« Je crois que j'ai pas encore décuvé.... » Dis-je en échappant un soupire. « j'ai la tronche dans le fion là, si tu savais … en plus j'suis en retard pour mon premier jour, je vais pas faire bonne impression ! » Mon portable coincée entre mon épaule et mon oreille ; j’enfilais à la hâte, un slim, sautillant sur place pour le faire glisser jusqu'à mes hanches. Sans interrompre la conversation téléphonique, passionnante, que j'avais avec une amie. Je courue vers la salle de bain. Me maquillant rapidement, histoire d'effacer les traces de la veille. Si mon père me voyait comme ça : il me couperait aussitôt les vivres. « Je me souviens même pas comment j'suis rentrée chez moi … En faite : je me souviens pas de la fin de la soirée. Mais le début était sympas ! » Dis-je en rigolant bêtement. Effectivement : je n'avais pas décuvé. Et j'étais sur le point de partir pour ma première journée en tant qu'interne en chirurgie... rassurant n'est ce pas ?
« bon je te laisse dormir grosse. Moi je vais frimer dans ma superbe blouse blanche ! » Lâchais-je en raccrochant aussitôt. Il fallait à tout prix que je me dépêche si je ne voulais pas me faire virer dès le premier jour. Une fois mon portable au fond de mon sac et mes chaussures aux pieds, je partie à l'hôpital.

Ce premier jour était la prés-rentrée des internes. Autrement appelé ''cérémonie de remise des blouses''. C'était cette fameuse journée que l'on passait à visiter l'hôpital qui avait bien voulu accepter notre candidature; à découvrir ce qui allait être notre seconde maison pour les années à venir. Découvrir nos nouveaux collègues, nos futures ennemis, nos futurs amis, nos prochains coups d'un soir, nos nouveaux partenaires de beuveries... En faite : c'était exactement comme la rentrée des classes.... à quelques choses près.

Malgré mon retard, j'arrivais juste à temps pour recevoir ma précieuse blouse et suivis le groupe d'interne en chirurgie sans dire un mot. « Je suis tellement plus canon que les autres... je suis née pour porter cette blouse ! » pensais-je en observant mes futurs collègues.

« Le California pacific medical center a LE meilleur programme d'enseignement de l'état de Californie, si ce n'est du pays ! J'espère que vous réaliserez rapidement la chance que vous avez d'étudier ici... » Déclara le chef de chirurgie en s'arrêtant devant la porte d'un bloc opératoire. Je souris innocemment. J'avais bien conscience que cette remarque me visait légèrement... mon retard n'était pas passé inaperçu, malheureusement. On me collait déjà l'étiquette d'ingrate, qui se permettait d'être en retard le premier jour et qui ne mesurait pas sa chance. L'étiquette de gamine qui avait été pistonnée pour arriver ici et qui contrairement aux autres n'en avait pas baver pour être accepter dans ce prestigieux programme... Bon, c'était le cas. Mais c'était pas une raison !

Le chef poussa la porte, nous laissant, pour la première fois mettre les pieds dans un vrais bloc. Pas une salle de classe où l'on charcutait des cadavres et où l'on ne faisait que de la théorie ! Non. Un vrais bloc opératoire. Vrais de vrais. Il ne manquait plus que quelques infirmières et un patient bien amoché pour que la magie opère.
Puis le chef de chirurgie entama, ce que j’appelais, le discours de la terreur ou du : ''vous êtes le maillon faible, au revoir.''. Vous savez … ce fameux discours qu'on vous offre en première année et qui n'a pour but que de vous faire peur. Qui n'a pour objectif que de pousser les plus faibles vers la sortie... « Chacun de vous arrive ici rempli d'espoir et prêt à se jeter dans le jeu. Il y a un mois, vous étiez en fac de médecine : les médecins étaient vos professeurs. Aujourd'hui, c'est vous les médecins. Les sept ans que vous passerez ici en tant que résident de chirurgie seront les meilleures et les pires de votre vie. On vous poussera à dépasser vos limites. »  Déjà on sentait la panique chez certains internes. Eux qui portaient fièrement leur blouses, quelques minutes au par-avant, semblaient, d'un coup, vouloir s'en séparer.  « Regardez autour de vous et dites bonjour à la compétition. Huit d'entre vous choisirons une spécialité plus facile, cinq craquerons sous la pression, deux serons priés de partir. Vous êtes sur la ligne de départ. C'est votre arène. Votre façon de mener le jeu ne dépend que de vous. » Tout les internes se regardaient, sans dire un mot. On pouvait lire la détermination dans les regards de certains, la peur dans d'autres... (Dans mon regard à moi on pouvait lire le nombre de tequila que j'avais pris la veille …) Bref, personnellement ce discours ne me faisait ni chaud ni froid, j'étais bien trop excitée à l'idée de travailler ici, pour déjà imaginer le chef me foutre à la porte. Quand à la compétition : elle ne me faisait pas peur. Même si ça ne se voyait pas vraiment ce matin : j'étais une winneuse. J'ai toujours été une winneuse. Et ce n'était pas cette bande de noob en blouse qui allait me faire abandonner mes rêves de chirurgie. Et puis... en cas de problème, je n'avais qu'a appeler mon père.

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