. « Mais je suis très malin, même que maintenant je suis dans la classe des grands. » Je bombai le torse avec fierté. Ma mère fronça les sourcils et échangea un regard avec mon père qui, brusquement, décida de se relever tout en faisant un geste bien trop rapide pour que je comprenne la manière dont j’atterri dans ses bras. « Ce jeune homme est un génie. » Déclara mon père. Il me posa à terre et ébouriffa mes cheveux ce qui me fit pousser un grognement de mécontentement en dégageant sa main de sur ma tête. « Il s’ennuyait en cours, son professeur a voulu vérifier et lui a fait passer quelques tests. Jared a un QI bien supérieur à la moyenne. La directrice a décidé de le faire passer dans la classe supérieure à défaut de l’envoyer dans une école spéciale. » Cette fois, je grimaçai. J’avais attendu dans le couloir où se trouvait le bureau de la directrice en me demandant si cet entretien avec mon père avait un quelconque lien avec le fait que j’avais une fois de plus dû donner mon goûter à la brute de ma classe, mais une fois également en présence de ces deux adultes, j’appris que c’était pour une toute autre chose. Rapidement, il fut question de m’envoyer dans une autre école, une école pour enfants aussi doués que moi mais je m’y étais opposé tout de suite. « Je veux pas changer d’école, mes amis sont ici. » Certes, je fus une bête de foire pendant un petit moment, mais je préférai encore cela à devoir me faire de nouveaux amis. Ma mère posa un regard amusé sur moi de quoi me fait craindre ce qu’elle allait dire. « Ce n’est pas plutôt parce que tu n’aurais pas pu voir Lyla alors que maintenant tu seras dans sa classe qui t’embête ? » Le feu me monta aux joues et j’eus bien du mal à fixer ma mère sans baisser les yeux à cause de mon malaise. « No…non. » Bégayai-je tout en pestant intérieurement contre moi-même. Evidemment, il fallait que je me dévoile moi-même, fichu bégaiement lorsque j’étais gêné. Ma mère rit et mon père m’ébouriffa – encore ! – les cheveux. « Bon le génie, si tu m’aidais à faire la Moussaka. » Mon ventre émis un gargouillement – génie et glouton ! – et je m’empressai aussitôt de gagner la cuisine, une échappatoire comme une autre à cette discussion un peu trop dérangeante à mon goût.