Elsy ? Invité
| Sujet: Need Youuuuu Lun 7 Oct - 18:20 | |
| Bonsoir :), Je poste ce message ici ce soir car je suis à la recherche d'un forum (sériously ?) mais que j'ai quelques "exigeances". Avant de prendre ma décision, je voudrai savoir si quelqu'un ayant l'un des avatars suivant (ou envisageant de prendre un de ces vavas en DC) serait OK pour un lien love (compliqué et à déterminer ensemble) entre nos personnages (la mienne étant aveugle) : Les vavas, par ordre de préférences : Gaspard Ulliel, Michael Fassbender, Chris Hemsworth, Ben Barnes, Ian Harding, Henry Cavill. Maintenant, voici les caractéristiques de mon perso : (Il est repris d'un ancien perso sur un forum qui a coulé :/)
Prénom : Aleksandrina Avatar : Kelly Brook Âge : 27 ans Histoire : Version courte : - Spoiler:
C'est une princesse Autrichienne (j'ai potassé toute l'histoire de la famille pour que ce personnage soit le plus vrai possible et s'implante dans l'actualité de la famille) • Elle étudie l'anthropologie et est bisexuelle • Elle est hyperthymésique, de santé fragile • Aleksandrina est totalement aveugle • Privée de sa vue, elle accorde plus d'attention à ses autres sens ce qui lui permet de compenser son handicap • Elle peu reconnaître quelqu'un qui arrive au bruit de ses pas car la gestuelle des gens en dit beaucoup sur eux (inspiré d'un film genre les experts, j'avoue) • Pour ses études elle ne peux compter que sur ses doigts • Personne ne savait qu'elle était aveugle quand elle a passé ses épreuves pratiques pour l'obtention de son master • Elle a peur qu'on lui refuse le droit d'exercer à cause de son handicap • C'est pour cela qu'elle a attendu la fin de son master pour révéler son secret • Pour suivre les cours sans utiliser le braille, Leksie enregistrait tout avec un magnétophone et sa meilleure amie, dans la confidence, lui expliquait les fiches que distribuaient les professeurs • Elle adore la culture de son pays • Elle rêve d'aller en Russie • Bien qu'elle ait connu quelques amourettes dans sa vie, Aleksandrina est toujours vierge • C'est une passionnée de littérature, de langues étrangères mortes ou vivantes et elle adore la mythologie grecque • Ayant apprit à vivre avec son handicap elle l'accepte mais ne supporte toujours pas le regard et la pitié des autres à son égard • Elle a des traces de coupures sur ses poignets.
A noter : elle est aveugle à cause de son père. Donc au départ, elle a put voir le monde ( ce qui généralement rend les choses plus difficiles, il parait).
Version longue : - Spoiler:
C’est en Autriche qu’est née Aleksandrina Pandore Elisabeth Sissi Amélie Gisèle Sophie Ludovika Hélène Josèphe Valérie Antoine Suzanna Marie-Thérèse von Habsburg-Lothringen, dans une famille pour le moins torturée par l’histoire et souvent considérée comme maudite, notamment depuis la mort de Rodolphe, seul héritier de l’empereur François-Joseph et de son épouse Elisabeth de Wittelsbach, elle aussi issue d’une famille réputée sous la coupe d’une malédiction. Si la demoiselle peut se targuer d’être née dans l’une des plus grandes familles de l’histoire de l’Europe, elle ne peut que regretter le manque de popularité de cette dernière depuis la défaite en 1918 de l’empire Austro-hongrois, après laquelle Charles 1er renonça à sa participation au gouvernement, sans se destituer formellement malgré les troubles populaires et révolutionnaires. Par cet acte, il signa l’abolition des monarchies d’Autriche, de Hongrie et de Bohême qui furent alors déclarées républiques. Via la loi d’Exil, plus communément appelée «Habsburgergesetz» et éditée le 3 Avril 1919, le parlement Autrichien bannit officiellement les Habsbourg-Lorraine et s’appropria leurs propriétés. Malgré l’insistance de Charles en mars et octobre 1921 pour reprendre son trône, la Hongrie destitua à son tour les Habsbourg le 6 novembre de cette même année.
Vienne, Autriche. Si en ville, tout à l’air normal, si pour le commun des mortels il s’agit d’un jour comme un autre alors que la neige a recouvert le monde de son épais manteau blanc, ce n’est pas le cas pour un jeune couple, composé d’un prince styliste et de la comtesse mannequin qu’il a révélé au grand public, il y a de cela cinq ans. Très tôt dans la nuit, aux alentours des trois heures du matin, la comédienne avait ressentit les contractions annonciatrices de l’arrivée imminente de son bébé, dont le sexe était encore un secret. De fait, le couple s’était rendu à l’hôpital en urgence et la Princesse Habsburg-Lothringen, couverte de sueur, s’époumonait maintenant dans la salle d’accouchement, en poussant pour donner le jour, hurlant pour entendre enfin les cris de son enfant, alors que son cher et tendre était occupé à la soutenir en lui donnant la main. Si le travail durait depuis une bonne heure, il n’y avait toujours pas de complications et l’enfant commençait à sortir.
Le premier cri, enfin. Le soulagement d’une mère qui cesse de souffrir, le bonheur d’un père qui regarde sa crevette s’époumoner, encore maculée de fluides. Immédiatement, une sage-femme met l’enfant contre la mère qui sourit, simplement heureuse de sentir enfin cette peau douce contre la sienne. Les Esterházy s’étaient mariés deux ans auparavant et cette petite au nom étrange, venait enfin pour former une vraie petite famille. Depuis deux ans, le couple attendait cette ravissante enfant.
La mère et l’enfant restent quelques jours dans une chambre de l’hôpital, à attendre de pouvoir rentrer chez elles, où le lit du bébé l’attend déjà depuis des semaines. Le sapin aussi attends, depuis la nuit du 24 décembre au cours de laquelle les proches du couple se sont retrouvés pour le décorer ainsi qu'échanger leurs cadeaux, et à peine arrivé, le couple dépose l’enfant au pied de celui-ci pour la photographier. Simplement parce que cette petite Aleksandrina est née au jour de Noël, lorsque l'enfant Jésus, pour le peuple Autrichien, est censé venir déposer les cadeaux pour tout un chacun, qui s’est montré sage au cours de l’année. Mais le nourrisson n’aime visiblement pas le feu des projecteurs et commence à chouiner, n‘appréciant guère, de toute évidence, le fait d’être la cible de ces paparazzis pour le moins originaux. Ses cris retentissent, impériaux. Mais l’enfant se calme bien vite, lorsque la chaleur d’un sein maternel vient frôler ses lèvres. Un sein blanc, que le nourrisson vient téter goulûment, sous les yeux larmoyant de bonheur de ses géniteurs. Ce qui lui vaux, d’ailleurs, une nouvelle salve de photos et un passage par la caméra du prince.
Il y a les enfances faciles, comblées de rire, de chant, de joie, d’amitié. De goûters d’anniversaire, d’invitation à venir dormir. Les enfances disons simples, sans prises de tête, sans valises à faire et défaire incessamment. Il y a les enfances malheureuses, orphelines, avec la solitude pour seule compagnie le soir de Noël venu. Ces enfances tristes qui vous mettent les larmes au cœur et qui vous transpercent jusqu’au plus profond de votre âme, de par la lourdeur qui les accompagne. Enfin, il y a les enfances qui se trouvent entre les deux ou celles qu’on ne comprend pas très bien. C’était le cas de l’enfance d'Aleksandrina. D’ailleurs, ce jour-là, comme tant d’autres fois…
L’enfant court dans le couloir de l’hôtel luxueux dans lequel sa mère est descendue avec elle, deux semaines auparavant. C’était toujours comme ça… Aleksandrina était trimbalée entre l’avion et l’aéroport, entre les suites de luxe et les plateaux photos, trimbalée par ses parents, un coup par l’un, un coup par l’autre. Le couple avait du mal à se voir, à cause de projets personnels. De fait l’enfant n’en voyait très souvent qu’un sur deux, aussi bien que s’ils avaient étés divorcés. Mais ils s’aimaient follement. Et la fillette a ainsi grandit avec cet exemple d’amour pur, intouchable et indestructible. Un brin mielleux, de cet amour qu’on voit dans les films ou entre ses Barbies et ses Ken.
L’enfant court donc, désireuse de retrouver la douce chaleur de la suite qu’elle occupe avec sa mère. En larmes. Vous ne savez pas comme les enfants de stars sont des petits péteux imbuvables pour la plupart ! Aleksandrina a beau être aussi pourri-gâtée qu’eux, elle a un caractère bien plus facile à vivre et beaucoup moins… disons prétentieux. Oui voilà, c’est le mot ! Et encore une fois, la petite Autrichienne a fait les frais de sa bonté, de sa douceur. L’Espagne ? C’est un pays qu’elle n’aime pas. Les autres enfants sont beaucoup trop péteux à son goût. Et les garçons sont plus méchants ici qu’ailleurs, songe l’enfant en fermant la porte de la suite pour courir à son lit récupérer un livre. Ah bon sang, comme la fillette voudrait être à Vienne, avec son papa et sa maman, à glisser dans la glace de la patinoire dans laquelle ils vont quelques fois, quand ils peuvent se retrouver…
Le temps passe et la demoiselle lit toujours lorsque sa mère vient la chercher pour manger. L’enfant descend en donnant la main à sa maman, le cœur gros. Elle voudrait tellement voir son cher petit papa. La princesse leur en veut un peu. Ils sont célèbres, ils lui manquent et en prime elle déteste les flashs qui crépitent sur eux, sur elle. Ce que la fillette veut, c’est avoir une vie normale avec des parents normaux. Un employé de banque et une enseignante, par exemple ! Cela lui éviterait de passer de villes en villes, d’amis en amis, de précepteurs en précepteurs… Mais la brunette a beau crier à l’intérieur, personne ne l’entend. Et sa vie n'est que cours de maintient, déceptions, bonne manière, lassitude, gros chagrins... et souvenirs. Car, étant hyperthymésique, l'enfant se souvient de bien des choses et cette maladie l'oblige à passer des pans entiers de ses journées plongée dans sa mémoire.
C’est un jour comme les autres dans la belle ville de Vienne et la petite famille est réuni pour passer quelques jours de vacances ensemble, entre deux shooting. L’été était enfin là et réchauffait la terre de ses doux rayons. Alors les parents emmenaient leur fille dans les jardins, pour des promenades au cours desquelles l'enfant plongeait les pieds dans les fontaines, du haut de ses six ans. Enfin, elle les fêterait bientôt, en fin d’année. Aujourd’hui cependant, la petite famille changea ses plans et, le prince restant dans leur demeure, la mère sortit seule avec l’enfant pour aller faire quelques courses.
L’après-midi était agréable et complice entre les deux femmes, qui riaient beaucoup. Dans un premier temps, seulement. Et puis le cours des évènements changea radicalement. Alors qu’Aleksandrina sortait d'un magasin, précédant sa mère, deux hommes lui firent soudainement face, tenant chacun dans une main, une arme à feu. Cagoulés, il est probable qu'ils venaient de commettre un vol. L’enfant était seule dans la petite ruelle. En une fraction de secondes, sans comprendre ce qu’il se passait, la fillette entendit le hurlement déchirant d’une femme et le coup partit. L’enfant se retrouva projetée sur le sol, le corps de sa mère au dessus d’elle.
Rapidement les commerçants sortirent alors que le meurtrier et son complice prenaient la fuite, la chose rendue facile par la surprise et la stupeur de tous. Peu après, ont entendit les sirènes, à cause du vol. Enfin, celle des urgences. On dégagea Aleksandrina avant de la laisser seules quelques instants, le temps de déployer les secours. Une femme en uniforme s’approcha de l’enfant qui hurlait, essayant de la rassurer, l’éloignant du corps de sa mère qu’elle secouait, en répétant : « Allez maman, c’est plus drôle maintenant ! Vient ! Et ma poupééééée ! Papa va nous chercher ! Réveille toiiiii. Mamaaaaaaaan !». Et puis Monsieur Habsburg-Lothringen arriva tandis que le corps de son épouse était déjà en partance pour l’hôpital, quoiqu’elle ne l’atteignit jamais vivante. Serrant sa fille contre lui il pleurait. Elle aussi.
La demoiselle fut bien sur interrogée par les enquêteurs, étant témoin du meurtre, mais les médecins finirent par décréter que ces interrogatoires étaient néfastes pour l'enfant. On arrêta donc de la questionner. L'enquête dura quelques années. Puis un jour, le dossier atterrit dans la chambre des affaires non-résolues, les meurtriers semblant s'être volatilisés dans la nature...
Attristée, désorientée, inconsolable, comme peut l'être un enfant qui voit sa mère mourir sous ses yeux de façon aussi tragique, Aleksandrina se renferma sur elle-même quelques temps, se murant dans le mutisme. Mystérieuse, secrète, elle ne s'intégrait pas dans les écoles, fuyant, à l'époque, la compagnie. C'est ainsi que son père décida de lui donner un enseignement via des précepteurs. Elle ne parlait pas, ne jouait pas. Mais elle faisait de la musique, de la harpe notamment et pratiquait le patinage artistique. Ses échappatoires.
Les choses ont bien changées, pour la petite princesse. Prise en pitié par un peuple qui ne croyait plus en sa famille, témoin de la déchéance d’un père, de la dépression de ce dernier, victime de sa mauvaise humeur et de ses accusations… Aleksandrina ne reconnait plus sa vie, qui a opérée un virage à 180 degrés. Souvent complètement ivre, son père la tient pour responsable de la mort de sa femme. Alors la jeune fille reste souvent seule dans sa chambre, à pleurer. Elle sait qu’au fond de lui, son père ne pense pas tout ça, qu’il n’aurait pas supporté qu’elle décède à la place de sa mère. Mais les mots de l’homme sont durs et ses coups lui font mal. Tant et si bien que la jeune femme ne sait plus que faire pour arriver à tenir le coup. L’envie de tout lâcher est parfois très forte. Ce serait si facile de prendre quelques médicaments et de s’étendre sur son lit, dans sa plus jolie toilette, pour aller rejoindre sa mère et goûter au repos éternel après avoir demandé pardon au seigneur pour cet acte de lâcheté. Pourtant la princesse tient bon et ne cède pas, promettant même sur le tombeau de sa mère dans la chapelle de la crypte des Capucins , qu’elle continuerai à se battre pour elle, pour la rendre fière car, croyante, elle était convaincue qu’il y avait autre chose après la mort et que, de là-haut, sa mère l’observait se réjouissant avec elle de ses victoires et pleurant à l’unisson ses échecs. Comme une force invisible sur sa route, pour la protéger et l’aider à avancer.
Adolescente, âgée de quinze ans, la jeune femme commence à poser pour des photographes et se fait un petit nom. Son père est loin d’être d’accord avec cela et la frappe encore plus, sans jamais s’attaquer toutefois aux parties visibles du corps de la demoiselle qui ne dit rien et souffre en silence, sans confesser ses malheurs à personne. Tout cela pour reverser l’argent des shooting à des associations de lutte contre la maltraitance notamment et diverses autres associations humanitaires. Si cela lui attire la sympathie des peuples Autrichien et Hongrois, ce n’est pas ce que la jeune femme recherche. Si elle fait tout cela, ce n’est que pour elle, parce que ça lui fait du bien dans le fond. Parce que faire cela lui donne l’impression d’avoir une utilité réelle en ce monde, autre que celle de servir de punching-ball pour un père qui frise la folie furieuse par son comportement vis-à-vis d’elle.
A seize ans, la jeune femme récupère quelques possessions perdues. Si Ötto von Habsburg-Lothringen a put conserver le titre de duc de Bar pour son amour de la Lorraine, si les membres de la famille sont restés archiducs et archiduchesses d’Autriche, princes et princesses royaux de Hongrie et de Bohême, si en 1989 le patriarche de la branche de Lorraine a retrouvé la nationalité hongroise et a été reçut à Budapest où la statue de l’impératrice Sissi, chère au cœur des hongrois, a été remise en place, Aleksandrine récupère, elle, quelques demeures et parures de la couronne, que le musé du palais Esterhazy lui restitue sous la pression de deux peuples. Les autrichiens découvrent une princesse dévouée à son pays, comme ils n’en ont plus eut depuis longtemps et plus présente que son ancêtre Elisabeth quand les Hongrois ont l’impression de retrouver, eux, leur reine tant aimée, dans la douceur et la sagesse de celle qui ne cache pas son amour pour l’un et l’autre des deux pays. La même année, il est décidée que la jeune femme, à sa mort et pour respecter les vieilles traditions de la famille, trouvera sa place parmi les siens : son cœur reposera dans la Herzgruft de l’église des Augustins, ancienne église paroissiale de la Hofburg, tandis que ses entrailles prendraient place dans les catacombes de la cathédrale Saint-Etienne alors même que ce genre d’enterrement ne s’est plus fait depuis celui de François-Charles d’Autriche, en 1878. Enfin, alors qu’il ne reste que cinq places disponibles pour cinq cercueils supplémentaires dans la crypte des capucins, sa sépulture aura l’honneur de s’y trouver, dans le Chapelle de la Crypte, aux côtés de Zita de Bourbon-Parme et sûrement d’Ötto von Habsburg-Lothringen, Régine de Saxe-Meiningen et Charles-Louis d’Autriche. A moins qu’une extension ne soit de nouveau effectuée pour bâtir une énième crypte qui l’accueillerai avec sa mère, actuellement placée dans la dernière des fondations. Ainsi reposera-t-elle entourée de 146 autres Habsbourg, dont douze empereurs ainsi que dix-neuf impératrices, de quatre urnes contenant chacune un cœur et d’une dame d’honneur éducatrice des enfants de Charles VI, honorée d’un enterrement dans la crypte. Ainsi en a décidé la maison Habsbourg, ou plutôt les patriarches des branches encore debout, à qui incombe la décision d'inhumer ou non des membres de la famille dans la crypte.
Seule face à son assiette, Aleksandrina contemple les victuailles qui la remplissent sans oser y toucher. A ses côtés, son père se goinfre et remplit sa panse, de vin, surtout. Mais la demoiselle a depuis longtemps perdu l’appétit. Voilà des années que son père la bat et, du haut de ses dix-neuf ans, l’étudiante en médecine, envisageant de se spécialiser en anthropologie, n’en peux plus. Deux ans de souffrances, de souvenirs incessants. On n’oublie jamais quand on souffre. On n’oublie jamais les rudes coups portés par la main paternelle. Encore moins quand ont est hyperthymésique... Encore moins quand une maladie nous force à être obsédée par les souvenirs. Combien de temps cela va-t-il encore durer ? Combien de temps va-t-elle encore pouvoir tenir ? La jeune femme l’ignore totalement. Ses bras sont striés de marques.
Le mal que la belle affronte à cette table a un nom. Anorexie. Dégoutté par son père, dégouté par sa vie, dégoutée par son manque de révolte, la demoiselle ne se supporte plus. Maigrir, laisser voir ses os, paraître squelettique. Aleksandrina a tout perdu. Le plaisir de l’amour et le goût de la faim. Aujourd'hui, elle n’arrive pas à remonter la pente. L'adolescente veut simplement disparaître. Alors dans sa folie douloureuse, dans un silence glacial comme celui emplissant les plaines hivernales, la brunette s’enfonce toujours un peu plus.
On chuchote à sa droite et la demoiselle se tourne donc. C’est la petite-amie de son père – ou plutôt la catin junkie de ce dernier - qui propose d’aller à la piscine. Mais comme toujours, Aleksandrina refuse. Voilà des années que la brunette fait attention à ses activités et ses vêtements. D’ailleurs en cours de sport au lycée, elle se changeait toujours dans les toilettes. Pour que personne ne puisse constater sa détresse, pour qu’on ne puisse pas la juger. Cacher les bleus, cacher les plaies qui commencent à se dessiner sur ses poignets, ses bras. Taire sa douleur et ne se confier qu’à son sang s’écoulant de ses sculptures sur peau. Taire le mal par le mal. Masochisme. Ou besoin de pardon, pour un acte quelconque ? A force de se l’entendre dire, la jeune adulte imagine qu’elle est réellement responsable de la mort de sa mère. Pourtant… Pourtant, elle n’aurait jamais put prévoir ce qui était arrivé. Elle était si petite, si insouciante, à l’époque…
La demoiselle se lève et porte son assiette jusqu’à la poubelle où elle la vide avant de mettre la porcelaine, le verre et les couverts dans le lave-vaisselle. Et puis elle gagne sa chambre, s’allonge sur le lit et fixe le plafond sans avoir rien mangé. Comme très souvent. Comme trop souvent. Les mêmes idées que d’ordinaire lui passent par la tête. La fugue, l’appel à la police… mais rien ne lui semble bien. Il lui faut soit assumer ce qu’elle vie, soit être à la rue. Aleksandrina a peur des deux résultats. Assumer son malheur ? Ce serait tout bonnement horrible. Le mal serait décuplé. C’est comme ça qu’elle pense depuis le début et qu’elle pense encore en s’allongeant de profil pour s’endormir en fixant le mur, une larme roulant sur sa joue.
Aleksandrina a vingt-trois ans cette année là et, par une chaude nuit de Mai, alors que son père et elle-même rentrent de chez la mère de ce dernier, le malheur frappe la voiture qui file sur le goudron des petites routes de campagnes. La princesse avait voulu conduire, c’était plus sûr. Cependant, son père s’y était opposé et, d’une bonne gifle, avait dissuadé sa fille de commander un taxi. Aussi, assise sur le siège passager à l’avant du véhicule, la jeune femme avait elle pressentit le drame, le cœur battant.
En une fraction de seconde, une vie peu basculer. En une fraction de seconde, un ivrogne peu faire bien du dégât. Alors que, dans l’autre véhicule bien amoché, tout le monde semble indemne, celle des Habsburg-Lothringen repose sur le toit, les roues vers le ciel et, du sang s’écoulant de son crâne, la princesse a perdu connaissance. Inconsciente du temps qui passe ou du monde qui l’entoure, elle n’entend ni les cris des accidentés ni les sirènes de la police et des pompiers. Elle ne se sent pas extraite de la voiture ni posée sur la civière. Dormir, c’est mourir un peu. Et, comme morte, la demoiselle qui peine à respirer ne sait pas qu’on l’emmène en urgence à l’hôpital.
Au petit matin, alors que la demoiselle est plongée dans le coma sans que l’on puisse dire quand elle en sortira, la nouvelle se répand dans le monde comme une traînée de poudre. Pour certains, c’est comme si une seconde Lady Diana avait faillit mourir. Et toute l’Autriche retenait son souffle, à l’unisson avec la Hongrie, en attendant l’éveil de celle qui n’était même pas veillée par son père. Peut-être était-ce mieux ainsi, dans la mesure où il était le responsable de ces malheurs.
L’éveil fut difficile et douloureux. Alors que la jeune femme sent ses paupières papillonner puis se soulever, elle ne parvient pas à voir la lumière, ni à distinguer les contours des objets dans la nuit noire. Il n’y a rien autour d’elle que les ténèbres. Paniquée, tâtonnant, la patiente cherche le bouton et appelle une infirmière qui ne tarde pas à accourir et se presser autour de la de Habsbourg-Lorraine pour s’assurer de son état. Mais, rapidement, il faut se rendre à l’évidence : Aleksandrina est devenue aveugle. Comme ça. En une fraction de seconde. Un mauvais coup à la tête et la machine s’embraille, sans que l’on ne puisse savoir si elle fera un jour machine arrière. L’étudiante hurle, pleure, maudit son père. Elle se souvient, oui, que deux des familles qui composent sa lignée sont réputés maudites.
Contre une certaine somme d’argent, la demoiselle inquiète obtient le silence de l’infirmière qui falsifie son dossier médical, indiquant que «son Altesse Royale la Princesse Aleksandrina Habsburg-Lothringen ne présente aucune séquelle des suites de son accident… ». Seule Julia, sa meilleure amie, apprend par téléphone son état et vient la chercher pour lui faire quitter l’hôpital, de nuit, de sorte à éviter que l’on puisse voir les pas hésitants de la princesse. Se retrouvant chez Julia, les deux femmes discutent longuement toute la nuit et la princesse expose ses craintes qu’on ne la laisse pas exercer son métier, maintenant qu’elle est handicapée. Les deux femmes montent alors le projet de s’arranger pour que Leksie passe tout de même son master, coûte que coûte, sans que personne ne découvre le pot-aux-roses. Après tout, les examens ne sont que dans quelques semaines. Alors commencèrent-elles à enregistrer les cours sur magnétophone, pour qu’Aleksandrine puisse les réécouter chez elle de sorte à les apprendre tandis que, de son côté, Julia lui faisait le descriptif de chaque polycopié que donnait les professeurs.
Privée de sa vue, la jeune femme s’entraîne sans relâche pour que ses mains lui permettent de voir à la place de ses yeux. Que serait un anthropologue s’il ne pouvait repérer les anomalies ? La princesse essaye, avec plus ou moins de succès, de toutes les repérer. Parfois cependant, les entailles sur les os sont si fines qu’il lui est impossible de les découvrir, ce qui la met en rage.
C’est en personne valide que la demoiselle se présente à l’examen. Le pas peu sûr de lui, ses mains rentrent tout de même en contact avec la table d’observation et, devinant le squelette qui est posé dessus, la jeune femme commence à le tâter de ses doigts sous le regard de ses instructeurs. Intrigué, l’un d’eux finit tout de même par demander si tout va bien pour elle et, le cœur battant, la demoiselle répond que tout est parfait. Puis elle achève son examen pratique et, quelques jours plus tard, Julia lui apprend qu’elle a réussit. Ne reste plus alors que quelques épreuves minimes, ainsi que le résultat de sa thèse. Satisfaite de sa réussite, Aleksandrina organise une conférence de presse au cours de laquelle elle dévoile son handicap et comment elle s’y est prise tant pour continuer ses études dans son domaine que pour cacher cela aux yeux de tous. En Autriche comme en Hongrie, la population est sidérée, non pas par le mensonge de celle qui a fait croire que tout allait toujours bien, mais pour le courage et la témérité, pour l'envie de réussir, de celle qui ne s'est pas laissé abattre.
Deux ans ont passés depuis sa maîtrise et Aleksandrina a maintenant vingt-sept ans. La voilà orpheline depuis l'an passé. Par sa faute. Il arrive un moment où, quand la vie nous apparaît trop dure, on a envie de tout lâcher. La princesse avait craqué. Décidée à en finir avec la vie, enfin, elle s'était fait livrer un poison par internet. Quelque chose d'anodin, si on s'en sert pour l'utilisation normale qu'il doit avoir. Mais qui, absorbé par l'homme, peut faire de vrai ravage. Julia n'était pas là pour aider son amie aujourd'hui. Clouée au lit. C'était le bon moment, alors. Sans son chaperon, qui l'aidait à éviter les dangers d'une maison non-adaptée à son handicap, sans personne pour intervenir car son père serait trop ivre pour s’intéresser à elle, le moment était idéal.
Après avoir préparé sa mixture, mélangeant alcool et poison, sans l'absorber, la jeune femme était allé chercher du papier, pensant écrire une lettre d'adieu. Freinée en chemin par une douce mélodie, qui venait d'un concert de rue, la demoiselle avait sursauté lorsqu'elle avait entendu un verre se briser. Le cœur battant la chamade, elle s'était alors précipitée aussi vite qu'elle le pouvait, en appelant son père, qui ne répondait pas. Elle qui le croyait dans sa chambre, était-il descendu sans qu'elle ne s'en rende compte ? Son pied avait alors buté sur quelque chose et la voilà qui hurlait. Attrapant son téléphone dans sa poche, elle avait composé son code secret puis appelé les urgences, avant de chercher à tâtons une chaise sur laquelle prendre place en attendant du secours.
Autour d'elle, ça avait rapidement été la débandade. La jeune femme avait entendu des voix, sentit qu'on la frôlait. On lui avait demandé de se lever, elle avait obéit. Les bras dans le dos, Aleksandrina s'était laissé emmené au poste. Les questions des enquêteurs, les larmes, les explications. Exprimer son ressentit, que l'on a voulu mourir. Accepter l'idée d'avoir été lâche, de décevoir un tas de gens. Les épreuves s'étaient enchaînées, comme toujours. Elles jalonnaient sa vie, après tout. Et puis était venu le procès, la relaxe. Libre. Hors de cause. Les jurés avaient bien compris que tout n'avait été qu'un accident. Pour autant, Leksie ne se sentait pas sereine, ni heureuse. Elle sentait derrière elle la pitié des Habsburg, celle des Autrichiens, des Hongrois... Tout ceux qui l'avaient trouvés si courageuse de s'être battu pour sa maîtrise... La princesse montrait ses défaillances. Mais, en fin de compte, cela la rendait plus humaine et, quand son entourage compris cela, quand les peuples Hongrois et Autrichiens le comprirent, elle annonça sa décision de quitter le pays, pour Townsville. Rester ici, où elle avait si longtemps été si malheureuse, ne lui était plus possible, psychologiquement. Un besoin de changer d'air. Alors elle est partie et s'est installée, reprenant ses engagements humanitaires tant pour son pays d'accueil que pour ceux qu'elle avait quitté et dans lesquels elle se rendait très souvent. Voilà donc un an que la demoiselle est à James Cook University où elle espère obtenir un jour son doctorat en médecine. Pour prouver que l'on peut vivre avec le handicap, que même quand on a tout perdu on peut reprendre le dessus, la jeune femme fait un peu de mannequinat. Pour montrer que, malgré tout, on est exactement comme les autres. Bien sûr, elle ne défile pas sur les podiums, mais c'est déjà un bon début. Aujourd'hui, elle a un chien d'aveugle et est dans une association d'aveugles, pour parler du handicap. Dans le groupe, c'est un peu la meneuse. La plus battante. Malgré ses défaillances. Simplement, elle ne dit pas quelle craque la nuit et qu'elle pleure, quand elle est seule. Et, décidée à se débrouiller, à vivre malgré tout, la jeune femme s'est un peu renfermée sur elle-même, comme formant une coquille. Il est difficile de l'aider. Disons que, si elle se laisse beaucoup de place autour d'elle pour des amis, elle a tendance à ne pas laisser les gens s'introduire réellement dans sa vie. Parce qu'elle ne veux pas qu'on l'aide. Ou pas embêter avec son handicap. Elle ne veux pas être un poids.
Merci d'avance pour vos réponses et propositions de liens ♥ |
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