Il était une fois Merthyr Tydfil au Pays de Galles. Ce jour là, le neuf décembre, la pluie ne cesse de tomber depuis le début de la matinée sur la ville galloise, perdue derrière les immenses collines du Brecon Beacons. Et bien que personne ne souhaitait mettre son nez dehors, la vie devait continuer comme tous les jours et malgré le temps, tous les Britanniques, ces personnes lambda, vaquaient à leurs occupations habituelles, aller au travail, conduire les enfants, faire les courses. Une vie comme une autre dans une ville comme une autre. Toutefois, cette journée ne s’était pas annoncée si banale pour une famille en particulier.

Dilys, âgée d’environ 23 ans, avait été emmenée d’urgence à la maternité la plus proche. Le bébé qu’elle portait depuis 9 mois avait décidé de montrer le bout de son nez. Les contractions apparurent plutôt dans la matinée et Lloyd, son mari, se dépêcha d’amener sa femme à l’hôpital. Après plusieurs heures de travail et de douleur pour Dilys, le bébé arriva enfin. Les cris retentirent dans la salle de travail. Des larmes qui rassurèrent les deux parents, leur enfant allait bien. Une fois lavé et emmailloté, les infirmières tendirent le bébé à la mère. C’était une petite fille. Une des infirmières demanda aux parents comment ils allaient appeler leur enfant. Ils s’échangèrent un regard complice et Lloyd annonça alors les prénoms choisis quelques semaines plus tôt. Le couple avait opté pour Eira Gwenhwyfar. La petite Eira n'était pas la seule fille de la famille. Le couple avait déjà eu un fils, Arthur, un an plus tôt et deux ans après la naissance d'Eira, ils eurent une nouvelle fille Anwen.

La vie d'Eira fut des plus normales. Ses parents travaillaient tous les deux, son père travaillait dans un musée et sa mère était psychologue. Leur vie était simple mais la petite n'aurait pu être plus heureuse. Très proche de son frère et de sa sœur, la famille Gallagher était très soudée. Héritant de la curiosité de son père, Eira se révéla être une petite fille très sociale qui adore rencontrer de nouvelles personnes et qui n'eut aucun mal à s'intégrer durant son parcours scolaire. De sa mère, elle eut son intelligence et une soif d'apprendre inépuisable. D'ailleurs alors que son frère et sa sœur s'étaient inscrits à des activités extrascolaires, Eira voulait simplement aller à la bibliothèque ou se balader dans le musée avec son père. Tout était prétexte à en apprendre davantage. Et à l'école c'était la même chose. Intelligente et avec une mémoire à toute épreuve, Eira faisait partie de la meilleure moitié de sa classe sans vraiment se donner beaucoup de peine. Elle n'était pas première loin de là mais elle se situait toujours non loin du top ten, essayant de garder un certain cap et une certaine régularité. De toute façon, ses parents n'auraient pas toléré que leurs enfants soient dernier de classe. Ils ne les poussaient pas à être premier et à travailler sans cesse mais pas question non plus qu'ils soient des cancres. Lloyd et Dilys tenaient à ce que comme eux, leurs enfants fassent des études et aillent loin dans la vie.

Et cette envie de travail et de connaissance donna assez tôt envie à Eira de faire médecine. Elle était assez admirative du travail de sa mère, même si elle ne pourrait jamais assister à une de ses séances, excepté quand elle dût faire un stage durant le collège. Elle s'était donnée à coeur joie d'harceler sa mère pour faire cette semaine à ses côtés. Elle adore sa façon d'aider les gens à résoudre leur problème, de les écouter et de savoir les conseiller. Toutefois, elle regrettait que sa mère ne puisse s'occuper de pathologies plus importantes, de cas plus intéressants et complexes. Mais elle était psychologue et non psychiatre. Et là nuance est bien présente. Dilys ne pouvait simplement pas prescrire de médicaments contrairement à un psychiatre, car lui avait fait médecine et sa mère psycho. Deux choses bien distinctes qui désola beaucoup Eira. C'est suite à ce stage qu'elle retourna en cours avec une idée bien en tête. Lorsqu'elle dût parler de sa semaine, elle expliqua qu'elle avait enfin trouvé sa voie. Elle voulait faire médecine. Connaissant alors le parcours qui l'attendait, elle se dit qu'il fallait qu'elle profite de son lycée le plus possible. Elle était déjà d'un naturel social mais elle continua de le développer avec les années et durant son lycée, elle en profita pour se faire un maximum d'amis, allant à plusieurs soirées et profitant de quelques histoires d'amour de lycée. Autant qu'elle vive tant qu'il en était encore temps. Une fois son A-Level en poche, sa vie serait bien différente.

La fac de médecine. Il faut bien dire que rien que ça, ça changeait du banal lycée de sa ville. Surtout qu'elle décida de quitter sa ville natale pour rejoindre une partie de sa famille vivant à Cardiff. Entre la faculté de médecine de la capitale et celle de sa ville, il n'y avait pas photo. Les opportunités là bas étaient bien plus intéressantes que dans sa petite ville. Mais comme elle l'avait pressenti, les premières années de médecine étaient intenses, autant au niveau du programme des cours que des soirées étudiantes, toutes plus étranges les une que les autres. Eira n'était pas la dernière pour faire la fête et profiter de quelques moments de répit avant de se mettre corps et âme à ses révisions. Et pour cela, elle avait une organisation parée à toute épreuve. Révisions dans le bus, en mangeant et même sous la douche, la Galloise n'avait qu'une obsession réussir ses trois premières années et de préférence en une seule traite. Ces années étaient sur concours, donc c'est bien d'avoir dix sept de moyenne mais si les deux cents places vacantes ont dix huit, elle devrait redoubler et ça il n'en était pas question ! A force de travail acharné Eira passa les années, obtenant son Bachelor et son Med School. Elle adorait sa vie à Cardiff mais elle avait envie de découvrir d'autres choses. Rencontrer de nouvelles personnes, un nouveau pays. Durant sa quatruème année de Med School, elle avait prospecté pour se rendre dans un autre pays. Pensant aux Etats Unis ou à l'Australie. Elle avait alors envoyer sa candidature dans des facultés mais surtout dans les hôpitaux, sa prochaine année serait celle de son internat. Elle ne put s'empêcher de sauter de joie quand elle reçut une réponse positive de la part du Pennsylvania Hospital, l'hôpital de Philadelphie. Elle annonça la nouvelle à sa famille et prépara alors ses affaires pour son rêve américain.

Mais le rêve s'est très vite transforme en cauchemar. Lorsqu'elle avait transféré ses dossiers et qu'elle s'envolait pour les Etats Unis, Eira s'était imaginé pleins de scénario. Des scénarios heureux, où tout se passerait bien. Pourquoi est ce que ça en devrait être autrement après tout? Elle n'avait jamais eu de soucis nulle part pourquoi cela commencerait? Son intégration au sein de la faculté de Philadelphie ne fut pas un problème. Ses origines britanniques et son accent gallois faisaient que pas mal d'étudiants de sa promo venaient la voir pour discuter avec elle. Apparemment une étrangère, ça attire toujours du monde. Et pas forcément les bonnes personnes… Alors qu'à la fac tout se passait bien, cela était bien différent à l'hôpital. Elle travaillait au service gériatrie, prenant plaisir à discuter avec les personnes âgées, essayant de soulager leur douleur avec un peu de compagnie. Toutefois ses supérieurs n'arrêtaient pas de lui dire que si elle voulait faire dans le social, elle n'aurait jamais dû faire médecine et puis de toute façon, elle avait beau être une tête en cours, ses compétences sur le terrain étaient pitoyables. Sa responsable lui dit un jour qu'elle ferait mieux d'aller travailler à la morgue, au moins là bas, elle ne ferait pas de dégât sur la vie humaine. Toutes ces remarques, être rabaissée sans cesse, Eira ne le supporta pas longtemps. Seule aux Etats Unis, elle essayait désespérément de comprendre ce qui n'allait pas chez elle, ce qui n'allait pas dans ce pays. Elle passa des nuits à pleurer avec sa mère au téléphone. Elle avait autant besoin des conseils d'une maman que ceux de la psychologue. Evidemment Dilys ne pouvait que lui demander de rentrer au Pays de Galles ou même en Angleterre. Mais qu'elle revienne sur le sol britannique. Mais Eira en décida autrement.

Okay, elle ne pouvait plus supporter là où elle vivait mais pas question pour elle de rentrer dans son pays avec le goût amer de l'échec. Elle était venue faire une partie de son internat aux Etats Unis et elle le ferait. Comme l'année précédente, elle envoya des candidatures partout sur le territoire américain, cherchant désespérément un autre internat. Jusqu'à ce que l'hôpital de San Francisco lui répondit. Ils acceptaient sa candidature. Elle hurla de joie et se dépêcha d'appeler sa mère, peu importe le décalage horaire « J'ai trouvé un stage ailleurs, je vais pouvoir quitter Philadelphie ! » « Super ma chérie ! Tu rentres quand à la maison alors ? » Eira pouvait entendre la joie dans la voix de sa mère et lui dire qu'elle ne rentrait pas lui fit mal au coeur « Je… Je vais pas rentrer tout de suite maman… Je vais d'abord aller un peu plus à l'ouest… » Sa mère n'en revenait pas de sa décision, elle avait tellement souffert aux Etats Unis qu'il serait normal qu'elle rentre au pays mais pour elle, elle devait passer cette année aux Etats Unis, elle en avait envie, elle en avait besoin. Sa mère ne put donc que se résigner face à ce choix. Dès le lendemain matin, Eira déposa sa démission et retourna chez elle préparer ses affaires pour prendre le premier avion. Contrairement à son premier voyage, la jeune femme n'était pas aussi bien préparée. Elle ne savait même pas où elle logerait. Elle avait appelé un hôtel pour les premiers jours mais elle n'aurait pas d'autre choix que de trouver un logement. L'inscription à sa nouvelle fac se déroula sans problème et elle rejoignit principalement l'équipe des urgences de l'hôpital. Sa vie avait beau l'air de s'améliorer, la vie à l'hôtel n'est pas vraiment géniale, surtout pour le budget. Sa responsable lui conseilla de regarder le tableau des annonces et c'est là qu'elle la vit. Un appartement dans la ville. 3 chambres, cuisine équipée, salle de bain. Une interne de son âge cherchait une colocataire. Elle postula alors et le courant entre les deux étudiantes passa immédiatement. Sa vie reprenait vraiment un tournant. Elle ne connaissait personne à San Francisco et maintenant elle partage une colocation avec trois autres personnes et elle se sent tout aussi bien à la fac. Il n'y a qu'à l'hôpital qu'elle reste très méfiante envers ses supérieurs. Même si elle sait qu'elle doit faire la part des choses, certaines situations restent en mémoire plus longtemps que l'on ne le voudrait. Mais avec le temps. Qui sait...

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