Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Kané, tu m'entends ?
Tu l'as mal dit. C'est pas Kani, c'est Kané. Kanééééé.
- Je n'vous écoute plus depuis six minutes, deux secondes.
- Il faut que tu viennes tous les jours, Kané.
Kanééééé. ééééé !
- Ce serait possible pour toi, tous les soirs après l'école ?
- J'vais voir avec la personne chargée de mon emploi du temps. J'vous tiens au courant.
- Kané, c'est sérieux, tout ça.
Ça fait seize ans que c'est sérieux. Je relativise.
- Et alors ? Si mon cœur veut exploser, il explosera.
- Toi avec.
- Alors j'n'existerai plus.
- On ne veut pas te perdre, Kané.
- Arrêtez de mal dire mon prénom. J'passerai demain soir à dix-huit heures.
Révérence. Rideau.
Oh je les boufferais ces doc. Mais ça en prendrait de la place dans mon estomac, et ça je peux pas me le permettre. Y a déjà mon cœur qui empiète sur l'espace vital de mon ventre. Il est devenu aussi petit que ma vessie, je mange comme un petit oiseau, je picore des brocolis et des gâteaux français, mais jamais rien de plus, vous savez.
Soupir, dehors. Ça fait de la fumée dans l'hiver.
Mais je ne fume pas. Je fais tout pour aller bien et pourtant je vais mal.
Le cœur trop gros, en vrai, ça fait très mal au corps. Mes poumons étouffent, mon estomac se fait tout petit contre ma vessie, et mon intestin peine à se faire une place au milieu de tout ça. Ça fait aussi mal aux sentiments. J'aime vite, j'aime fort. Les filles du lycée, j'ai abandonné mon amour pour elle. Elles sont trop normales, moi trop chelou. Mais même les filles bizarres de l'hôpital ne veulent pas de moi et de mon amour trop gros qui me vient d'un cœur qui prend trop de place, qui réclame trop d'attention.
VITE, QU'ON M'AIME.


J'en ai marre de ce cœur qui bouffe toute la place. J'ai envie de me l'arracher de moi et de le jeter du haut de mon immeuble. Le voir courir dans les airs, se précipiter par terre et s'écraser cérémonieusement. Je m'en construirais un autre, moi, un vrai. Il doit bien y avoir des vieux cœurs cassés dans le garage de pépé, lui qui en brisait tellement quand il était gamin. Je suis sûr que je pourrais les recoller en deux, et m'en accrocher un dans la poitrine.
Sûr.
Concrètement, depuis dix-sept ans que j'existe, je n'ai jamais vécu. Je ne peux pas courir, je ne peux pas fumer, je ne peux pas nager, je ne peux pas manger, je ne peux pas respirer convenablement, je ne peux pas, je ne peux rien.
Cette route-là me plaît. En bord de ville, en bord de vie.
Petit sprint, et on verra bien, à la fin. Si je suis toujours là, le cœur lourd.

Jordan Wilson a écrit:

MON CHATON. KANÉ (FAUVE) ET LYON (THE HOUR). Fuuuuuuh, tu gères.
J'te réserve ça.

Jordan Wilson a écrit:

Et genre tu me suis ? :luv:Et puis Dylan, je l'aime en plus. Genre, je l'aime.

Peter Mayfield a écrit:

OUUUUI ATONEMENT ! Même que Madame Mayfield c'est Keira Kgnithley
Haha, sérieux ? Oui, c'est moi :luv:T'étais sur retro ?

Katerina Malrow a écrit:

Effectivement tu n'as pas vraiment le choix et crois moi, j'ai déjà tous pleins d'idée.
Je n'attends que ta validation. Au passage, j'adore ton histoire.